Macron a passé beaucoup de temps à se mettre en scène la semaine
dernière... On a eu le droit au Macron des villes et au Macron des
champs, à la maternelle ou à la tour Eiffel, mais en tout cas assumant
la totalité de sa politique antisociale, répressive et guerrière.
Provocateur avec les étudiants qui n’auront pas de « diplômes en chocolat », faussement compréhensif avec les cheminots dont il trouve « l’inquiétude légitime »,
martial à l’encontre des zadistes de Notre-Dame-des-Landes, et apprenti
maître du monde au côté de Trump avec lequel il a décidé de larguer des
bombes en Syrie, le « président des patrons » cherche un second souffle
auprès de l’opinion la plus réactionnaire. Mais ses opérations de
communication, tellement léchées qu’elles en deviennent ridicules, et sa
fuite en avant autoritaire, prouvent que la fébrilité commence à
s’emparer du pouvoir face à l’ambiance de contestation générale qui se
renforce au fil des semaines.
Macron provoque, mais il tremble
Dans
les universités, plus les flics interviennent violemment, plus les
étudiants font preuve de solidarité et plus les assemblées générales et
les manifestations grossissent ! C’est le cas à Nanterre, à Paris 1, à
Paris 8, à Rennes, à Metz, à Lyon… notamment depuis la semaine dernière. Dans ces universités, la grève s’est
étendue et le report ou l’annulation des partiels sont désormais à
l’ordre du jour des actions ou des discussions en AG. Un mouvement
national étudiant est en train de voir le jour.
La répression et
la violence touchent aussi les zadistes de Notre-Dame-des-Landes qui,
après avoir gagné l’annulation d’un aéroport inutile et nuisible pour
l’environnement, souhaitent rester sur place pour continuer à travailler
la terre et à expérimenter un mode de vie alternatif à celui du
capitalisme. Inacceptable pour le gouvernement. Mais quoi qu’il en dise,
il ne parvient pas à mettre fin à cette occupation déterminée.
Détermination dans les luttes
D’ailleurs,
des victoires sont possibles contre la répression : dans les
Hauts-de-Seine, le tribunal de grande instance a ainsi débouté La Poste
qui voulait interdire l’accès à ses bureaux à Gaël Quirante, militant
syndicaliste dont elle a voulu se débarrasser en le licenciant avec
l’aval de la ministre du Travail Pénicaud. Alors que les postiers de
plusieurs bureaux du 92 sont en grève reconductible depuis le 26 mars,
pour la réintégration de leur camarade et pour leurs conditions de
travail, cette victoire en justice montre que la détermination et la
lutte commencent à payer ! Plusieurs départements sont touchés par des
mouvements de grèves longs et déterminés à la Poste (le 33, le 35) ou
que d’autres commencent à l’être (le 13) : ainsi se dessine la
possibilité d’un mouvement à l’échelle nationale dans ce secteur. En
tout cas, c’est ce que défendent les équipes militantes les plus
mobilisées, car elles sont persuadées que c’est à cette condition que
les salariéEs pourront gagner sur l’ensemble de leurs revendications.
Du
côté des cheminots, s’ils et elles continuent à faire grève
massivement lors des deux jours hebdomadaires programmés par les
directions syndicales du secteur, il a été décidé dans plusieurs
assemblées de gares parisiennes (Paris Nord, Paris Saint-Lazare,
Austerlitz) de poursuivre la grève en continu. La stratégie de « la
grève loto » est ainsi remise en cause par celles et ceux qui sont
déterminés à aller vers un mouvement d’ensemble. Il est désormais
important de regrouper localement, régionalement, voire nationalement
les grévistes qui défendent cette orientation avec des AG inter-gares,
des coordinations de salariés des secteurs en grève, bref, de faire des
pas concrets vers la convergence des luttes, comme ce qu’il s’est passé
samedi 14 avril à la gare Saint-Lazare.
Étendre les grèves et les faire converger
Cette
conscience qu’il faut aller vers le « tous ensemble » pour infliger
une défaite au gouvernement et faire ravaler un tant soit peu leur
morgue aux riches et aux patrons commence à se frayer un chemin dans les
têtes. Il faut désormais bousculer le calendrier défini par les
directions syndicales. C’est le moment d’y aller ! Il y a suffisamment
de colère accumulée au sein du monde du travail et de la jeunesse. Si
les Air France, les Carrefour, les Ford, les hospitaliers, les
cheminots, les fonctionnaires, les éboueurs, les postiers, les
étudiants mesurent la force collective qu’ils représentent et la peur
qu’ils et elles peuvent inspirer, s’ils et elles s’unissent et rentrent,
une bonne fois pour toutes, ensemble dans la bagarre, c’est ainsi que
pourra émerger un avril-mai 2018 aux allures de grève générale. Si
chacune des luttes en cours s’étend et que d’autres secteurs du monde du
travail s’y joignent, nous rendrons le pays ingouvernable et nous
obtiendrons satisfaction !
Marie-Hélène Duverger
dans l'hebdo L'Anticapitaliste n° 426 (19/04/2018)