Argentine : une crise politique grave... qui s’aggrave !

La crise argentine connaît un nouveau développement, avec le « suicide » du procureur Nisman, à la veille de la présentation devant le Congrès de députés d’une mise en accusation de la présidente Cristina Kirchner...

Celle-ci est accusée de complicité, concernant l’impunité dont ont bénéficié les auteurs de l’attentat de 1994 qui avait détruit le bâtiment de la communauté juive (AMIA) et provoqué la mort de 84 personnes en plein centre de Buenos Aires.

Les élections présidentielles pour remplacer Kirchner auront lieu en octobre et se préparent dans un cadre d’épuisement du régime, de crise économique, et maintenant de convulsion politique, qui touchent directement le cœur du pouvoir et toutes les institutions.

Pendant plus de 20 ans, l’attentat antisémite de l’AMIA aura été l’histoire de l’impunité et du règne des services de sécurité sur la justice, autour de manœuvres nationales et internationales. La Syrie a d’abord été mise en accusation, puis l’Iran. Les réseaux nationaux sont, eux, toujours restés dans l’ombre. Les États-Unis et Israël ont dicté de fait la conduite des « investigations ». Dernièrement, le gouvernement argentin a cherché un accord avec l’Iran, au moment où les États-Unis ont relancé les négociations avec ce pays. Tout indique que l’accusation lancée par Nisman était une opération venue des États-Unis et d’Israël contre ces négociations Argentine-Iran.

Cette impunité du régime se révèle aussi dans les autres assassinats politiques de ces dernières années : la disparition de Julio Lopez, l’assassinat de Kosteki et Santillan, le massacre de Rio Tercero, la mort de Mariano Fereyra, et beaucoup d’autres.... L’intervention et la responsabilité des services de renseignements a été toujours établie.

Putréfaction d’un régime

Mais les événements autour du « suicide » de Nisman montrent que les « opérations » de services ont fini pour occuper toute la place dans le domaine de la politique, de la justice, des institutions. Le commandant en chef de l’armée de terre César Milani est devenu le vrai patron des services, et ainsi le démiurge de la politique argentine. Il est poursuivi par la justice pour sa participation aux crimes de la dictature militaire...

Derrière la façade de régime « progressiste », le gouvernement Kirchner est un gouvernement répressif et dominé par les réseaux et les combines. Cette putréfaction est dénoncée par les partis de la gauche révolutionnaire du FIT (Frente de Izquierda y de los Trabajadores [1]) et par l’ensemble des organisations populaires et de gauche. Ils veulent que toute la clarté soit faite sur les conditions de la mort de Nisman et sur tous les crimes politiques, sans aucune confiance en l’enquête officielle. Est aussi demandée l’ouverture immédiate et totale des archives et des documents des services de renseignement, l’abrogation de la loi antiterroriste et du projet X (infiltration et espionnage des organisations populaires)...

Les forces de gauche et du mouvement ouvrier sont la seule alternative politique à la décomposition de l’État, une alternative qui doit s’imposer à travers une forte mobilisation démocratique et ouvrière. Un « gouvernement de travailleurs » est le principal mot d’ordre s’opposant à la misère, la crise, la répression, la décomposition.

Marcelo N.
dans l'hebdo L'Anticapitaliste n° 274 (29/01/15)

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[1] Le FIT est composé du Partido obrero (Parti ouvrier), du Partido de los trabajadores socialistas (Parti des travailleurs socialistes) et de Izquierda socialista (Gauche socialiste)