Présidentielles 2017 : le bal des défenseurs du système a commencé

Alors que nous apprenions, dans la nuit du 9 novembre, l’élection de Donald Trump, représentant de la frange de la bourgeoisie la plus réactionnaire qu’il soit, à la présidence des États-Unis, c’est l’occasion, pour nous, de rappeler que la campagne présidentielle 2017 a bel et bien commencer, et que déjà cette campagne ressemble en grande partie à la campagne présidentielle américaine, avec son florilège d’attaques xénophobes et islamophobe.

Racisme et de la xénophobie au cœur de la campagne

Cela fait déjà quelques mois que nous entendons parler de cette élection, qui est depuis longtemps déjà la seule préoccupation des candidats. La campagne a été lancée sur font de racisme et d’islamophobie, comme le prouve les différentes polémiques de l’été comme celle sur le burkini, instrumentalisée tant par le PS, la droite ou l’extrême droite, préparant ainsi le terrain au débat sur « l’identité », qui est déjà le débat central de cette campagne présidentielle. Cela fait quelques temps que Marine Le Pen ou que la droite avec la primaire des républicains surfent sur ces idées nauséabondes, nous offrant un spectacle dans lequel la surenchère réactionnaire bat son plein.

Le PS aux abois en matière de politiques anti-sociales et réactionnaires

De son côté, le gouvernement, par l’intermédiaire de Valls et d’Hollande, depuis quelques temps, prépare sa campagne en surfant sur ces idées réactionnaires avec la déchéance de nationalité, la mise en place de l’état d’urgence ou en expulsant toujours plus de migrants. Cette politique d’expulsions étant marquée ces dernières semaines par le démantèlement de la « jungle » de Calais ou des différents camps de migrants à Paris. Cette politique raciste du gouvernement, couplée d’une politique antisociale, dont les lois Macron et El-Khomri ne sont que des exemples, avec les plusieurs milliards d’euros versés au patronat depuis le début du quinquennat, n’ont fait que faire augmenter la colère contre ce gouvernement. Ces politiques ont attisé une colère sur laquelle jouent Marine Le Pen et la droite pour se positionner comme les principaux candidats d’une élection qui ne nous offre que comme choix, différents candidats de la bourgeoisie prêts à appliquer les mêmes politiques d’austérité que le PS une fois arrivés au pouvoir.

Le PS sort d'ailleurs très en crise de la politique qu'il a mené ces cinq dernières années. Hamon et Montebourg cherchent à se présenter comme une alternative à Valls et Hollande, mais qui peuvent-ils berner après avoir soutenu voire appliquer eux-mêmes cette politique pendant tant d'année ? 

Macron, de son côté, a lancé sa campagne à la mi-novembre. Mais après avoir élargi la possibilité de nous faire travailler le dimanche et avoir défendu corps et âme la loi Travail, quelle alternative peut bien nous proposer cet ex-banquier ?

Mélenchon : une alternative anti-système à gauche ou un défenseur d’un nationalisme forcené ?

C’est dans ce contexte que Mélenchon s’auto-proclame comme étant la seule « alternative politique crédible » à gauche. Derrière ses propositions prétendument radicales, Mélenchon n’hésite pas à jouer sur les terrains de l’extrême droite, et particulièrement sur le terrain du nationalisme, adoptant des positions plus chauvines les unes que les autres, notamment sur la question de la sortie de l’UE, ses déclarations expliquant que les travailleurs détachés volaient le travail des travailleurs déjà sur place, ou bien tout simplement le fait qu’il accepte comme tous les autres candidats le débat sur « l’identité nationale ». 

En jouant sur le rejet massif du système tel qu’il est et le rejet de la classe politique qui le dirige, Mélenchon propose dans cette campagne, un protectionnisme de « gauche », qui n’est rien d’autres qu’un programme économique aux forts relents nationalistes. De la même façon que le fait Marine Le Pen, il parle de souverainisme économique, rejetant par exemple les baisses de salaires, les suppressions d’emplois ou la dégradation des conditions de vie sur la faute de la concurrence internationale, qu’elle soit européenne ou non. En montrant du doigt la mondialisation comme cause de tous les maux, il oublie ou fait semblant d’oublier que la concurrence capitaliste se joue aussi à l’échelle nationale, et que c’est justement les politiques liées aux intérêts du patronat qui engendre le chômage et la précarité que nous connaissons aujourd’hui. Il ne s’attaque pas à la racine du problème qui est la course effrénée aux profits, qui pousse les groupes capitalistes à imposer à leurs salariés des conditions de travail de plus en plus durs ou tout simplement des fermetures d’usines. Le discours de Mélenchon est clair : ses ennemis ne sont pas les capitalistes, il préfère s’attaquer à l’Europe et notamment à l’Allemagne, véhiculant des clichés xénophobes rappelant le nationalisme exacerbé du début du 20eme siècle. Et dans la critique qu’il fait de l’Allemagne, il met sur le même plan les capitalistes et les travailleurs allemands, en omettant de dire que les travailleurs allemands sont comme les travailleurs français, exploités par leurs patrons.

Prendre exemple sur Syriza en Grèce, vraiment ?

Au-delà de ses positions chauvines et nationalistes, Jean-Luc Mélenchon, se voit lui-même comme un « sauveur », n’hésitant pas à comparer son mouvement politique à Syriza ou à Podemos. La campagne JLM2017 ne fait que semer des illusions sur l’utilité des élections. Même si c’est Mélenchon qui est élu, il ne pourra que défendre les intérêts de la bourgeoisie et capitulera devant les institutions capitalistes, que ce soit la BCE ou le FMI, qui n’ont d’autre finalité que de défendre les intérêts économiques du patronat. Dire cela, ce n'est pas lui prêter de mauvaises intentions, mais tirer le bilan des expériences de gouvernement réformiste ayant été élu en Europe ces dernières années. Tsipras, dirigeant de Syriza dont Mélenchon se revendique et qui se présentait comme une alternative, a fini par signer le plus gros plan d’austérité que le pays ait connu, pour la simple et bonne raison qu'il a refusé de rompre totalement avec le système. Au lieu de s'appuyer sur les mouvements de masses (plus de trente journées de grève générale) qui pouvaient exister à ce moment, il a préféré s'allier avec la bourgeoisie grecque le poussant à capituler devant l'UE, trahissant au passage toutes les espérances que la population grecque avaient pu placer en lui, en l'élisant. Mélenchon, en ne proposant pas de rompre concrètement avec le système capitaliste, cherche in fine seulement à le rendre moins « agressif ». En cela, Mélenchon, en semant des illusions électoralistes, vient s’opposer aux intérêts des exploités et des opprimés, aux intérêts de notre camp social qui ne s’arracheront que par nos luttes.


Alex - Nanterre