Avec 1,6 million de participants, contre 2,7 millions en 2012 et
plus de 4 millions pour celle de la droite en novembre, le premier tour
de la primaire de la Belle alliance populaire entérine le désaveu majeur
de l’électorat populaire à l’égard du Parti socialiste, qui perd même
les élections qu’il organise !
C’est dans les quartiers
populaires que la participation a été la plus faible, y compris dans les
bastions électoraux historiques du PS. Après cinq années de
gouvernements Hollande, totalement dévoués aux intérêts des riches et
des puissants, il n’y a plus grand monde pour s’intéresser au choix du
candidat socialiste officiel, au destin électoral scellé à l’avance,
promis à la relégation derrière Macron et Mélenchon...
Une claque de plus pour Valls
Valls
peut faire encore plus la gueule que d’habitude : sa deuxième place,
les ralliements de Montebourg et d’Aubry à Hamon, ajoutés à l’absence de
consigne de vote de Peillon, le mettent dans une fâcheuse posture pour
le second tour. Son élimination de plus en plus probable avant même le
premier tour de la présidentielle ne peut que réjouir toutes celles et
ceux qui ont lutté avec acharnement contre la loi travail, contre l’état
d’urgence, contre les violences policières, contre le racisme d’État !
«
Un choix très clair se présente désormais (…), le choix entre la
défaite assurée et la victoire possible, entre des promesses
irréalisables et une gauche crédible qui assume les responsabilités du
pays », a déclaré Valls dimanche soir. Pour tenter de battre Hamon,
il n’aura effectivement pas d’autre créneau qu’un positionnement le
plus avancé vers la rupture avec ce qui pouvait encore un tant soit peu
rattacher le PS à son passé de parti de gauche.
Hamon le marchand d’illusions...
Du
côté de Hamon, lui aussi ancien ministre de Hollande, le discours sera
sans doute à l’inverse le plus à gauche possible... au moins le temps de
gagner la primaire ! Son arrivée en tête du premier tour avec 36 % des
voix, score totalement inespéré il y a quelques mois encore, reflète
parmi les militantEs et ce qui reste du noyau dur des sympathisants du
PS, une aspiration à une autre politique que celle menée par leur parti
durant les cinq dernières années.
Aussi Hamon entretient parmi eux
ce qui reste d’illusions vis-à-vis d’un « bon gouvernement de gauche »,
notamment avec son hochet du revenu universel : une mesure totalement
compatible avec le capitalisme... puisqu’il contribuerait, s’il était
mis en place, à faire baisser encore plus la part dévolue aux salaires
dans la répartition des richesses !
Et une fois les primaires
terminées, comme chaque candidat s’y est engagé, il faudra alors
« rassembler ». Que ce soit Hamon ou Valls, ils auront à cœur, comme il
l’ont toujours fait par le passé, de se montrer dignes de postuler à la
gestion loyale des affaires de la bourgeoisie. Même si cette fois, ils
ont très peu de chances d’y parvenir, l’un comme l’autre !
Macron et Mélenchon s’y voient déjà...
La
décomposition avancée du PS, accélérée par le renoncement de Hollande à
briguer un second mandat, libère un espace pour Macron le millionnaire,
ancien premier de la classe du gouvernement Valls, initiateur d’une de
ses principales lois anti-ouvrières, et intronisé par les médias comme
l’homme du renouveau !
Elle donne en même temps un peu de crédit
aux ambitions de Mélenchon de se qualifier pour le deuxième tour.
Mélenchon fait rire le public de ses meetings en parlant du « casse-noix Macron-Mélenchon, au milieu duquel se trouve le PS qui fait de l’huile ».
L’image révèle dans quel état d’esprit se trouve le candidat de France
insoumise : celui de prétendre au rôle de relève de chef de la gauche
institutionnelle, face à Macron. Dans un entretien au Journal du dimanche
le 22 janvier, Mélenchon estimait qu’un désistement du vainqueur de la
primaire organisée par le PS en sa faveur ou en celle d’Emmanuel Macron « fait partie des probabilités »...
De
son côté, Macron reçoit de plus en plus de soutiens de la part de
dirigeants socialistes, apeurés par la débâcle électorale annoncée pour
leur parti. À tel point que dans l’entourage de Macron, on affirme « qu’on ne prendra pas les crevards ». Chouette ambiance...
Mais
au-delà de ces postures dictées par l’arrivisme ou la mégalomanie, se
profilent des programmes politiques qui peuvent paraître très différents
à première vue, mais qui ont en commun le fait de se situer dans le
cadre du système capitaliste. Ni Macron, ni Hamon, ni Mélenchon... « ni
Dieu, ni César, ni tribun, sauvons-nous nous-mêmes » !
Marie-Hélène Duverger
dans l'hebdo L'Anticapitaliste n° 368 (26/01/17)