Alors qu'il y a quelques semaines, la planète Pluton a été survolée par la sonde américaine New Horizons, qui a rapporté ainsi des images uniques (voir ci-contre), et que l'on célèbre cette année les 20 ans de la découverte de la première exoplanète, chaque avancée de l'être humain dans la compréhension de l'univers nous émerveille un peu plus en même temps qu'elle nous rappelle combien nous sommes petits. Pourtant, la société pourrait fonctionner différemment, et y compris dans le domaine de l'astronomie.
De la course à la Lune à la « Guerre des étoiles », c'est d'abord pour des objectifs militaires ou de concurrence entre états que le développement et les progrès scientifiques ont trouvé leur carburant. Plusieurs grandes agences spatiales travaillent chacune dans leur coin, bien qu'elles puissent coopérer sur certains projets. Les technologies découvertes par les uns sont réinventées et redécouvertes par les autres. Comment ne pas y voir un immense gâchis de ces scientifiques en concurrence, alors que la coopération permettrait de produire et de progresser bien davantage ?
Depuis quelques années, on peut même assister au développement du tourisme spatial, loisir pour ultra-riches qui implique de débourser une vingtaine de millions de dollars pour un voyage. Le capitalisme transforme l'émerveillement de la découverte de l'univers en un produit de consommation. Le pire étant sans doute le projet Mars One, qui vise à établir pour 2025 une colonie d'êtres humains sur Mars (sans retour), et qui sera financé par le tournage d'une émission de télé-réalité. Bien que les contraintes techniques fassent peser de sérieux doutes sur la viabilité du projet, Mars One donne un avant-goût du futur.
Dans la recherche spatiale comme en matière de satisfaction des besoins humains, le progrès technique et scientifique devra s'affranchir des lois du marché. Cela rappelle une nouvelle fois que seule une société socialiste – qui garantira la coopération des producteurs, leur contrôle sur la production et la recherche – pourra permettre l'émancipation du genre humain.
Hugo Perlutti