ArcelorMittal : le virus du profit

Alors que depuis le 17 mars, le confinement est imposé à la population, les ouvriers des sites de production ArcelorMittal France doivent continuer le travail. 

Au départ, sous la pression des salariés, exerçant droits de retrait et d'alerte pour danger grave et imminent, la direction a fait mine d'être raisonnable et a arrêté la production quelques jours dans les usines comme celles de Florange ou de Mardyck. A Dunkerque, deux des trois hauts fourneaux ont été mis à l'arrêt et le train continu à chaud a cessé de sortir ses bobines de tôle.
Mais après une petite semaine, et en dépit des alertes de l'inspection du travail qui avertissait l'employeur de la situation dangereuse pour les salariés exposés au virus au travail, la soif de profits a été plus forte que la protection de la santé des ouvriers et la production a repris partiellement. 

La direction a eu beau mettre en place des « tutos » pour bien se laver les mains et des scotchs à terre pour marquer le mètre de distance obligatoire, ça ne suffit pas ! « On ne veut pas mourir pour de la tôle », « nos vies valent plus que leurs profits » ont écrit et répété les élus CGT des différents sites. Car comment être protégé du virus quand on côtoie tous les jours des dizaines de collègues dans les vestiaires, dans les cabines, sur les lignes de production, dans les opérations de maintenance, etc ? Et pourquoi utiliser des équipements de protection individuelle (EPI) qui pourraient être donnés aux soignants qui en ont tant besoin ? 

Ces préoccupations sont celles des travailleurs. La direction, elle, parle de clients qui attendent. Lesquels ? Alors que l'industrie automobile tourne au ralenti en Europe, on veut nous faire croire qu'il est indispensable de produire de l'acier en ce moment ? Comble du cynisme, l'usine de Montataire a redémarré avec le prétexte de produire des tôles censées servir à la fabrication de cercueils... 

D'un prétexte à l'autre
Mais peu importe les prétextes donnés, les capitalistes profitent de la crise pour poursuivre leurs propres objectifs. Ainsi, un jour on parle de production à assurer, le lendemain de suppressions d'emplois. L'annonce de la fermeture définitive de la cokerie de Florange a été faite le 6 avril, en pleine crise du coronavirus, l'épidémie servant d'excuse pour entériner un projet déjà ficelé. 170 emplois directs et au moins le double d'emplois induits sont détruits brutalement. 

Plus que jamais, nous devons empêcher les patrons de poursuivre tranquillement leur course au profit, exiger l'ouverture des livres de compte et le contrôle de la production par les travailleurs. 

Car notre santé doit passer avant leurs profits, décidons par nous mêmes de ce qui essentiel et de ce qui ne l'est pas ! Et commençons par refuser d'aller au boulot dans ces conditions en exerçant notre droit de retrait ! 

Correspondante