Coordination nationale interprofessionnelle : plus que jamais la lutte continue !

Samedi 28 mars s’est tenue, pour la deuxième fois en temps de confinement, la coordination nationale des AG interprofessionnelles, coordinations et comités de secteurs. Cette coordination a une nouvelle fois été un succès puisqu’elle a réuni une centaine de personnes en conférence téléphonée.

Leurs profits, nos morts
Les représentants et représentantes des différentes AG et secteurs ont d’abord pu témoigner du comportement abject du gouvernement et des capitalistes dans cette crise sanitaire. Un représentant de SUD Poste 13 a ainsi pu expliquer comment les cadres dirigeants de la Poste entravaient le travail des syndicalistes dans les CHSCT, et cherchaient à dissimuler et minimiser les cas de coronavirus pour tenter de maintenir à tout prix la distribution et l’ouverture des points de retrait. Une infirmière de Lyon a pu témoigner de la situation chaotique des hôpitaux, où on demande aux personnels soignants de laver et faire sécher leurs maques, et où ils doivent s’échanger leurs blouses au risque de se contaminer mutuellement. Un conducteur de la SNCF a également expliqué que si le trafic ferroviaire avait considérablement baissé, les risques au travail étaient toujours très présents, puisque la direction ne leur avait donné ni masques, ni gants, et que les cabines de conduite n’étaient parfois désinfectées que tous les 4 jours ! Un camarade de Moselle a égzlement évoqué la situation des ouvriers d’ArcelorMittal, notamment de Florange, face à la réouverture de leur usine, alors même que 12 cas de coronavirus sont avérés sur l’usine
Et pour ce qui est de la garde des enfants des personnels soignants, aucun matériel de protection, ni gants, ni masques, ni gel hydroalcoolique, ne sont fournis aux personnels volontaires des écoles et périscolaires. C’est également une camarade intérimaire qui a annoncé que, malheureusement, le premier décès d’un intérimaire de chez Manpower est intervenu, alors qu’il travaillait chez Fedex. Un camarade de Sud Commerce a également fait état de la lutte des salariés d’Amazon pour faire fermer la boîte, alors même que l’écrasante majorité des livraisons concerne du matériel qui n’est absolument pas indispensable à la lutte contre le coronavirus.
Autant d’interventions qui témoignent de la rapacité des patrons, prêts à sacrifier la santé voire la vie des salariés sur l’autel du profit.
Plusieurs étudiants et lycéens sont également intervenus pour raconter  ce que signifiait la « continuité pédagogique » : des cours en ligne alors que beaucoup d’entre eux n’ont pas d’accès à internet ; sur les universités, les présidences tentent même de mettre en place des partiels à valider sur Internet ! Des enseignants et enseignantes ont également témoigné de ce chaos provoqué par l’injonction ministérielle à la « continuité pédagogique », mais également du fait que, malgré le confinement, les rectorats maintiennent les suppressions de postes et fermetures de classes prévues pour la rentrée prochaine. 
Résistance et organisation
Mais cette coordination a permis aussi de faire le point sur les résistances, et sur les tentatives d’organisation qui, malgré le confinement, se mettent en place. Ainsi, l’AG interpro du 92 s’est réunie, avec des collègues de plusieurs dépôts RATP, des salariés de l’intérim, des postiers et postières, des étudiants et étudiantes, des profs… Mais à Rouen également, l’AG interpro téléphonée a réuni plus d’une vingtaine de personnes, et a permis de définir un mandat pour la coordination, notamment sur la grève des loyers et la réquisition des logements vides, ainsi que pour un appel à manifester massivement le premier samedi suivant la fin du confinement. L’AG interpro de Grenoble s’est également réunie, avec plusieurs secteurs représentés : éducation, culture, étudiants… Une coordination inter-lycées s’est également réunie, qui a été l’occasion pour les lycéens et lycéennes de faire le point sur tous les problèmes autour du bac et de Parcoursup. Une camarade de Meurthe-et-Moselle a fait état également des discussions qui se déroulent dans leur AG, qui s’est réunie deux fois par téléphone depuis le début du confinement, et a pu montrer comment la population manifeste sa colère à travers les banderoles aux fenêtres, les applaudissements pour les soignants qui s’accompagnent quelquefois de slogans contre le gouvernement. Enfin, une camarade de l’AG interpo de Romainville a témoigné de la situation dramatique de l’hôpital dans ce département populaire, où il n’y a plus un seul lit libre en réanimation, et où les médias bourgeois cherchent à faire porter la responsabilité de l’épidémie sur la population qui ne respecterait pas le confinement et les gestes barrière, alors même que l’épidémie est la conséquence de dizaines d’années d’austérité dans les services publics.
Droit de retrait et grève : agir dès aujourd'hui et préparer la suite
Cette riche discussion a permis d’aboutir à un appel à soutenir et généraliser l’exercice du droit de retrait, et à le combiner avec la grève des loyers pour étendre la lutte au plus grand nombre. La coordination propose notamment aux organisations du mouvements, partis, syndicats, ainsi qu’aux AG et coordinations, d’organiser une journée d’action et de mobilisation le mardi 7 avril. Elle appelle à réunir partout, avec les moyens technologiques appropriés, les collectifs de lutte, AG, coordinations… Et parce que dès le confinement sera terminé, il sera également temps d’en terminer avec cette société, elle appelle à manifester très massivement le samedi suivant la fin du confinement.  
Aurelien Perenna