Depuis le mois d'août, pas moins de 20 journées de mobilisation ont rassemblé des dizaines de milliers de togolais à Lomé et dans les autres villes du pays, à l'appel de la coalition de 14 partis de l'opposition.
Leur principale revendication : le retour à la Constitution de 1992, qui prévoit un maximum de deux mandats présidentiels, et donc le départ du président Faure Gnassingbé. Reélu pour un 3e mandat en 2015 à l'issue d'un scrutin contesté, et donc au pouvoir depuis douze ans, il avait succédé au règne dictatorial de son père le général Eyadema Gnassingbé pendant 38 ans. Cette revendication de l'opposition historique, depuis plus de 10 ans, à été reprise cet été par le leader du Parti national panafricain Tikpi Atchadam. Jusqu'alors peu connu, son appel à manifester a redonné du souffle à l'opposition affaiblie et remis le peuple dans la rue.
Malgré une répression violente par l'armée (arrestations arbitraires, tortures, plus d'une quinzaine de manifestants sont morts, et plus de 600 ont fuit au Ghana) ces marches quasi hebdomadaires se sont poursuivies et peu à peu apaisées. La pression populaire quant à elle, ne faiblit pas.
Le président qui n'entend pas quitter le pouvoir voit actuellement ses propositions de "consultations" et de "dialogue" boycottées par la coalition. Celle ci réclame des mesures immédiates : libération des personnes détenues, levée de « l’état de siège » et de l’interdiction de manifester dans certaines des villes du pays.
Grève dans l'Éducation : entrée en scène du monde du travail ?
Parallèlement, le secteur de l'éducation est régulièrement perturbé depuis la rentrée. La semaine dernière, les enseignants des établissements publics ont entamé quatre jours de grève pour exiger une amélioration de leurs conditions salariales, à l'appel de la Coordination des Syndicats de l’Éducation du Togo (CSET). La grève a été très suivie sur l'ensemble du territoire dans le public, dont certains élèves ont par ailleurs bloqué des établissements privés. La poursuite du mouvement jusqu'à satisfaction des revendications a été annoncée.
Le lien entre leur grève et le mouvement de contestation du pouvoir en place reste à construire. En effet, les 35.000 enseignants du public sont majoritaires au sein des quelque 53.000 fonctionnaires du pays. Les forces armées pourraient-elles alors se ranger aux côtés des civils qu'elle réprime?
Les 3 dernières journées de mobilisation la semaine dernière témoignent en tout état de cause de la forte détermination des togolais dans leur lutte pour faire tomber le régime.