Macron mène une guerre... de classe !

« Nous sommes en guerre », a répété près de six fois Macron, le chef de l’État et des armées, lors de son allocution du 16 mars annonçant la mise en place du confinement pour lutter contre le Covid-19. 

Depuis cette tentative d’union nationale, le vernis gouvernemental se craquelle. En grande difficulté, les services de santé manquent de masques, de respirateurs, de lits et de personnel. De nombreux salariés – de secteurs absolument pas essentiels – sont envoyés au travail avec des mesures de sécurité au mieux médiocres, souvent inexistantes. Les cadeaux au patronat pleuvent, autant que les attaques contre les travailleurs. Quel qu’en soit le prix, le gouvernement cherche à maintenir autant que possible l’activité économique au détriment de la santé des salariés : il s’agit là d’une attitude criminelle dirigée contre le monde du travail. 

Une chose est sûre, le coronavirus n’a pas stoppé la lutte des classes. La guerre sociale que mènent patronat et gouvernement contre les travailleurs se poursuit, et la distribution de cadeaux aux entreprises se trouve amplifiée. 

Quand d’un côté, les menaces et les pressions s’exercent contre les salariés qui exercent leur droit de retrait, de l’autre le gouvernement fait tout pour sauvegarder les profits : 45 milliards d’euros débloqués pour les entreprises, report de leurs cotisations sociales à hauteur de 32 milliards d’euros, chômage partiel pris en charge par l’État pour au moins 8,5 milliards d’euros. Mais le plus grand des cadeaux faits à la bourgeoisie se trouve dans la loi dite « d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19 » et les ordonnances du 25 mars, en particulier l’ordonnance n° 2020-323. 

État d’urgence antisocial 

Le gouvernement s’octroie des pouvoirs exceptionnels et anticipe la sortie de la crise sanitaire en prévoyant de nous faire brutalement payer la crise financière qui s’annonce. Cette loi, créant un état d’urgence sanitaire pour 2 mois, sans contrôle parlementaire, permet au gouvernement de limiter la liberté de circulation et de réunion, empêchant ainsi tout rassemblement ou manifestation, notamment contre sa politique. Mais c’est surtout contre le droit du travail que le gouvernement a concentré son offensive. 

En effet, cet état d’urgence sanitaire offre une liberté phénoménale au patronat en remettant en cause des articles fondamentaux du Code du travail. Il lui est désormais possible de modifier les dates de congés payés (dans la limite de 6 jours ouvrables), avec un accord d’entreprise ou de branche, en transformant comme par magie les jours de confinement en journées de vacances. Il peut également fixer ou modifier unilatéralement les dates de RTT ou de jours de repos, permettant ainsi d’imposer aux salariés jusqu’à 10 jours de RTT ou de jours pris sur leurs comptes épargne-temps. 

Dans des secteurs « particulièrement nécessaires à la sécurité de la nation et à la continuité de la vie économique et sociale » – dont la liste n’est toujours pas définie à l’heure où nous écrivons –, le gouvernement torpille les 35 heures, déjà largement mises à mal. Pour faire face aux conséquences économiques, financières et sociales de la propagation du Covid-19, les entreprises de ces secteurs auraient droit, jusqu’au 31 décembre 2020, de porter la journée de travail à 12 heures et la semaine de travail à 60 heures ! Et dans de nombreux secteurs du monde rural et de la pêche, de fixer la semaine de travail à 48 heures. Enfin, les travailleurs de nuit pourront être exploités jusqu’à 44 heures par semaine. 

Pour voler au secours de l’économie et sauver les précieux profits des capitalistes, le gouvernement mitraille le droit du travail et entend faire payer la crise économique à notre camp. Pourtant, la société dans laquelle nous vivons déborde de richesses. Les entreprises du CAC 40 ont cumulé 91 milliards de bénéfices en 2018, et leurs actionnaires ont reçu 60 milliards de dividendes en 2019. Quand il a fallu payer pour le sauvetage de la cathédrale Notre-Dame de Paris, un milliard d’euros ont été trouvés en moins de 24 heures. La France compte 41 milliardaires, et le premier d’entre eux, Bernard Arnaud, possède près de 84,5 milliards d’euros. Pourquoi le monde du travail devrait-il payer la facture à la place de ces parasites ? 

Ce n’est pas aux travailleurs de payer la crise !

Face aux attaques, l’après-confinement se prépare dès maintenant. La multiplication des droits de retrait montre la combativité et la capacité de résistance qui traversent la classe ouvrière. Le préavis de grève déposé par des syndicats de la fonction publique pour tout le mois d’avril et une première tentative d’appel à la grève dans le commerce constituent, dans le contexte actuel, de précieux points d’appui pour faire pression sur les employeurs et se donner la possibilité de relever rapidement la tête face à la loi d’urgence sanitaire… Des points d’appui, mais aussi des exemples à suivre. 

La lutte des classes ne connaît pas de trêve !

Barth Ntr