Dans l’Ohio (Etats-Unis), le 3 février, un train acheminant des produits chimiques dont près de 500 tonnes de chlorure de vinyle a déraillé et pris feu. Un nuage de fumée flottant au-dessus de plusieurs comtés a déversé des pluies d’acide hydrochlorique. Elles peuvent causer des problèmes respiratoires, des cancers et des fausses couches. Dans les jours qui ont suivi, on observait déjà des volailles et poissons morts, plus des canidés gravement malades. Les autorités ont pourtant annoncé le 9 février aux habitants de la ville qui avait évacué qu’ils pouvaient rentrer chez eux sans souci, relayant le discours de l’entreprise de chemin de fer Norfolk Southern, qui assure qu’il n’y aurait pas non plus d’effet à long terme.
La couverture médiatique nationale de cet évènement a été volontairement réduite, avec des arrestations de journalistes tentant de faire leur travail. Ce manque de couverture a attisé la colère des particuliers qui la pallient via les réseaux sociaux, comme les travailleurs de la compagnie et leurs syndicats, dénonçant les conséquences et les coupables.
Alors que 4,5 millions de tonne de produits chimiques toxiques transitent chaque année par les rails dans le pays, les moyens sur ces installations ont été réduits. Et l’entreprise multimilliardaire avait fait du lobbying pour convaincre les politiques de laisser tomber un décret qui devait élever les standards de sécurité et rendre obligatoire un meilleur système de freinage. La cargaison avait même été classée délibérément comme non dangereuse pour éviter les frais pour les précautions d’usage et la compagnie n’a pas donné la liste exhaustive des produits présents.
Cette catastrophe nous rappelle celle de Lubrizol à Rouen en 2019, alors même qu’un incident industriel similaire s’est produit le mois dernier dans la même zone, par une entreprise de Bolloré. Là encore, des produits chimiques toxiques se sont répandus dans les environs. Et là encore les autorités minimisaient les faits en assurant l’absence de toxicité aigüe, l’entreprise de Warren Buffet n’avait pas délivré toutes les informations et les pouvoirs publics réduisent les contraintes juridiques pour les mesures de sécurité, ainsi que les personnels d’inspection, alors qu’il faudrait les renforcer !
Comme les habitants et travailleurs de Rouen, ceux d’Ohio et au-delà vont devoir se livrer à un bras de fer par la rue et par la grève s’ils veulent obtenir justice et surtout faire changer les choses !
Phane Speculant
Sources : ReporTerre - The Lever