Résolution présentée par le courant Anticapitalisme & Révolution
au conseil politique national du NPA des 17 et 18 mars 2018
Le patronat et le gouvernement Macron sont plus que jamais à l'offensive contre l'ensemble des travailleurs et des couches populaires. Aucune trêve n'est respectée par ce gouvernement qui développe depuis son arrivée au pouvoir un sentiment de surpuissance face à l'ensemble du mouvement social.
Après le chantier des ordonnances sur la loi Travail XXL, il entend mener de front plusieurs offensives : la mise en place de la sélection à l'entrée à l'Université et la fin du baccalauréat comme diplôme national, la casse renforcée de la fonction publique et des services publics (avec « Cap 22 ») et la fin programmée du statut des cheminots alliée à un démantèlement aggravé du service public ferroviaire. Alors même que les effets programmés des lois « Travail » 1 et 2 commencent à se matérialiser dans les entreprises du privé, alors même que le nombre de grèves et les manifestations du ras-le-bol social augmentent, et que la jeunesse scolarisée a commencé à bouger depuis plusieurs semaines, l'ouverture de ces fronts de manière concomitante, pose de nouveau clairement à fois la possibilité et la nécessité du tous-tes ensemble pour faire échec au rouleau compresseur Macron. La confiance avec laquelle le gouvernement déroule sa politique nous indique d'une certaine manière la voie à suivre : il n'y a aucune chance de le faire reculer sur ces fronts sans en passer par une contre-offensive généralisée de l'ensemble du monde du travail et de la jeunesse. C'est donc cette perspective, à l'heure du cinquantenaire de la grève générale de mai-juin 1968, que notre organisation doit, dans les semaines et les mois qui viennent, à la fois populariser et aider à mettre en œuvre.
1) Un appétit d'ogre pour liquider les restes de 60 ans d'acquis sociaux
Avec le gouvernement Macron, tout doit disparaître ! A peine refermé le chapitre « loi Travail », les salariés du secteur public sont désormais au cœur de la cible avec le grand chantier de « modernisation » de la fonction publique dit « CAP 22 ». Le but est de se débarrasser de 120 000 postes de fonctionnaires d'ici la fin du quinquennat. Pour cela, tout sera permis : plan de départs volontaires, externalisations, privatisations larvées ou directes, recours accrus aux contractuels... Avec l'introduction du salaire au mérite, c'est l'ensemble du statut des fonctionnaires qui est sur la sellette. Et au-delà, c'est évidemment la disparition de pans entiers des missions de services publics utiles à la population qui est en cause car il faut faire baisser la part de la dépense publique dans le produit intérieur brut (PIB) de trois points d’ici à 2022.
Comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement a dégoupillé également ces dernières semaines sa grenade offensive contre les cheminots et le secteur public ferroviaire. Après le rapport Spinetta, véritable brûlot, sont venues directement les annonces ministérielles, avec la volonté d'aller vite, avec le recours aux ordonnances (d'ici l'été), pour casser définitivement le service public du transport ferroviaire et en finir avec le statut des cheminots, à une date non encore fixée, pour les nouveaux embauchés.
En parallèle de ces attaques majeures contre le monde du travail, le gouvernement veut réinstaurer la sélection à l'entrée à l'Université avec Parcoursup, le bac n'étant plus la seule condition pour y entrer, et cela d'autant plus que celui-ci va disparaître en tant que diplôme à caractère national, pour ne garder qu'une valeur aléatoire en fonction du lycée dans lequel il aura été obtenu. La jeunesse, et notamment celle des classes populaires, est ainsi profondément attaquée : c'en sera fini pour beaucoup de jeunes avec la possibilité de faire des études supérieures. D'une manière générale, cette casse des diplômes s'intègre dans la casse du Code du travail avec la remise en cause du principe-même des conventions collectives.
2) Un gouvernement réactionnaire qui amplifie
les mesures répressives et discriminatoires
Non content de servir à fond les intérêts du MEDEF en menant une guerre sociale sans merci, le gouvernement est à la manœuvre également sur d'autres terrains visant à restreindre toujours davantage les libertés et accroître la répression à l'égard des « classes dangereuses ». Ainsi, la loi « Asile et Immigration » promue par le ministre de l'Intérieur Collomb est une des pires lois concernant l'accueil des étrangers en France mise en place durant les dernières décennies. Avec une hypocrisie sans complexe, Macron parle « d'humanité » pour désigner une loi qui va de fait accentuer le tri entre les « bons » et les « mauvais » migrants et la traque des « sans-papiers » sur le territoire. Depuis l'arrivée de Macron au pouvoir, la violence d'Etat à l'égard des migrant-e-s et de leurs soutiens s'est amplifiée (évacuations répétées des campements, destructions des maigres affaires, poursuites judiciaires et condamnations de militant-e-s solidaires). Mais cette violence commence à susciter de plus en plus d'oppositions, bien au-delà des rangs des réseaux traditionnellement mobilisés sur cette question. Les manifestations de Menton ou de Ouistreham, les rassemblements organisés un peu partout en France contre le projet de loi Collomb, ou encore les mouvements de refus de travailleurs sociaux de participer au « tri » sont autant de signes que cette politique ouvertement xénophobe est combattue. Les grèves de travailleurs sans-papiers en région parisienne ou celle des salariés de la Cour Nationale du Droit d'Asile depuis le 13 février dernier sont tout aussi significatives. Les questions politiques se mêlent d'emblée aux questions sociales. Pour la première fois depuis des années, il y a la possibilité qu'un vaste mouvement de contestation des politiques migratoires infamantes de l'Etat français voit le jour. Le NPA doit participer à tous les cadres qui permettent d'amplifier la mobilisation contre la loi Collomb pour exiger son retrait. La manifestation nationale du 17 mars (dite « marche des solidarités ») a été une des occasions importantes de le faire, mais il faut d'ores et déjà réfléchir à d'autres échéances, notamment en lien avec le cadre des Etats Généraux des Migrations, qui semble être à l'heure actuelle celui qui peut fédérer le plus en termes de forces diverses.
En parallèle de son implication dans les cadres unitaires, le NPA doit, comme nous l'avons décidé collectivement au congrès, mener sa propre campagne, en mettant en avant des mots d'ordre qui vont au-delà de ceux partagés par l'ensemble du mouvement : ouverture des frontières, régularisation de tous les sans-papiers, fermeture des centres de rétention, abrogation de toutes les lois racistes. Et plus fondamentalement, cette campagne doit s'articuler avec nos idées anticapitalistes, pointer la responsabilité des gouvernements impérialistes, dont celui de la France, dans la situation de guerres et de chaos au Moyen-Orient et en Afrique et mettre en avant l'unité de notre classe, quelle que soit son origine, ses papiers, sa nationalité face à ses exploiteurs.
Sur le terrain de la répression à l'égard des militants syndicalistes, le cas emblématique de notre camarade Gaël Quirante doit nous mobiliser fortement car derrière la figure de Gaël c'est le militantisme syndicaliste lutte de classe qui est visé et d'une manière générale nos idées anticapitalistes. Il faut tout faire pour que Gaël ne soit pas licencié (prises de positions de nos porte-paroles, campagne de notre parti dans sa presse et ses différents médias, prises de positions de sections syndicales où nous sommes influents, organisation de rassemblements de soutien...).
Le côté réactionnaire et répressif du gouvernement Macron s'affiche aussi à travers sa volonté de rétablir le service militaire obligatoire (à noter qu'il est doublé sur « sa droite » à cette occasion par Mélenchon et la France insoumise). L'évacuation de la ZAD de Bure montre à la fois la détermination du gouvernement à ne pas laisser se reproduire l’exemple victorieux de Notre-Dame-Des-Landes mais aussi sa totale soumission aux grands groupes capitalistes de la filière nucléaire. La veste de Hulot peut bien être retournée plusieurs fois... (comme sur l'usage du Glyphosate !). Tout cela contribue à faire grossir l'ensemble du mécontentement à l'égard du gouvernement (baisse de 6 points de cote de popularité de Macron et de 7 points pour Philippe durant le mois de février ! ). Les très gros cortèges de retraités en colère lors des manifestations du 15 mars donnent à voir ce qui pourrait arriver si les poches de résistances se mettaient à converger.
3) L'urgence à sortir du tunnel de l'éparpillement des luttes
Le climat social est incontestablement en train de changer. La focalisation des discussions publiques autour de la grève à la SNCF depuis la publication du rapport Spinetta en est des marqueurs forts. Le mouvement entamé dans la jeunesse scolarisée contre la sélection et le plan « Etudiants », malgré un rythme encore lent et inégal, pose lui aussi, derrière tous les aspects immédiats de l'austérité budgétaire et de l'exclusion d'une partie des jeunes de l'enseignement supérieur, la question plus générale du système éducatif dans un capitalisme en crise. Mais surtout, il est une bombe à retardement pour le gouvernement car la dernière grande tentative de mettre en place la sélection à l'entrée à l'Université (en 1986) a déclenché un mouvement d'ampleur dans la jeunesse et le recul du gouvernement. La crainte du gouvernement, comme tous les autres, c'est que le caractère explosif des mobilisations dans la jeunesse soit contagieux et donne des idées au reste du monde du travail.
En effet, alors qu'une chape de plomb semblait s'être abattue après l'échec des mobilisations de l'automne dernier contre la loi Travail 2, il n'a pas fallu longtemps pour que se rendent de nouveau visibles les très nombreuses grèves qui existent en réalité depuis avant la séquence de la lutte contre la loi Travail et que celle-ci avait forcément mis à l'arrière-plan. Non pas parce ces grèves avaient cessé mais parce que le mouvement d'ensemble, même avec toutes ses limites, avait pris la main, car forcément plus visible et plus capable de faire changer le rapport de forces.
Mais force est de constater une certaine constance de la conflictualité dans de nombreux secteurs : depuis plusieurs mois, les journées de grève, les mobilisations se multiplient, et certaines de ces luttes sont longues et acharnées. Parmi les secteurs touchés par ce phénomène, on peut citer la santé, La Poste, le commerce (grandes enseignes et distribution), le nettoyage. Les secteurs de la santé et de La Poste ont la particularité de cumuler à la fois un très grand nombre de grèves dispersées sur l'ensemble du territoire, avec des durées souvent très longues, sur une thématique commune (la suppressions des emplois et la dégradation des conditions de travail) et de bénéficier d'une grande popularité (car on touche aux services publics les plus proches des usagers)... mais sans aucune proposition d'unification à une échelle nationale de la part des directions syndicales. Pourtant, la grève nationale des EHPAD le 30 janvier, qui s'est avérée être une journée historique par le nombre de personnels en grève et en manif, après des myriades de grèves dispersées de travailleuses et travailleurs acculés au désespoir, (grèves souvent victorieuses d'ailleurs) a montré que lorsque l'occasion est donnée d'y aller « tous ensemble, le même jour » les salariés répondent largement présents.
Cette aspiration au « tous ensemble » est de plus en plus perceptible, bien au-delà des seuls militants syndicalistes lutte de classes. La journée de mobilisation de la fonction publique du 22 mars, ralliée aussi par les syndicats de cheminots, est désormais la journée qui va permettre de remettre ensemble dans la rue de nombreux secteurs du salariat, mais aussi la jeunesse scolarisée. Partout où nous le pouvons, nous devons batailler pour des appels syndicaux (de fédé, d'UL ou d'UD, de boîtes) qui appellent l'ensemble des travailleurs à faire grève et à manifester le 22 mars : « public, privé, jeunes, chômeurs et retraités, c'est tous ensemble qu'il faut lutter, c'est tous ensemble qu'on peut gagner ! » est un mot d'ordre adapté à la situation présente. Notre propagande de parti doit taper sur ce clou, en allant au contact de toutes celles et ceux qui se mobilisent car chaque grève, chaque manifestation peut être l'occasion de faire avancer l'idée de la convergence des luttes. C’est pourquoi, nous devons construire le 22 mars et nous en saisir pour défendre une feuille de route alternative à la stratégie perdante des directions syndicales. Ce sera aussi l’occasion dans les secteurs les plus mobilisés comme celui des cheminots de tenir des AG dès le 23 pour poser la question des suites et avancer dans l’organisation des cheminots à la base.
4) Un plan de bataille pour la classe ouvrière et la jeunesse
pour gagner face à Macron
Les directions syndicales n'ont pas changé de cap depuis l'élection de Macron. Elles ont deux fers au feu : continuer à participer à la farce du « dialogue social » (même si il devient de plus en plus difficile pour elles de laisser croire qu'elles arrivent à « faire bouger les lignes »... quand on voit par exemple le dépit de la CFDT cheminots après l'annonce par Philippe du recours aux ordonnances). Il faut mener la bataille la plus publique possible contre cette politique de collaboration de classe : il n'est décidément pas possible d'aller discuter dans les salons avec ce gouvernement au moment où il cherche à nous écraser. Et par ailleurs les directions syndicales laissent la vapeur s'échapper au coup par coup en persistant dans la stratégie de la dispersion dans le temps et dans l'espace de la colère sociale. Certes, elles sont parfois contraintes d'appeler à des journées comme le 22 mars, dans la Fonction publique (c'est quand même « la suite » du 10 octobre... ça a pris du temps !) ou à la SNCF aussi (tout en n'appelant pas à la grève ce jour-là mais seulement à une manifestation nationale… car pour permettre que les cheminots aillent à la manif, il faut que les trains roulent !). A la SNCF, la stratégie adoptée par la CGT, l'UNSA et la CFDT de la grève du « loto », deux jours par semaine étalés sur trois mois est une nouvelle preuve des efforts permanents des directions syndicales pour canaliser les possibilités d'explosion sociale. Sud Rail conteste cette stratégie, mais par peur de rompre l’unité syndicale, n’affirme pas que la grève reconductible sera la seule possibilité pour gagner.
Dans le secteur de l'Education, alors que l'intersyndicale du secondaire et du supérieur avait appelé à la grève le 1er février, seuls les principaux syndicats du secondaire ont appelé de nouveau le 6 février, et sans mettre en avant la question de la sélection mais seulement la question des postes dans les lycées. Et il n'y a eu à ce jour aucun appel intersyndical unifiant tous les personnels de la maternelle à l'université mais par contre des appels dispersés département par département de la part du syndicat majoritaire dans le premier degré, le SNUIPP-FSU, uniquement sur la carte scolaire, alors même que le reste de la FSU appelait à d'autres dates sur d'autres thèmes.
Après le 22 mars, la dispersion et l’émiettement sont de nouveau à l’ordre du jour : grève à Carrefour le 31 mars, grève des cheminots le 3 avril, possibilité de grève dans la santé le 3 ou 5 avril, discussion d’une date de grève interprofessionnelle au mieux pour la mi-avril… La « crainte d'être noyés » dans des grèves « interpro » peut exister chez certains salariés, il n'en reste pas moins vrai que de la part des directions syndicales, ce n'est pas innocent de flatter ce préjugé plutôt que d'encourager à la convergence des luttes !
La lutte contre la fermeture de l’usine Ford Blanquefort occupe pour nous une place essentielle. Parce que c’est là où travaille l’ancien candidat du NPA à la présidentielle. Mais surtout parce qu’une entreprise comme celle de Ford à Blanquefort avec 1 000 travailleurs, pourrait jouer un rôle essentiel dans la construction d’un futur mouvement d’ensemble. Enfin, parce que la victoire contre la fermeture de Ford donnerait confiance à notre classe en ses propres forces. Nous devons donc tout faire pour aider à ce que Ford ne ferme pas et maintienne l’activité. Cela passe, par relayer les initiatives des ouvriers et ouvrières de l’usine à commencer par la manifestation du 24 mars à Bordeaux et l’initiative de soirée concert du 21 avril.
Dans ce contexte c’est donc bien d'un plan de bataille déterminé à faire échec à Macron dont notre classe a besoin. Nous devons chercher à impulser partout sur les lieux de travail et d'étude où nous avons une influence le maximum d'assemblées générales afin de discuter des conditions à réunir pour remporter une victoire. Il faut que les salariés s'approprient au mieux leur mobilisation. Ce sera déterminant notamment chez les cheminots, où lors des derniers mouvements, les appareils ont tout fait pour que les AG n'existent pas, et quand elles existaient, qu'elles restent cantonnées à des services, sans coordination inter-services et encore moins régionales (notamment pour la région parisienne, stratégiquement importante en terme de trafic et de concentration numérique de cheminots). Dans les facs et les lycées, une des questions clés du mouvement est la tenue d'assemblées générales décisionnelles et la réunion de véritables coordinations lycéennes et étudiantes qui soient capables de proposer des échéances de mobilisation qui permettent de massifier le mouvement mais qui soient surtout capables de faire adopter la grève qui dure, celle qui stoppe le déroulement normal des cours et qui permet au maximum de lycéens et d'étudiants de participer au mouvement sans qu'ils soient sanctionnés ou pénalisés dans leur cursus. C’est dans ce cadre que le 22 mars peut être l’occasion de massifier la mobilisation dans la jeunesse scolarisée et de donner une réalité à la coordination nationale de Toulouse du 24 mars. La mobilisation dans la jeunesse doit être un soutien aux lutte des travailleurs et travailleuses sans pour autant mettre de côté leurs revendications propres.
Ce qu'il nous faut mettre en débat partout où nous le pouvons c'est la nécessité d'une stratégie alternative à celle des directions syndicales, stratégie qui ne nous a mené qu'à la défaite au printemps 2016 et à l'automne 2017. Il faut en finir avec les journées saute-moutons et secteurs par secteurs, voire bout de secteur ! Ce qui nous permettra de gagner c'est la grève générale, celle qui bloque l'économie du pays et qui peut faire peur aux patrons. Et pour la construire, il faut à la fois s'appuyer sur les occasions offertes par les appels syndicaux mais se mettre en capacité de poursuivre le mouvement les jours qui suivent, en l'ayant décidé, préparé, à la base, avec la préoccupation de s'adresser au reste de ses collègues, au reste des salariés et des jeunes. Pour se mettre sur les rails du « tous ensemble », il faut pousser partout où nous le pouvons à des appels à la grève pour le 3 avril, premier jour de la grève des cheminots. C’est le moyen de faire concrètement des pas vers la convergence des luttes, même si nous serons dans un premier temps minoritaires. Nous avons donc la responsabilité de peser dans les secteurs où nous sommes implantés et où des plans d’actions se discutent pour converger vers la date du 3 avril, et cela doit se défendre dès maintenant. Les cheminots ne doivent pas rester seuls dans l'affrontement avec le gouvernement et sentir très vite que d'autres secteurs sont prêts à la bataille. Il faut éviter toute tentation de la « grève par procuration ». Voilà la politique que nous devons défendre partout et surtout lorsqu’on nous tend les micros des radios ou des télévisions.
5) Nos responsabilités de militants révolutionnaires
Elles sont à plusieurs niveaux :
- Faire de la propagande sur la nécessité du « tous ensemble », de la grève générale, du blocage de l'économie, de la société qu'on voudrait, de celle qu'on ne veut pas, des moyens pour y arriver. Et bien sûr défendre nos mesures transitoires. Certaines peuvent trouver un large écho, comme le monopole public ferroviaire, le monopole public de la santé, l'interdiction des licenciements et la réquisition sous le contrôle ouvrier des entreprises capitalistes (on peut agiter les exemples de Ford, Carrefour, Lactalis...).
- Chercher à unifier notre classe au maximum derrière des objectifs communs de lutte contre le gouvernement et le patronat, sans fétichiser l'unité des appareils syndicaux, ni en faire un préalable à l'action. L'unité des travailleurs se construit à travers les luttes et les mobilisations sur telles ou telles revendications, souvent limitées au départ, mais si des salariés ou des militants y ont la préoccupation d'y défendre une politique visant à mettre en cause le pouvoir des capitalistes et la nécessité de prendre nos affaires en mains, des bonds fondamentaux s'opèrent dans la conscience de classe.
- Être les meilleurs artisans (avec d'autres, les autres militants révolutionnaires, les syndicalistes radicaux, prêts à s'émanciper de la tutelle bureaucratique) de la construction des outils d'auto-organisation des luttes en cours : assemblées générales, coordinations, (comme celle encore embryonnaire dans la santé à l'initiative de syndicalistes hospitaliers), parmi les salariés et la jeunesse. Chercher à regrouper politiquement toutes celles et ceux qui veulent agir dans ce sens dans un pôle ouvrier « lutte de classes » qui pourrait s'identifier comme une direction alternative à celle des directions syndicales. L'initiative de la rencontre initiée par le Front Social le 7 avril à la Bourse du Travail s'adressant à l'ensemble des acteurs du mouvement social pour « nous rencontrer, nous regrouper, de nous unir pour faire de mai 2018, notre joli mois de mai » est une occasion importante d'avancer dans cette voie. Les militants du NPA doivent contribuer à sa réussite car cette initiative peut dépasser largement celle d'un groupe de militants déjà avertis des enjeux mais constituer une étape de construction du mouvement d'ensemble, notamment si des équipes de travailleurs en lutte (Ford, Postiers, Cheminots, Hospitaliers) s'y rendent avec la volonté de se coordonner pour proposer à l'ensemble du monde du travail une perspective d'affrontement généralisé avec le gouvernement et les patrons. L’ordre du jour découpé entre des moments en plénier et en ateliers par secteurs et fronts de lutte doit favoriser cet objectif.
- Construire notre organisation, renforcer notre implantation ouvrière et dans la jeunesse, en prouvant notre utilité dans ce nouveau cycle de bagarres sociales qui s'ouvre. Le cinquantenaire de mai 1968 est une formidable occasion pour organiser partout des réunions publiques afin de mettre en avant l'actualité de nos idées révolutionnaires et d'émancipation.