Contre l’hypocrisie et le racisme d’État : solidarité avec les immigrés !

Fuyant les violences et la misère, souvent causées par les gouvernements européens eux-mêmes, les migrant-e-s endurent un interminable parcours du combattant. Après avoir risqué leurs vies en traversant la Méditerranée, ils se confrontent au racisme des gouvernements.

« Avec humanité »... selon l’État

Le camp de la Chapelle, installé à Paris depuis plusieurs mois, a été détruit le 2 juin par la police pour en expulser les migrants et même en arrêter certains. Le 8 juin, le camp de l’esplanade de la rue Pajol a été dispersé de façon révoltante, à coups de matraque et de gaz. Le secrétaire d’État (PS) Jean-Marie Le Guen y a vu une « application du droit avec humanité ». Des propos qui rappellent ceux de Jean-Louis Debré, ministre de l’Intérieur à l’époque de l’expulsion des sans-papiers de l’église Saint-Bernard en 1996, quand les CRS étaient entrés à coups de hache… Quant à Anne Hidalgo, elle a déclaré que « les migrants de la Chapelle (…) bénéficieront d’un accompagnement personnalisé »... frappés et menottés dans un car de CRS ! Cette « humanité » n’est vraiment pas la nôtre, mais les politiciens bourgeois sont prêts à tout.
La stratégie de l’éparpillement

À la Chapelle puis rue Pajol, les migrants ont créé des cadres d’auto-organisation et se sont liés aux riverains qui, loin de vouloir leur expulsion, ont plutôt été solidaires. C’est sans doute ce que la mairie et le gouvernement redoutent : un mouvement qui, au-delà de l’urgence humanitaire, se politise et s’organise contre les politiques impérialistes et racistes de la France.

Face à ce risque, la préfecture a évoqué « 460 logements » proposés. Pourtant, seule une partie des migrants a reçu des propositions. Et ce ne sont que des solutions d’urgence : prise en charge par le 115, par des centres d’accueil et de soins hospitaliers (CASH), par des associations ou dans des foyers Adoma (ex-Sonacotra), et ce dans plusieurs villes et départements, afin que tous les dossiers ne soient pas étudiés par la même préfecture.

Dans les semaines à venir, ceux et celles dont les dossiers auront été acceptés seront de nouveau éparpillés dans des centres d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) dans tout le pays. Ils y attendront un traitement qui pourra prendre des mois, voire plus d’un an. Pour ceux dont les dossiers ont déjà été ou seront refusés, ce sera la rue ou l’expulsion du territoire.

Pour éviter cela, les migrants ont tenté d’occuper le 11 juin une ancienne caserne de pompiers. Cette action s’est faite en opposition au gouvernement et à la majorité municipale PS-EELV-PCF. Les élus présents ont cherché par tous les moyens, même physiques, à détourner la manifestation. Il a fallu l’intervention des militant-e-s du NPA et des soutiens les plus combatifs pour imposer le respect de la décision des migrants.

Durant l’occupation, le directeur de cabinet d’Hidalgo s’est déplacé pour donner quelques vagues garanties de logement, alors que dehors, des militants se faisaient violemment réprimer par les CRS. Trois camarades du NPA ont été blessés, dont un gravement.

Nos revendications et nos tâches

L’État possède un parc de 11 millions de m2 inoccupés. La seule ville de Paris compte plus de 150 000 logements vides. Leur réquisition – prévue par une ordonnance de... 1945 ! – est une revendication d’urgence.

Le traitement au cas par cas des demandes d’asile laisse le pouvoir aux préfectures d’en recaler certaines. La seule solution, c’est la régularisation sans condition de tous les sans-papiers.

Ces revendications ne seront imposées que par un rapport de force important. Nous devons donc agir pour rassembler toutes les forces, à commencer par celles des premiers concernés.
Leur permettre de se regrouper et de se mobiliser encore passe d’abord par une politique de solidarité matérielle (collectes d’argent, nourriture, vêtements, médicaments, etc.). Il ne s’agit pas de « faire de l’humanitaire », mais bien d’activités politiques qui, de plus, permettent d’entraîner avec nous des soutiens (habitants des quartiers, militants associatifs) et de poursuivre la lutte.

C’est ainsi que nous pourrons montrer notre utilité concrète et convaincre de nos mots d’ordre :
  • régularisation de tous les sans-papiers ;
  • ouverture des frontières ;
  • réquisition des logements vides ;
  • troupes françaises hors de tous les pays où elles sont engagées !
JBP et JBT