Les 43 mineurs isolés étrangers (MIE), qui campaient depuis un mois avec les mal-logés soutenus par le DAL place de la République à Paris, ont obtenu une première victoire le 24 avril : l'hébergement pour tous. Le combat continue pour la scolarisation et les transports, et pour une prise en charge globale par la mairie « socialiste » de Paris, qui subit un désaveu en voyant l’État se substituer à elle par le biais du ministère du Logement. Au-delà des gains concrets, la constitution d'un collectif militant de jeunes, parmi les plus opprimés des plus opprimés, est aussi une victoire.
Ce collectif de jeunes s'est créé dans la lutte. En janvier, ces jeunes ont désigné des porte-paroles pour les rassemblements. Puis ceux-ci, et d'autres, sont devenus les organisateurs du mouvement, rappelant et convaincant les autres de participer aux actions revendicatives et aidant les militants du collectif de soutien à faire le point sur la situation des uns et des autres. Quand il a fallu que les jeunes prennent des décisions sur des points importants, comme la constitution des listes de jeunes à héberger lors des négociations avec le ministère, de véritables assemblées générales ont eu lieu, regroupant des dizaines de jeunes, qui non seulement donnaient leur avis mais étaient prêts à argumenter publiquement pour que les autres se rangent à leur opinion. « Les jeunes décident », telle a été notre maxime, et ces jeunes ont été aidés par les militants à déchiffrer les palabres bureaucratiques des interlocuteurs administratifs et politiques. Seul le maintien de ce collectif permettra de conserver les droits obtenus et d'arracher plus de droits à l'avenir. Au-delà de cette première victoire, cette mobilisation de la jeunesse ouvrière immigrée s'attaque aussi au racisme ambiant, en montrant que la lutte paie et qu'elle représente bien plus une perspective que la survie individuelle.