Ce monde qui rejette les migrants à la mer et qui emprisonne celles qui les sauvent, on n'en veut plus ! À bas la barbarie capitaliste !

Samedi 29 juin, les 40 migrants bloqués à bord du navire de l'ONG Sea-Watch depuis 17 jours ont pu débarquer sur l’île italienne de Lampedusa. Mais la capitaine du navire Carola Rackete a été arrêtée après avoir accosté sans autorisation et risque jusqu'à dix ans de prison car elle est accusée d'avoir effectué une « manœuvre dangereuse » contre la vedette des douanes qui lui barrait le chemin du port. 

« Salvini en prison, Carola et Pia à la maison ! » 

Sa compatriote Pia Klemp, dont le procès a démarré le 12 juin dernier en Italie, elle aussi capitaine de navires prêtant secours en mer Méditerranée, est quant à elle menacée de vingt ans de prison ! Les salauds de ce monde n'ont décidément aucune retenue. Ce qui pourrait les faire changer d'avis c'est la campagne de solidarité avec ces deux « capitaines-courage » qui est en train de se développer partout en Europe. Liberté immédiate pour Carola ! Aucune poursuite contre elle ! Amnistie pour Pia et pour toutes celles et ceux qui s'engagent pour la défense des droits humains les plus élémentaires. C'est Salvini, le ministre italien de l'Intérieur et un des dirigeants les plus emblématiques de l'extrême droite européenne, qui a du sang sur les mains. Les migrants secourus par le Sea Watch ont fui la torture perpétrée dans les prisons libyennes, elles-mêmes financées par les différents gouvernements italiens (et pas seulement celui de Salvini) qui délèguent aux dirigeants libyens la tâche d'empêcher, par tous les moyens, y compris par la mort organisée, les réfugiés de l'Afrique subsaharienne de venir jusqu'en Europe. 

Le bal des hypocrites 

Mais les dirigeants d'extrême droite italiens ne sont pas les seuls coupables. Ce sont tous les dirigeants de l'Union européenne qui depuis dix ans renforcent de manière conjointe la fermeture des frontières européennes et s'accusent mutuellement à la moindre occasion d'être le plus « avare » pour « l'accueil » des réfugiés. Le gouvernement français accuse ainsi depuis vendredi soir celui d'Italie d'avoir fait « le choix d'une stratégie d'hystérisation » (!) alors que Macron et Philippe pratiquent la chasse aux sans-papiers et que les camps de rétention sur le sol français ne désemplissent pas. Et si le Sea Watch est resté 17 jours au large de Lampedusa c'est qu'aucun autre port européen n'avait accepté de l'accueillir spontanément... alors que 53 personnes y avaient pris place après leur sauvetage au large de la Libye ! L'Italie, la France, l'Allemagne, le Portugal, le Luxembourg et la Finlande vont finalement « accueillir » chacun moins d'une dizaines de réfugiés ! La honte pour ces pays les plus riches de la planète. Plus de 50 000 migrants sont morts noyés en Méditerranée depuis dix ans. Les accords de Dublin, signés par l’ensemble des gouvernements européens nient les droits et la liberté de migrer en Europe pour qui fuit la guerre, la faim, la torture. 

L’affaire du Sea Watch n’est que la pointe de l’iceberg 

Ce sont le capitalisme et l’impérialisme les vrais responsables des migrations : les politiques belliqueuses des « démocraties », les désertifications produites par les saccages de l’environnement. Le vol – absolument légal, celui-ci – que les grandes puissances sont en train de développer dans l’ensemble du continent africain, jouant des coudes pour se procurer lithium et cobalt, les matières premières indispensables pour les batteries électriques et les technologies informatiques. Des millions de personnes migrent à l’intérieur de l’Afrique même, de pays en pays, contraints par la spoliation de leurs terres et par la faim. Ceux qui arrivent dans les prisons libyennes et espèrent arriver en Europe sont une goutte d’eau dans la mer de cette immense migration. 

C’est pour cela que la réponse à la tragédie de l’immigration ne peut s’arrêter à la revendication de l’accueil. Accueil et ouverture des ports, liberté de circulation et d'installation doivent être bien sûr soutenus sans réserve ni ambiguïté, dans l'Italie de Salvini mais aussi dans la France de Macron et partout en Europe. Mais cette bataille doit être menée dans une perspective anticapitaliste et anti-impérialiste, une perspective de libération sans frontière, car le mal doit être coupé à la racine. C'est la seule garantie pour qu'on en débarrasse définitivement l'humanité !

Éditorial du 01/07/2019