Leçons et perspectives de la lutte pour le droit à l'autodétermination en Catalogne
Dans ce texte, l'organisation de l'Etat espagnol IZAR
(Izquierda Anticapitalista Revolucionaria) détaille les leçons des
mobilisations récentes en Catalogne, et trace des perspectives pour
assurer le droit à l'autodétermination, et bien plus encore, ce qui
exige de donner un contenu de classe aux mobilisations, par
l'auto-organisation, et en transformant les grèves annoncées en grève
générale.
L'Etat réprime quand il est menacé
Quelques semaines avant le référendum, l'Etat espagnol, avec
Rajoy en tête, avait déjà mis en marche toute la machine de l'Etat pour
réprimer et intimider les Catalans désireux d'aller voter. D'abord, par
l'inculpation de centaines de maires et ensuite par la détention de 12
hauts fonctionnaires de la Generalitat. L'État espagnol a envoyé un
message clair: pour éviter que le référendum soit célébré ou du moins
qu'il se déroule normalement. Cependant, malgré la répression de l'Etat
qui a déplacé plus de 10 000 policiers et gardes civils, le référendum a
eu lieu. Les images de la répression ont fait le tour du monde et ont
affaibli le gouvernement de Rajoy: écoles mises sous scellés, urnes
volées et électeurs frappés. Mais malgré le rôle de la police, plus de 2
286 217 personnes sont allées voter (participation de 43%). La victoire
du «oui» à l'indépendance a été retentissante avec 2 044 038 voix
(90,2%), contre 177 547 voix de «non» (7,8%).
Le lendemain du référendum, le gouvernement de Rajoy était sur
la défensive. Le PSOE lui-même, qui jusqu'alors s'était aligné sur le
discours pro "Unité de l'Espagne", a tenté de se détacher en dénonçant
le vice-président du gouvernement de Rajoy pour sa responsabilité dans
l'action policière. Deux jours après le référendum, le roi Felipe VI est
intervenu dans le but de renforcer l'orientation de Rajoy et de fermer
les rangs. Le ton de son discours était clairement de conflit avec le
mouvement pour le droit de décider et n'inclurait à aucun moment la
question du dialogue. A partir de ce moment, le PSOE s'aligne à nouveau
sur le PP et Cuidadanos qui louent même le discours du Roi. Les partis
du régime 78 savent qu'avec la question catalane on interroge non
seulement "l'Unité de l'Espagne" mais aussi à moyen terme la propre
Monarchie.
Le même jour, une grève générale a lieu en Catalogne organisée
par l'union nationaliste (IAC) et par la CGT contre la répression, pour
les droits démocratiques du peuple catalan et pour des questions
sociales comme l'abrogation des réformes du travail. Après le référendum
et une forte répression, la grève générale s’annonçait comme un succès.
Par conséquent, les centrales CCOO et UGT qui avaient décidé de ne pas
appeler au départ, changent d’opinion le même jour en appelant un «arrêt
du pays» en conjonction avec les employeurs de petites et moyennes
entreprises (PIMEC). Cet appel CCOO et UGT en accord avec PIMEC n'est
pas une coïncidence. L'objectif était d'empêcher le mouvement pour le
droit de décider d'entrer pleinement dans les centres de travail et pour
les travailleurs de s'organiser pour défendre les droits démocratiques
et sociaux par la mobilisation au moyen de comités de grève. La
meilleure façon de bloquer la dynamique était de transformer le jour de
grève en lock-out.
Ensuite, le Gouvernement de Catalunya avec Puigdemont à sa tête
a décidé de ne pas proclamer que l'indépendance unilatérale promise par
crainte des conséquences, en particulier la crainte que le mouvement
lui échappe, se radicalise et le déborde. Ce répit était celui dont
avait besoin le gouvernement de Rajoy pour se rétablir. D'abord, à
travers l'appel à manifester dans tout l'État en faveur de «l'unité de
l'Espagne», y compris à Barcelone avec environ 350 000 personnes.
Deuxièmement, en déplaçant le siège social des entreprises et des
banques en dehors de la Catalogne pour générer un sentiment de chaos
économique. Tout cela a été facilité par l'approbation par le
gouvernement de Rajoy d'un décret-loi expresse qui a permis ces
transferts de sièges sociaux. Le 10 Octobre, Puigdemont apparait au
Parlement et déclare l'indépendance de la Catalogne pour la suspendre
dix secondes plus tard et appeler au dialogue avec le gouvernement de
Rajoy…
Dès lors, l'orientation de Rajoy et de l'État espagnol sera
offensive. D'une part, il emprisonne Jordi Cuixart et Jordi Sánchez (les
deux dirigeants des deux associations indépendantistes les plus
influentes de Catalogne) et inculpe le chef des Mossos (police
catalane). D'autre part, il menace d'annuler l'autonomie gouvernementale
de la Catalogne en destituant le gouvernement actuel et en prenant le
contrôle des médias, des finances et des Mossos, en faisant déclencher
par le Sénat l'article 155 de la Constitution espagnole. Cette menace
est à l'origine de profondes divisions au sein du PDeCAT (parti de
Puigdemont) et au sein du gouvernement (coalition entre le PDeCAT et
ERC) beaucoup de députés n’étant pas prêts à aller jusqu’au bout dans la
confrontation avec l’État espagnol. Enfin, après avoir essayé de
négocier une dernière fois avec Rajoy, le Parlement a finalement voté en
séance plénière le 27 Octobre l'indépendance de la République catalane
face au refus de Rajoy d’élections anticipées proposées en échange de la
non application de l’article155. Immédiatement, le Sénat vota le 155 et
le Conseil des ministres les premières mesures qui en découlent:
cessation immédiate du président de la Generalitat, Puigdemont, de tout
le gouvernement et la dissolution du Parlement et appel à de nouvelles
élections pour le 21 décembre.
Pour imposer le droit à l'autodétermination et à
l'indépendance, il est nécessaire de défendre l'indépendance de classe
contre la petite bourgeoisie
La bourgeoisie catalane est divisée aujourd'hui. D'une part, la
grande bourgeoisie alliée à la bourgeoisie espagnole et de l'autre, la
petite bourgeoisie engagée dans le processus catalan. Le PDeCAT en
coalition avec ERC a dirigé ce processus à tout moment. Rappelons qu’il a
toujours défendu les intérêts de l'ensemble de la bourgeoisie catalane
en appliquant des politiques d'ajustement similaires à celles du PP
contre la classe ouvrière. Le gouvernement de Puigdemont ne représente
pas les intérêts des travailleurs de Catalogne. Peu importe combien ils
ont défendu le référendum, ils ne sont pas prêts à affronter l'État
espagnol jusqu'à la fin, ni à mener une orientation et un mouvement qui
impose le droit à l'autodétermination. Ils savent que la seule façon de
gagner est une mobilisation soutenue, mais ils savent aussi que cela
comporte de sérieux risques: que cette mobilisation leur échappe.
Par conséquent, son orientation a mis l'accent sur la
«désobéissance institutionnelle» ou ce qui est la même chose, dans
l'approbation de lois et de délais pour déclarer l'indépendance à
travers le parlement. Cette orientation s'est avérée être un échec car
elle ne prépare pas à la confrontation avec l'État, mais tente de
l'éviter ou de la reporter. Vous ne pouvez faire face à l'Etat et gagner
qu’en créant dans la rue et les lieux de travail un rapport de force
suffisant.
Le danger de ces orientations pour Puigdemont et les intérêts
économiques que défend son gouvernement est que la classe ouvrière se
mette en mouvement et prenne les rênes de cette lutte démocratique en y
intégrant les questions des salaires, des pensions, de l'emploi, des
services publics, de la dette, etc. Cette crainte est partagée par
l'ensemble de la bourgeoisie catalane, petite et grande, au point
qu’elle n'a eu aucune difficulté à se mettre d'accord pour demander à la
Cour supérieure de Catalogne (TSJC) de déclarer illégal le préavis de
grève ( 10 à 16 Octobre) déposé par le syndicat indépendantiste
(Inter-CSC). La petite bourgeoisie représentée par le PDeCAT et ERC ne
va pas remettre en question ses intérêts de classe à cause de la
question catalane. D'où leur faiblesse face à pression de l’Etat et leur
opposition à ce que les travailleurEs de la jeunesse dirige le
processus catalan.
Le vote au Parlement de la République Catalane ne démontre pas
la détermination de Puigdemont et Junqueras mais l'enhardissement de
l'État espagnol et de Rajoy qui n'ont pas l'intention de négocier à ce
point et qui veulent seulement obtenir une reddition sans conditions de
la part du gouvernement, que celui-ci, à ce jour, ne peut pas encore
assumer. Cependant, le problème reste le même. Avec le gouvernement
destitué et le Parlement dissout, le débat doit être la constitution
d'une nouvelle alternative de pouvoir à celle de l'Etat espagnol en
Catalogne et ce nouveau pouvoir doit être dirigé par ceux qui peuvent
vraiment faire face à l'Etat: les travailleurEs et la jeunesse de
Catalogne.
Jusqu'à présent, tout est normal. Il ne devrait pas être
surprenant que la petite-bourgeoisie ne soit pas prête à affronter
l'État espagnol jusqu'au bout, car cela signifie perdre beaucoup plus
que ce qu'elle est prête à perdre. L'erreur est que des organisations
telles que la CUP avec une certaine implantation dans la classe ouvrière
et dans la jeunesse et avec un public de masse n'ont pas défendu ce
discours et informé sur ces contradictions. Au contraire, ils ont
maintenu depuis le début une orientation alignée avec celle de
Puigdemont et Junqueras qui n'a pas défendu une feuille de route qui
imposer le droit de décider par une mobilisation soutenue et la grève.
La CUP a hésité à proposer une orientation différente du gouvernement
quand il a été sur le point de capituler après l'adoption de l'article
155. La CUP doit apprendre que l’on peut coïncider avec la petite
bourgeoisie dans la mobilisation, mais que les travailleurEs et les
jeunes doivent avoir leur propre stratégie de lutte car ils ne partagent
pas les mêmes intérêts de classe. La CUP devrait faire pression pour le
préavis de grève déposé pour le 30 octobre au 9 Novembre par
Intersyndical-CSC mène à l'appel à une grève générale pour défendre la
République catalane contre l'Etat espagnol et pour dire quelle société
et de République il faut construire pour les travailleurs.
Que Puigdemont déclare ou non l'indépendance, convoque ou non
des élections régionales, il est clair que cela ne conduira pas la lutte
pour l'autodétermination jusqu’au bout, car cela impliquerait perdre
beaucoup plus.
La question nationale est un élément central pour les révolutionnaires de l'État espagnol.
L'un des piliers du régime de 78 qui pourrait sortir le plus
affaibli par une éventuelle indépendance de la Catalogne est la
monarchie et cela pour deux raisons. Le premier pour des raisons
évidentes: une République catalane indépendante met de facto sur la
table la question de la monarchie espagnole et ouvre un débat autour de
la monarchie et de la république. D'autant plus que l'époque n’est pas
loin où la Couronne était au plus bas de l'opinion publique à cause de
multiples scandales de corruption. Raison pour laquelle le roi Juan
Carlos I a décidé d'abdiquer en juin 2014. La seconde, car obtenir
l'indépendance en Catalogne pourrait être un phénomène de boule de neige
dans les autres nations opprimées de l'État espagnol comme Euskal
Herria ou Galicia, ce qui affaiblirait davantage la monarchie actuelle.
Cependant, la monarchie n'est pas la seule qui puisse être
affaiblie par la lutte pour le droit à l'autodétermination. Le
gouvernement de Rajoy et ses politiques antisociales en tant qu'intérêts
propres des capitalistes peuvent être affectés. Mais pour cela, il est
nécessaire que la lutte pour l'émancipation nationale soit dirigée par
la classe ouvrière de la nation opprimée et soutenue aussi par la classe
ouvrière de la nation opprimante. À ce jour, ni l'une ni l'autre chose
ne se produit. Cependant, une mobilisation soutenue et une grève
générale face à une possible application de l'article 155, par exemple,
pourraient amener la classe ouvrière à prendre l'initiative de ce
mouvement, à s'organiser et à marquer les rythmes. C'est la seule
manière de déborder la direction actuelle du processus et de générer une
mobilisation qui embrasse les questions démocratiques mais aussi
l'amélioration des conditions de vie de ceux qui produisent les
richesses et subissent la crise capitaliste.
Mais c'est aussi le moyen le plus efficace de résister à
l'application de l'article 155. L'exemple de la télévision et de la
radio catalane montre que les seuls qui peuvent empêcher Rajoy de
contrôler les médias sont les travailleurs qui font la télévision et la
radio quotidiennes. Ceci est également vrai des autres secteurs publics.
En fin de compte, il n'est pas possible de contrôler un secteur si les
travailleurs ne le permettent pas. Et pour cela, il faut que ces
travailleurs soient mis en mouvement et que la mise en route soit ce qui
permet d'intégrer dans la lutte pour le droit d’autodétermination
d'autres éléments tels que les conditions de travail ou le contrôle
lui^même des centres de travail par les salariéEs. La question du
contrôle des entreprises est aujourd'hui plus compréhensible pour les
travailleurs qui défendent l'indépendance après la menace des
entreprises et des faillites. Un mouvement d'indépendance mené par la
classe ouvrière n'aurait au contraire aucun problème à défendre des
slogans tels que la nationalisation sous contrôle ouvrier des
entreprises et des banques. Laissez les hommes d'affaires et les
banquiers partir, mais laissez leurs entreprises rester.
En ce qui concerne la question de la destitution du
gouvernement et de la dissolution du Parlement, il est nécessaire de
proposer aux travailleurs et aux jeunes qui luttent pour la défense de
la République catalane de former leurs propres structures de
représentation dans le but de créer un pouvoir alternatif à celle de
l'État espagnol. Quant au soutien de la classe ouvrière de la nation
opprimante au droit de décider, le niveau de conscience est très éloigné
de cette prémisse. Seule une petite avant-garde la défend aujourd'hui
dans l'État espagnol, ce qui s'explique par l'orientation des
organisations traditionnelles du mouvement ouvrier.
Mais alors que tout cela est vrai, il y a des cas de résistance
dans certains secteurs. C'est le cas par exemple, déjà cité, des
travailleurs de la télévision catalane (Tv3) qui ont déjà signalé qu'ils
n'obéiraient pas aux ordres venant de Madrid et qui ont été soutenus
par les travailleurs de TVE (Télévision espagnole) mais aussi le cas des
pompiers et des enseignants.
Le réformisme veut seulement gérer le système dans les canaux institutionnels
La tâche de Podemos, IU et ses gouvernements municipaux tels
que Ada Colau à Barcelone est la démobilisation. Au lieu de renforcer et
guider cette mobilisation pour affaiblir le régime de 78 et de dépasser
la lutte pour l'émancipation nationale dans une lutte pour
l'émancipation sociale, ils préfèrent contribuer à réorienter une telle
mobilisation dans les canaux institutionnels. Pour cela et dès le
départ, Pablo Iglesias (Podemos) et Alberto Garzón (IU) se sont éloignés
du référendum du premier octobre en préconisant un référendum pour une
réforme constitutionnelle. Cela signifiait en pratique que les ⅔ du
Parlement Etat espagnol soutienne ce changement ou ce qui est la même
chose que PP, Cuidadanos et le PSOE ne représentent pas plus de ⅓ de la
Chambre. Cette orientation, en plus d'être impossible pour des raisons
évidentes, impliquait la démobilisation tout comme le slogan appelant au
dialogue.
La seule chose que génère une telle orientation est la
confusion et des illusions sur le fait qu'il est possible de défendre le
droit d’autodétermination par le dialogue et la conclusion d'accords
avec Rajoy et le régime de 78 au lieu de renforcer un rapport de forces
suffisantes à l'intérieur et à l'extérieur de la Catalogne pour faire
triompher ce droit. Avec cette même logique, ils ont défendu que
Puigdemont annonce de nouvelles élections en Catalogne pour éviter le
155, au lieu d'appeler à la mobilisation contre le 155 à l'intérieur et à
l'extérieur de la Catalogne. Et enfin, une fois proclamée
l'indépendance et approuvé l'article 155, son orientation a été « aucune
déclaration unilatérale d'indépendance (DUI) ou 155 ». Une position
équidistante qui ne prépare en rien à la confrontation avec l'Etat mais
tout le contraire. Une fois de plus, Podemos Unidos est plus préoccupé
par les résultats électoraux et de conduire la mobilisation dans les
limites institutionnelle que d’aiguiser les contradictions de la lutte
des classes.
En ce qui concerne les directions des syndicats majoritaires,
le rôle est similaire. Les dernières déclarations du Secrétaire général
de CCOO en Catalogne par rapport à 155 consistent à appeler leurs
affiliéEs à se soumettre à cet article et non à se mobiliser contre.
Quant à la gauche révolutionnaire, elle est très faible à la
fois dans l'État espagnol et en Catalogne. Elle a très peu
d'implantation dans la classe ouvrière et donc peu de possibilités de
mener une orientation qui puisse contester celles des autres
organisations. Partant de cette réalité, il est important de délimiter
certaines tâches à l'intérieur et à l'extérieur de la Catalogne. En
Catalogne, il est nécessaire de défendre l'indépendance de classe des
travailleurs vis-à-vis du gouvernement. C'est défendre une perspective
de lutte indépendante qui insiste sur la nécessité pour les travailleurs
de s'appuyer sur leurs propres méthodes de lutte: la mobilisation et
l’action en créant des cadres auto-organisés à partir des cadres
existants (CDRs: comité de défense du référendum). Il faut aussi
défendre une perspective qui dépasse la lutte démocratique et mettre sur
la table, à partir de la lutte d'aujourd'hui, la question de savoir
quel type de société catalane les travailleurs et les jeunes veulent. En
ce sens, nous devons défendre l'appel à une grève générale en
Catalogne.
En dehors de la Catalogne, nous devons rechercher la solidarité
de notre classe avec les droits démocratiques des Catalans. C'est
essayer de regrouper dans cette perspective les éléments les plus
conscients des luttes qui ont été menées depuis l'éclatement de la crise
en 2008. De nombreuses concentrations et manifestations se déroulent
dans des territoires comme Madrid, Euskal Herria ou l'Andalousie. Dans
ces lieux, nous devons également défendre l'indépendance des classe vis à
vis de Puigdemont en tant qu'élément central pour unifier notre classe
dans tout l'Etat. Des plates-formes comme les Marches de la Dignité
essaient d'accomplir cette tâche. Aujourd'hui, le résultat de ce
mouvement n'est pas clair. Cependant, en fonction de sa finalité, le
régime de 78 et ses institutions seront plus ou moins affaiblis ou même -
et aujourd'hui plus vraisemblablement - beaucoup plus renforcés avec un
Etat plus centralisé, plus fort, plus réactionnaire et plus légitime
pour utiliser la force contre tout type de réponse dans la rue.