Dans les textes, les contributions, les débats une partie des camarades, notamment de la plateforme U (Pf U), le rabâche : le rapport de force entre les classes est dégradé et la décomposition du mouvement ouvrier se poursuit.
On croirait presque entendre des nostalgiques du mouvement ouvrier d’antan encadré par les réformistes et les staliniens… les premiers responsables de l’état actuel des organisations du monde du travail. Contrairement aux caricatures grossières qui sont faites des militantes et militants qui défendent la plateforme V, nous ne nions pas que le rapport de force soit défavorable à notre camp. Nous l’écrivons d’ailleurs sans ambigüité. Mais le congrès ne peut pas se baser sur ce genre d’évidence pour justifier les errements des dernières années ou justifier l’abandon de la construction d’un parti révolutionnaire dès maintenant. D’autant plus que nous devons comprendre les contradictions actuelles et les possibilités d’intervention qu’elle nous offrent. Car il existe des résistances, des luttes, des explosions sociales et des possibilités de déstabilisation de la classe dirigeante comme en témoignent les mobilisations récentes en Iran et en Tunisie. Malgré leur limites c’est ce qu’ont révélé en France les mobilisations contre la loi Travail 1 et 2. Pour nous, ce ne sont pas la colère et les lutte dont nous manquons cruellement mais de révolutionnaires pour y intervenir, y proposer une politique d’indépendance de classe, aider à leur développement, et à les faire converger.
Le travail d’implantation méthodique dans les entreprises et la jeunesse autour d’un programme communiste et révolutionnaire est inséparable de l’intervention et de la prise d’initiatives militantes. Toute la question est de disposer de militants implantés, capables d’apporter des réponses politiques et de jouer un rôle dans la lutte des classes.
Prendre des initiatives, regrouper les travailleurs pour la lutte, c’est ce que nous avons essayé de faire avec le mouvement « Touche pas à ma ZEP ! » ou encore dans les mobilisations des livreurs à vélo. C'est dans le même sens que nous avons participé avec d'autres à la mise en place du Front social. Nous proposons que cette politique devienne celle de tout le NPA. La construction du Front social tente de cristalliser à l'échelle nationale les sauts qui ont été faits dans la conscience de toute une série de jeunes et de salariés, d’équipes syndicales combatives au cours des dernières mobilisations, de s’organiser pour les prochaines étapes et de construire une direction alternative au directions syndicales. Cette politique n’est pas neuve, c’est celle du regroupement des luttes, pour un pôle ouvrier lutte de classe.
Ce n’est en rien contradictoire avec la construction du NPA. Au contraire nous donner cette perspective nous permettra de sortir de la posture de commentateurs des événements. Mettre au centre de nos discussions le rôle que nous pouvons jouer dans les mobilisations pour influencer leur issue nous permettra justement de prendre au sérieux la nécessite de l’indépendance politique du NPA vis-à-vis des directions réformistes (syndicale ou de la FI), la construction et l’implantation, les débats tactiques et stratégiques.
Armelle Pertus, Gaël Klement, Gaël Quirante,
Marie-Hélène Duverger, Mathilde Stein et Xavier Guessou,
pour la plateforme V
Tribune publiée dans l'hebdo L'Anticapitaliste n° 413