Les camarades de LO ont donc refusé notre accord de répartition
des circonscriptions aux élections législatives (voir article dans
l’Anticapitaliste n°383). L’argument central avancé dans un article publié sur leur site le 15 mai 2017 est le suivant : il s’agirait d’une « non-proposition du NPA »...
Les
camarades de LO se plaignent de beaucoup de choses pour justifier leur
refus d’apparaître avec nous côte à côte. Ils se cachent derrière des
délais trop courts ou pour être plus politiques, nous reprochent sans
gêne et sans réel argument de ne pas construire un parti implanté dans
la classe ouvrière, un parti pour faire la révolution.
Une ficelle un peu grosse
Sur
les délais, tout le monde sait que tant la proposition d’appeler à
voter pour LO partout où le NPA ne sera pas présent que cette
proposition à LO de répartition (et seulement à LO) a nécessité un débat
en notre sein. Mais il est faux de dire qu’il était impossible – encore
faut-il le vouloir politiquement – de se mettre d’accord sur une
répartition portant sur 75 circonscriptions (sur 553) entre le 5 et le
19 mai. C’est juste une feinte de balayeur...
Car en réalité la
question qu’esquive Marion Ajar dans son article, c’est celle-là : notre
programme, notre discours, sont-ils si différents pour justifier le
refus de tout accord de répartition entre le NPA et LO, dans seulement
75 circonscriptions sur 553 ? Poser la question autour de vous,
camarades, vous verrez !
D’autant que la direction du NPA ne
proposait pas de faire une campagne commune. Nous proposions plutôt, à
cette étape et avec le temps qui est le nôtre, de faire apparaître plus
nettement lors des législatives la « complémentarité » des deux
campagnes de la gauche révolutionnaire lors de la présidentielle,
complémentarité affichée et revendiquée par Nathalie Arthaud elle-même !
LO
devrait plutôt se demander si un accord de répartition entre nous est
souhaitable pour notre classe, et à quelles conditions. La direction du
NPA a répondu par la positive à cette question. Tardivement nous dira
LO ? Mais rien ne l’empêchait de faire une proposition plus tôt.
Une occasion politique manquée
Nos
camarades de LO ne devraient pas prendre cette proposition à la légère
ou la caricaturer comme un vulgaire « effet d’annonce ». C’est au
contraire le fruit d’un débat politique réel au sein de la direction de
NPA. Pour quiconque connaît l’histoire de nos deux courants, ce n’est
pas rien que plus de 71 % de la direction du NPA ait fait le choix de
proposer cet accord à LO (et encore une fois seulement à LO). Les
camarades étaient d’ailleurs passablement surpris lorsque nous leur
avons fait cette proposition face à face. Cette décision se place
pourtant dans la continuité de la motion sur les élections adoptée au
dernier congrès du NPA : une délimitation stricte du NPA avec les
réformistes.
C’est donc une occasion politique manquée, ce qui est
regrettable mais qui ne clôt pas la discussion, car le regroupement des
révolutionnaires pour défendre des perspectives pour le monde du
travail est une nécessité de la période actuelle. Franchement, entre
Philippe, l’ouvrier candidat anticapitaliste, et Nathalie, l’enseignante
candidate pour LO, dans nos milieux respectifs, mais surtout bien
au-delà, qui est celui ou celle qui a vu des différences justifiant d’y
aller séparément ?
Il est faux de dire que nos collègues, voisins
et amis, nous auraient reproché ce simple accord en le considérant
comme une capitulation politique des uns ou des autres. Au lieu
d’essayer d’établir une liste aussi longue qu’un catalogue des
différences entre nos organisations, ne serait-il pas temps de mettre en
avant ce qui nous rassemble ?
Un appel national du NPA à voter LO dans les circonscriptions où il est absent
Quoi
qu’il en soit, le NPA appelle nationalement à voter pour les candidats
de LO dans toutes les circonscriptions où il ne sera pas présent, pour
soutenir les seules candidatures qui représenteront les intérêts des
travailleurs et des classes populaires. Les camarades de LO ne devraient
pas ironiser sur le fait que 51 % de sa direction ait pris position en
ce sens. Il est vrai – et les camarades le savent bien – que nous
n’avons pas l’habitude des décisions unanimes… Mais LO devrait plutôt se
féliciter que pour la deuxième fois depuis la création du NPA, une
majorité absolue de sa direction se soit dégagée pour appeler à voter en
faveur de leurs candidats.
LO peut, cette fois, ignorer la
proposition du NPA, mais elle ne pourra pas toujours le faire. Nous nous
reverrons et débattrons à la fête de Lutte ouvrière à Presles dans
quelques semaines. Mais il est important de très vite se voir pour
discuter de comment organiser, à notre échelle, la riposte sociale face à
Macron, ce président des patrons.
Pedro Cine