Édito du 19/02/19

Après trois mois d’expression de la colère sociale dans la rue, 
continuons toutes et tous ensemble par la grève ! 

Malgré les grenades de désencerclement, les tirs de flashball, malgré l’acharnement judiciaire contre les manifestants, trois mois après le 17 novembre, les manifestations de « Gilets Jaunes » du samedi continuent à rassembler du monde. Ce mouvement concentre en effet toute une partie de la colère sociale qui existe dans le pays. Car le ras-le-bol est immense contre la morgue de Macron et de ceux qu’il représente, les capitalistes. 

Contre l’extrême droite… et les tentatives d’instrumentalisation du gouvernement 

Ces dernières semaines, des groupuscules identitaires d’ultra et d’extrême droite ont multiplié les provocations et les attaques contre des militants du mouvement ouvrier et social, comme cela a été encore le cas à Toulouse le 10 février. La semaine dernière, des actes antisémites ignobles ont été commis : croix gammée sur une peinture représentant Simone Veil, profanation d’un  arbre planté à la mémoire d’Ilan Halimi, et tag « Juden » sur une boutique Bagelstein. Samedi, Alain Finkielkraut a été agressé aux cris de « sale race » et « on est chez nous ». Même si Finkielkraut distille lui-même un discours raciste et islamophobe abject, ces insultes sont intolérables. Ces actes portent la trace de l’extrême droite, de ceux qui cherchent à détourner la colère populaire sur des boucs émissaires et entretiennent la division dans notre classe. 

Mais que dire de Macron et son gouvernement qui tentent d’instrumentaliser ces actes ignobles pour décrédibiliser toutes celles et tous ceux qui cherchent à relever la tête contre leur politique ? Ces mêmes qui, il y a quelques mois, tentaient de réhabiliter Pétain, et rendaient hommage à Charles Maurras et Louis-Ferdinand Céline, deux écrivains antisémites qui ont collaboré avec les nazis ! Ce même gouvernement qui applique le programme de l’extrême droite, lorsqu’il fait voter la loi asile-immigration, réduisant considérablement les droits déjà faibles des migrants ; ce même gouvernement, dont le ministre de l’Éducation, Blanquer, veut imposer de dresser des drapeaux français et européens dans toutes les salles de classe… Ce n’est certainement pas en se rangeant derrière Macron et ce gouvernement que nous pourrons combattre le racisme et l’antisémitisme, au contraire !   

Pour défaire Macron et son monde : il faudra une grève générale ! 

Ce week-end a marqué le troisième mois de mobilisation des « Gilets Jaunes ». Alors que la répression la plus violente continue de s’abattre, avec la semaine dernière un manifestant qui a eu la main arrachée par une grenade de désencerclement lancée par la police, les manifestants font toujours preuve d’autant de détermination. Cependant, malgré cette détermination, malgré la durée de la mobilisation, le gouvernement continue d’avancer son agenda de réformes antisociales et réactionnaires : application de la réforme du lycée, de Parcoursup et de la hausse des frais d’inscription, réforme de l’assurance chômage qui pénalise encore plus les chômeurs, réforme des retraites pour allonger la durée de cotisation et baisser encore les pensions, réforme de la fonction publique qui aboutira à de nouvelles suppressions d’effectifs et des conditions de travail encore dégradées… 

Il est évident que, pour pouvoir stopper le gouvernement et sa politique, il est nécessaire de passer à une étape supérieure de la mobilisation. La stratégie des directions syndicales n’aide évidemment pas dans cette perspective : la mobilisation interprofessionnelle du 5 février est venue bien tard, et la prochaine date est appelée le 19 mars. Pour bloquer le gouvernement et les capitalistes, il faudra bien plus que ces simples journées d’action éparpillées. Or, les manifestations du 5 février, qui ont rassemblé malgré tout plusieurs dizaines de milliers de travailleurs et travailleuses, l’ont montré : il existe une disponibilité à la lutte dans notre camp social. Dans l’Éducation nationale, des établissements sont entrés en grève reconductible contre la réforme du lycée et les suppressions de moyens. A la Poste, la grève des postiers et postières du 92 continue avec toujours autant de détermination. Dans la jeunesse, la réforme de la hausse des frais d’inscription révolte toujours autant d’étudiants. Pour pouvoir en finir avec le gouvernement et stopper les capitalistes, il sera nécessaire de généraliser et de faire converger ces différentes mobilisations dans un vrai « tous ensemble », dans lequel jeunes, travailleurs, salariés se battent tous ensemble contre leur ennemi commun : les capitalistes et le gouvernement à leurs ordres. Le 19 mars prochain ne doit pas être une simple nouvelle date d’un calendrier d’actions saute-mouton. Il faut faire de cette journée une véritable journée de grève interprofessionnelle, que le pays soit à l’arrêt, et mettre d’ores et déjà en discussion la question de la reconduction de la grève.