Depuis la fin du mois de janvier, les postiers et postières grévistes des Hauts-de-Seine (92), accompagnés de leurs soutiens, ont multiplié les actions visant à accentuer la pression pour obtenir l’ouverture de réelles négociations, autour d’une proposition écrite de protocole de fin de conflit.
Si la direction du groupe La Poste et la direction départementale du 92 n’avaient pas digéré une série de défaites juridiques - notamment l’appel de la cour de Versailles qui reconnaissait à l’organisation syndicale de choisir ses représentants, ainsi que le droit de faire des prises de parole sur les centres, sans autorisation préalable - elle continue à afficher l’attitude de fermeté qu’elle adopte depuis 11 mois maintenant : refus d’engager des négociation sérieuses sur la base de propositions, refus de recevoir les délégations de grévistes au siège, fermeture de toutes les portes dès qu’ils s’en approchent, armada de vigiles privés (loués par la Poste depuis la mi-avril).
Mais la détermination des grévistes, ainsi que le soutien dont bénéficie la grève, matérialisé par l’existence d’un comité de soutien, a permis de faire de nouvelles démonstrations contre la direction.
« Bienvenue au village La Poste »
Le mercredi 30 janvier au matin, une centaine de grévistes et de soutiens se regroupent et tentent d’envahir le siège du groupe La Poste, situé à Issy-les-Moulineaux où de nombreux sièges d'entreprises (Bouygues, Sodexo, Coca-Cola, Microsoft…) ont pris leur quartier. Les travailleurs qui font la richesse de ces groupes sont rarement les bienvenues dans ces vitrines cossues. Les postiers sont empêchés d’entrer par les vigiles privés, qui font d’ailleurs preuve d’une brutalité toute particulière. S’ils ne parviennent pas à entrer, leur simple présence perturbe cependant considérablement le fonctionnement normal du siège, puisque la direction choisit de s’enfermer, en posant des chaînes sur les portails. Les cadres et employés qui viennent travailler ou qui ont des réunions restent bloqués dehors ! Ils sont d’ailleurs nombreux à être passablement énervés par l’attitude irresponsable de la direction.
S’arrêter là aurait pu laisser un goût un peu amer aux grévistes. Mais c’était sans compter sur leur détermination. L’après-midi même, ils reviennent, cette fois par l’arrière du bâtiment. Les vigiles et la sécurité de la boîte, qui ne s’attendaient pas à une telle détermination, sont totalement débordés. Les grévistes et les soutiens parviennent à rentrer et à se précipiter au sixième étage, où se trouve la direction nationale du courrier. Les vigiles, dépités de n’avoir pas pu arrêter les grévistes, font à nouveau preuve d’une grande violence : un gréviste est traîné à terre, une militante membre du comité de soutien est insultée de « pute »… Un accueil qui tranche un peu avec l’affiche « Bienvenue au village La Poste » placardée un peu partout dans le bâtiment ainsi qu’avec les affiches de la campagne du groupe contre les discriminations notamment sexistes. Mais au sixième étage, l’ambiance est très festive. Les grévistes sont très fiers d’avoir tenu tête à la direction et à sa milice. Les slogans résonnent : « La Poste elle est à qui ? Elle est à nous ! ».
Mais cette ambiance festive n’est pas du goût des cadres dirigeants de la boîte. Au bout d’une heure et demie, une armada de CRS commence à débarquer dans la cour, casqués, boucliers à la main… L’intervention est très violente : la police défonce les portes à coup de bélier. Un vigile, qui a voulu faire du zèle et ouvrir la porte aux CRS, est même plaqué au mur et pratiquement gazé ! En face de cette armée, dont certains policiers armés de LBD 40, des grévistes et leurs soutiens qui chantent des slogans, en chaîne. On voit bien de quelle côté est la violence ! Le photoreporter, Nnoman, filme l’action qui est retransmise en direct sur facebook, et sa vidéo devient très vite virale. En quelques heures, elle dépasse les 500 000 vues, et trois jours plus tard elle atteint le million ! Avec des milliers de commentaires de soutien aux grévistes, dénonçant l’attitude de La Poste et la violence de l’État et de sa police…
La direction pensait sans doute qu’une évacuation policière calmerait les ardeurs des grévistes. Mais dès le lendemain matin, jeudi 31 janvier, la même centaine de grévistes et de soutiens retournent en manifestation devant le siège. À nouveau, la direction se barricade et déploie sa milice privée, mais la gêne se lit sur les visages des vigiles suite à leur déconvenue de la veille. Pendant toute la matinée, le fonctionnement du siège est de nouveau paralysé, et de nombreux cadres errent, désorientés, sans comprendre l’absurdité de la situation.
Et l’après-midi, les grévistes décident d’aller occuper le Crossing, le siège de La Banque postale. Avec les soutiens, ils entrent facilement, et envahissent la salle du conseil d’administration. Les cadres de La Banque postale et son responsable des relations sociales prétendent qu’ils ne s’opposeront pas à l’occupation et qu’ils ne feront pas appel à la police. Mais les grévistes le savent : une parole de cadre reste une parole de cadre, surtout quand des ordres peuvent venir de la direction du groupe lui-même. Dans la soirée, les grévistes apprennent qu’une intervention policière est imminente. À la demande de La Poste, les préfectures de Paris et des Hauts-de-Seine se préparent à faire intervenir les CRS alors qu’à quelques kilomètres de là, des corrompus comme Balkany ou Solère dormiront tranquilles !
À nouveau, l’intervention policière est très violente. Les CRS font encore usage des béliers contre les portes de la salle du conseil qui finit en miette. Dans la salle les méthodes sont différentes : grévistes et soutiens prennent soin de nettoyer la table quand ils rassemblent leurs affaires. Lorsque les CRS déboulent dans la salle, ils s’époumonent en chantant des slogans. Le plus populaire ? En direction des caméras qui filment : « Philippe Wahl, on sait que tu regardes, on vient te chercher chez toi ! ». Le message au PDG de La Poste est clair. Armés, casqués et protégés derrière des boucliers comme s’ils encourraient le moindre risque, les CRS « accompagnent » les grévistes jusqu’à la sortie. Mais la fierté est grande dans le rang des manifestants, qui savent que la dignité des travailleurs qui relèvent la tête ne peut être écrasée à coup de bélier.
Grévistes et soutiens : un même combat
Le moins que l’on puisse dire c’est que la direction de La Poste a cherché à afficher une attitude de fermeté. Mais en face, ces deux occupations, coup sur coup, ont considérablement renforcé les liens entre les grévistes et leurs soutiens. Des usagers de La Poste, travailleuses et travailleurs combatifs de divers secteurs du public et du privé ont naturellement choisis d’accompagner les grévistes dans leurs actions car leur solidarité ne se place ni dans une logique délégataire ni dans une logique de charité. Dans les discussions fraternelles ou face à la police, il est évident pour toutes et tous que grévistes et militants extérieurs à La Poste partagent le même combat.
Parmi ces soutiens, étaient entre autres présents de nombreux étudiants et étudiantes de Nanterre. Les postiers grévistes ont toujours cherché à tisser des liens avec les autres secteurs en lutte. Au printemps dernier, et en décembre, ils se sont rendus dans les AG étudiantes, ont aidé en avril à bloquer les examens… Alors il a semblé logique à des étudiants d’occuper le siège d’une grande entreprise avec ces travailleurs en lutte. Ces deux journées, ont soudé et renforcé les liens entre tous ces militants.
Ces actions communes étaient également l’occasion pour les grévistes et pour le syndicat SUD Poste 92 de rappeler le rôle crucial que joue le soutien extérieur à la grève. Le soutien matériel et financier au travers des collectes et des fêtes hebdomadaires organisées au profit de la caisse de grève mais aussi la solidarité politique et militante, sont en effet centraux après 11 mois d’une grève aussi exceptionnelle. Ces deux journées épiques ont montré la force que donne l’alliance des grévistes et de leurs soutiens… et la nécessité de l’élargir pour gagner.
Lutte de classes
Lors des rencontres du vendredi 1er et du lundi 4 février, les responsables de l'entreprise continuent à justifier les projets des réorganisations et de suppressions d'emplois malgré les 22 décisions de justice en quatre ans condamnant La Poste 92 pour défaut d’information aux CHSCT sur la quantification de la charge de travail, qui donnent raison aux grévistes. Il ne peut y avoir d’issue au conflit sans report significatif des restructurations mais ces audiences n’étaient pas des séances de négociation mais des séances de provocation. En effet, la direction conditionnait le report des restructurations au-delà de 2019 à l’acceptation par les grévistes de la distribution des plis non adressés, des nouveaux services etc. Un véritable chantage.
Mardi 5 février, au 317ème jour du mouvement, les grévistes ne sont pas prêts à accepter le chantage de La Poste et se rendent au siège parisien de l’ensemble des service postaux. Dès l’entrée dans les lieux, ils ne peuvent s’empêcher de comparer le bâtiment luxueux, ses terrasses avec vue panoramique, ses salles de repos confortables avec le bureau Gennevilliers, son amiante et ses rats. Mais ils ne sont pas venus simplement pour faire le tour du propriétaire. Les grévistes sont clairs, tant que la boîte refusera de négocier un compromis, ils feront le tour des sièges. Le directeur de Poste Immo, l’opérateur immobilier du groupe, rencontré par les grévistes à la cantine fait preuve d’un courage sans limite… en quittant les lieux aussi vite que possible. En cette journée de mobilisation interprofessionnelle, les postières et postiers doivent ensuite rejoindre la manifestation parisienne durant laquelle ils organisent un point fixe. La solidarité est au rendez-vous : les marques de sympathies sont nombreuses (d’autant plus qu’un grand nombre de manifestants a vu les images de la brutalité policière utilisée à l’encontre des postiers), des cortèges s’arrêtent pour saluer les grévistes de La Poste en slogans, les dons affluent.
Le lendemain, c’est cette fois dans les locaux de la direction des Hauts-de-Seine que se rendent les grévistes, bien décidés à ne pas relâcher la pression pour imposer à La Poste de négocier sérieusement. Un cadre de la direction départementale, Monsieur Blériot, agresse violemment un gréviste devant témoins. Nordine, facteur à Asnières-sur-Seine, est frappé à coups de poing dans le nez qui lui vaudront 10 jours d’ITT. Le cadre qui est un récidiviste, puisqu’il avait déjà agressé des postiers avec une barre de fer lors d’un mouvement de grève en 2009, ne doute pas qu’il sera protégé et clame qu’il a « un frère officier de police judiciaire ». Et quels que soient les liens familiaux de ce cadre, les grévistes voient bien que la police ne sera pas de leur côté, bien qu’ils aient été victime d’agression. Les postiers et postières en luttes ont maintenant l’habitude des huissiers, des vigiles et des agents de police aux ordres de La Poste, et il ne se laissent pas intimider. Mais ils décident de quitter les lieux afin d’accompagner Nordine pour porter plainte. Le soir même était prévu un rassemblement de soutien à la grève devant le siège du groupe. Les soutiens sont là ainsi que les membres du comité fédéral de SUD PTT qui se réunissait pendant la journée. Le dispositif policier est important mais les grévistes délivrent un message à leur direction : la répression, les violences ne stopperons pas leur mobilisation qui repose sur une grève de 20 % des factrices et facteurs du département, une grève qui est majoritaire dans cinq communes, qui est soutenue par la majorité des postiers des Hauts-de-Seine et qui dispose d’un large soutien en dehors de l’entreprise. Leur détermination est intacte et lors du rassemblement elle se lit sur les visages.
Après avoir participé au rassemblement de soutien à leur collègue Yann Le Merrer - fonctionnaire révoqué de La Poste pour son activité syndicale puis réintégré suite à une décision de justice contre laquelle La Poste a fait appel - c’est Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances (ministère de tutelle des activités postales) que les grévistes viennent chercher le jeudi 7 février. Ils « tapent l’incruste » au salon des entrepreneurs où il est invité. Tout un symbole ! Nez à nez avec Gaël Quirante, secrétaire départemental de SUD Poste 92, qui l’interpelle et lui rappelle quelques réalités, le ministre semble bien mal à l’aise. Mais en toute situation un politicien bourgeois de sa trempe sait parler la langue de bois. Il dit qu’il s’occupera « personnellement du dossier du 92 »… Mais au besoin les grévistes s’occuperont collectivement de recroiser son chemin.
Le lundi 11 février, une délégation composée de représentants du comité de grève, de SUD Poste 92 et de la fédération SUD PTT rencontre la direction. Au même moment des grévistes distribuent le communiqué de SUD PTT sur l’agression de Nordine à leurs collègues de plusieurs centres (Gennevilliers, Rueil Seine, Rueil Sardou, St-Cloud, Asnières, Nanterre, Meudon-La-Forêt, Clichy et Courbevoie). Lors de l’audience de négociation qui n'en est pas une, les représentants de La Poste ont refusé de condamner l’agression commise contre un gréviste par un cadre. La direction couvre le recours à la violence physique en parlant de « légitime défense ». La direction qui est une adepte des sanctions disciplinaires, en particulier dans les Hauts-de-Seine, n’envisage aucune mesure, confirmant ainsi que les méthodes de barbouzes ne sont pas simplement celle d’un cadre mais un choix de l'entreprise.
Les postiers se rendent à la préfecture des Hauts-de-Seine le mercredi 13 février, pour demander des comptes quant à l’attitude de cette dernière, qui sans aucune décision de justice a systématiquement fait intervenir les « forces de l’ordre » contre les grévistes, agissant comme une milice à disposition de La Poste. Si les grévistes connaissent les liens particuliers entretenus par leur entreprise avec l’État du fait de son passé de service public, et qu’ils connaissent le rôle joué par la police contre tous les mouvements sociaux comme la mobilisation des Gilets jaunes, ils n’entendent pas l’accepter. Ce même jour, se tient un rassemblement de soutien à Xavier Chiarelli, représentant de SUD Poste 92. En effet La Poste a convoqué une commission disciplinaire pour « propos outrageants tenus publiquement à l’encontre du PDG Philippe Wahl » et demande trois mois de mise à pied, car Xavier a osé pointer la responsabilité du PDG dans les suicides de postiers. Rien de tel contre l’agresseur de Nordine… Avant la commission disciplinaire, Xavier résume le contexte dans lequel se déroule actuellement la grève : « On sait qu'on baigne dans une ambiance où on est des centaines de milliers, des millions à avoir envie de se venger de se faire opprimer, humilier, de se faire exploiter. Et notre grève est un épisode de cette bagarre là, qui est plus large que ce qu'il se passe à La Poste dans le 92. C'est une bagarre qui prend ses racines dans le passé et qui va continuer dans le futur. Je suis extrêmement fier et je revendique de faire partie de cela. Ça s'appelle la lutte de classe. »
Depuis le début de leur lutte, ils doivent à la fois faire face à la répression patronale de La Poste et à la répression policière et judiciaire, qui font partie des armes de la classe capitaliste. Cette même semaine, quatre grévistes - Gaël, Dalila, Mohamed et Brahim - ont une convocation « pour première comparution » auprès d’un juge d’instruction avec possible mise en examen pour « Violation de domicile », « dégradations volontaires » et « violences volontaires » pour des faits imaginaires remontant à une grève de 2014. Pour exercer une pression sur la grève en cours, pour tenter de faire peur aux grévistes, une affaire apparait cinq ans après !
Les postières et postiers grévistes poursuivent les prises de parole matinales auprès de leurs collègues comme le 18 février à Boulogne ou Nanterre le 19 février. A Boulogne, ils ont notamment rappelé que 44 intérimaires ont obtenu un CDI grâce au mouvement de grève (une bonne partie travaille actuellement à Boulogne car la grève y est majoritaire) et ont mis en garde contre le risque de réorganisation suite à l’alliance entre la direction et FO dont un représentant a été élu comme secrétaire du CHSCT avec le soutien du directeur alors que cette organisation était minoritaire aux élections. Les grévistes continuent également à s’adresser à toutes celles et ceux qui luttent et à converger avec eux par exemple en participant au rassemblement de soutien aux travailleurs des bus municipaux de Saint-Denis, le 15 février, en grève reconductible depuis trois semaines ou encore en accompagnant les ouvriers de Ford Blanquefort au ministère de l’Économie, le 18 février.
« Oh Pénicaud, on vient te chercher chez toi »
Le mercredi 20 février, 70 postiers et postières des Hauts de Seine, avec des soutiens, entrent dans la cour d’honneur du ministère du Travail. Leur objectif est d’interpeller Muriel Penicaud, qui par son autorisation de licenciement de Gaël Quirante, est à l'origine de la grève. En voulant aider La Poste à mater celles et ceux qui résistent, la ministre a mis le feu aux poudres : elle doit maintenant intervenir pour l’ouverture de réelles négociations et la signature d’un protocole de fin de conflit. Mais cette visite, aussi pacifique soit elle, ne plaît manifestement pas à la ministre. Le gouvernement redoute-t-il que la chanson « on vient te chercher chez toi » qu’on entend chaque samedi lors des manifestations des Gilets jaunes soit pris au pied de la lettre comme le font les postiers ? Une membre du secrétariat interministériel est descendue auprès des grévistes en leur assurant qu'on leur proposerait un rendez-vous en début de semaine prochaine. Mais en lieu et place de date de rendez-vous, ce sont les CRS qui débarquent et poussent violemment les grévistes et les soutiens dans la rue. Ils nassent les manifestants, puis quand ces-derniers quittent les lieux par groupe de cinq, une vingtaine de CRS saute sur le groupe où se trouve Gaël Quirante pour l’interpeller. Cette opération est particulièrement brutale : outre Gaël, qui est plaqué au sol et subi une clef de bras, deux militants du comité de soutien ont le bras fracturé ; des grévistes reçoivent des coups de poing et de matraque !
Cet acharnement répressif contre les postiers et postières grévistes des Hauts-de-Seine montre qu'ils incarnent aujourd'hui une combativité, une détermination, que le patronat et le gouvernement veulent écraser. Si La Poste, avec le soutien du gouvernement et de sa police, dépense tant de moyens pour empêcher la grève d'obtenir satisfaction, c'est parce que si cette grève gagnait, elle pourrait ouvrir des vannes pour les autres luttes dans l’entreprise mais aussi pour d’autres luttes ouvrières et entrer en résonance avec la rage et la colère qui s’expriment chaque samedi, lors des manifestations des Gilets jaunes auxquelles des grévistes et des soutiens participent chaque semaine.
Élargir le soutien : le chemin vers la victoire !
Cette interpellation et ces brutalités ont suscité une large indignation, un regain de solidarité. Le soir même, 200 personnes se rassemblent devant le commissariat du XIIIème arrondissement de Paris pour soutenir Gaël et les grévistes. Nombreux sont celles et ceux qui prennent la parole alors que Gaël vient d’être libéré suite à un vice de procédure, comme Olivier Besancenot, le député Eric Coquerel, des syndicalistes du ministère du Travail, des cheminots, des militants contre les violences policières, des gilets jaunes etc...
Lors de sa prise de parole Gaël résume l’enjeu de la grève et la raison de sa durée : « ce que veut la direction de La Poste c’est que les 150 collègues qui mènent cette grève avec un courage énorme soit défaits, que quand ils reprennent le boulot ils n’aient plus envie de se battre, qu’ils n’aient plus envie de s’opposer à la direction. Et le dernier rempart qu’il leur reste, c’est la force brute, c’est les vigiles, les CRS, la garde à vue, les violences ». En 11 mois la grève n’a pas reculée, les grévistes ont tenus bon ; leur mouvement a obtenu le soutien de plus de 51 % de leurs collègues lors des élections professionnelles avec un taux de participation élevé, supérieur de 17 points à la moyenne nationale ; la justice a reconnu à Gaël le droit de représenter les salariés malgré son licenciement car il en a reçu le mandat de son organisation syndicale. La Poste a perdu sur tous les plans mais refuse encore de plier. Seule la solidarité, le soutien actif à la grève, notre unité autour des grévistes peut maintenant faire basculer le rapport de force en leur faveur.