Il n’y aura finalement que trois prétendants pour briguer la
présidence du parti Les Républicains en décembre prochain et le suspens
risque d’être faible.
Ce sont deux quasi-inconnus (Maël de
Calan, un juppéiste, et Florence Portelli, une filloniste) qui
affronteront le super favori Laurent Wauquiez, pour qui le flirt avec
l’extrême droite n’est jamais assez poussé. Pour preuve, s’il en fallait
encore, on peut citer une de ses dernières déclarations lors d’une
réunion publique à Mandelieu-la-Napoule, le 18 octobre : « Moi, je
dis les choses clairement : un étranger en situation irrégulière, c’est
un clandestin et un clandestin, ça ne reste pas ». Et une militante présente dans la salle lui a répondu en criant : « La France aux Français ! »
Sens commun et la main tendue à Marion Maréchal
Depuis
l’échec de Marine Le Pen à la présidentielle et avec la crise larvée du
Front national qui s’en est suivie, Wauquiez chasse plus que jamais sur
les terres fangeuses de l’extrême droite pour espérer reconquérir
l’électorat qui a fait défaut à la droite au printemps dernier. C’est
bien pour cela que Sens commun, mouvement créé dans le sillage de « la
Manif pour tous », peut, par la bouche de son président Christophe
Billan, avouer à la fois tout tranquillement sa stratégie d’entrisme au
sein des Républicains et sa volonté de tendre la main à Marion
Maréchal-Le Pen, sans déclencher la moindre procédure de sanction (et
encore moins d’exclusion) de la part de la direction du parti de droite.
Billan peut aussi déclarer qu’on ne peut pas être français sans être
chrétien « culturellement ou spirituellement », et rares sont
les dirigeants de LR à s’en émouvoir, même hypocritement comme cela
aurait pu se faire il y a quelque temps. Cela illustre bien le poids
qu’a pris le mouvement Sens commun au fil des années au sein de LR. « Désormais,
nous sommes des acteurs majeurs du parti. La force de Sens commun,
c’est que les derniers militants de droite, c’est chez nous. Il n’y a
plus de militants à droite », fanfaronne Billan dans une vidéo sur le site de l’Incorrect,
tout nouveau média d’extrême droite créé en septembre dernier par
Arnaud Stéphan, ancien bras droit de Marion Maréchal-Le Pen.
« Revoir doctrinalement ce qu’est la droite »
Billan n’hésite pas à poser des ultimatums aux candidats à la présidence de LR : « L’idée,
c’est de leur dire : vous avez devant vous quelques mois pour revoir
doctrinalement ce qu’est la droite et mettre en place un nouvel
appareil », en expliquant que s’il n’obtenait pas gain de cause, son mouvement claquerait la porte. « Si Sens commun s’en va, il ne va plus rester grand monde à LR »,
s’est moqué le député Thierry Solère, chef de file des « Constructifs »
à l’Assemblée nationale, et que le bureau politique de LR n’a
finalement pas exclu mardi dernier faute de quorum. En effet, après les
grands défilés contre la loi Taubira, LR a mis en place un accord signé
en juin 2014 afin qu’une adhésion à Sens commun vaille adhésion aux
Républicains. Pas étonnant donc, que peu à peu, ces militants de la
fachosphère aient gagné du terrain. À l’heure actuelle, pour la droite
qui n’est pas rentrée au gouvernement avec Macron, le salut viendra de
ce côté-là... ou ne viendra pas.
Marie-Hélène Duverger
dans l'hebdo L'Anticapitaliste n° 403 (02/11/17)