« Dès le lendemain du second tour de la présidentielle, il n’y aura pas de répit pour notre camp social »


Nous reproduisons ici l’intervention de notre camarade Armelle Pertus, professeure des écoles à Gennevilliers et porte-parole du NPA, lors d’une réunion publique en soutien à la candidature de Philippe Poutou à Lannion le 7 avril 2017.

Quand je suis venue il y a quelques mois, nous ne savions pas si nous serions qualifiés pour la campagne présidentielle, tant l’obtention des 500 parrainages était un parcours semé d’embûches. Et nous voilà, ce soir, quelques jours après le grand débat des 11 candidates et candidats. Et aujourd’hui, plus personne ne peut ignorer que dans ces élections, il y a une travailleuse et un travailleur – Nathalie Arthaud et Philippe Poutou – qui, comme la majorité d’entre nous, lorsqu’ils parlent du monde du travail, le font en connaissance de cause. 

Il y en a même un, notre candidat Philippe Poutou, qui s’est frotté à deux grands représentants de la bourgeoisie, Fillon et Le Pen, et qui les a piqués au vif, contre toute attente, sans que les commentateurs aient pu le prévoir. Parce qu’en effet, on ne peut pas éternellement donner des leçons d’austérité à la classe ouvrière et à la jeunesse et prendre des postures « anti-système », et dans le même temps piquer dans les caisses de l’État et défier la justice. 

On voit donc le chemin parcouru en quelques mois : quelle bouffée d’air que de voir François Fillon et Marine Le Pen décontenancés par le candidat ouvrier, même pas cravaté, qui ose leur tenir la dragée haute et exprimer tout haut ce que nombre de salariés – que le FN prétend représenter – ont en travers de la gorge : il y en a marre de ces voleurs et de ces profiteurs qui nous méprisent, et une bonne baffe dans leur tête, si ça ne change pas la face du monde, ça redonne un peu de dignité à celles et ceux qui, quotidiennement, doivent justifier d’un centime ou d’une minute de retard à leur poste de travail ! 

La lutte des classes existe bel et bien 

Le patronat et le gouvernement PS le savent bien : la lutte des classes n’est pas une évocation désuète pour livres d’histoire. Elle est leur quotidien, quand il s’agit d’augmenter chaque jour davantage le taux d’exploitation ; et toujours plus exacerbée, elle est aussi notre quotidien, tant l’appétit des capitalistes n’est jamais rassasié. 

Il n’y a qu’à examiner ensemble leurs chiffres et les nôtres pour pouvoir affirmer sans hésitation que la violence de cette société, elle vient des riches, des patrons et des gouvernements à leur service, c’est-à-dire de tous ceux qui se sont succédé : 
• en pleine crise mondiale, Bernard Arnault augmente sa fortune de 8,5 milliards d’euros, pour la faire passer à 38,5 milliards en 2016 ; 
• Liliane Bettencourt gagne 1 million d’euros par semaine ; 
• les bénéfices des grands groupes du CAC 40 sont de 75 milliards d’euros, et pour l’essentiel ils finiront en dividendes dans les coffres des actionnaires ; 
• La fraude fiscale est estimée entre 60 et 80 milliards d’euros par an ; 
• Les huit hommes les plus riches du monde possèdent autant de richesses que les 3,6 milliards d’individus les plus pauvres. Bill Gates, le premier de ces grands bourgeois, possède 75 milliards de dollars. À eux huit, ils cumulent 426,2 milliards de dollars, alors qu’une travailleuse vietnamienne, dans une entreprise textile, gagne un euro par jour pour 12 heures quotidiennes de travail. 
• En France, on compte 9 millions de pauvres, ou bien encore 26 % de personnes qui ont renoncé aux soins faute de moyens. 

La Guyane 

Dans cette situation, la grève générale en Guyane est une épine dans le pied du gouvernement, obligé d’envoyer des ministres sur place tant la tension monte. Cette tension a été provoquée par la politique colonialiste de l’État français, qui pille cette région au nom de la République, qui dégomme les services publics et réduit à la misère nombre d’habitants et d’habitantes. Elle s’explique également par un chômage qui explose et des salaires de misère. 

Les travailleurs et la jeunesse ont à se battre non seulement contre un État colonialiste et contre le patronat, mais aussi contre la récupération décelable dans le cahier des revendications, dans lequel le MEDEF local se retrouve totalement. Ils devront se battre aussi contre ces « 500 frères » qui, profitant d’un sentiment de rejet de la délinquance et de la violence générées par la pauvreté, font assaut de démagogie sécuritaire, au point d’affirmer qu’un voleur mort, eh bien… c’est un voleur de moins ! Nous avons donc une responsabilité à organiser la solidarité de notre camp social, ici comme dans les colonies, autour de revendications ouvrières. Et disons-le tout net, il est grand temps que dans l’hexagone comme en Guyane, survienne la grève générale. Oui, ce dont nous avons besoin, c’est bien d’un nouveau Mai 68, mais qui aille jusqu’au bout, pour leur reprendre tout ce qu’ils nous ont volé en s’accaparant les richesses que nous seuls, travailleuses et travailleurs, avec ou sans papiers, nous avons produites. 

Qui sont les assistés ? 

Alors dans cette histoire, qui sont les assistés ? Nous ? Nos revendications ne sont pourtant que justice : un emploi et un salaire décent, pour pouvoir faire face à toutes les dépenses élémentaires de la vie quotidienne, se nourrir, se loger, se déplacer, se soigner, scolariser ses enfants, partir en vacances. 

Or avec les 41 milliards du CICE gracieusement offerts au patronat, il serait possible de créer des centaines de milliers d’emplois rémunérés à hauteur du SMIC. Nous voulons porter ce dernier à 1700 euros nets, de même que les pensions et les minima sociaux, et nous voulons imposer sa revalorisation systématique en fonction de l’augmentation du coût de la vie : 300 euros net d’augmentation de salaire tout de suite ! 

Est-il besoin de chiffrer notre programme ? Il ne s’agit pas pour nous de rassurer les capitalistes, de leur laisser entendre qu’on ne les mettra pas trop à l’amende ! Les quelques chiffres fournis plus haut le montrent, nous savons bien que de l’argent, il y en a, et nous le disons tout net, nous voulons tout jusqu’à satisfaction des besoins de la majorité d’entre nous, ce qui implique aussi la gratuité de tous les services essentiels : santé, éducation, transports. 

Placer l’économie sous notre contrôle, exiger l’ouverture des comptes des entreprises qui licencient et leur interdire de le faire, garantir le maintien des salaires quoiqu’il arrive : voilà notre projet. 

Nous, nous ne ferons jamais de vaines promesses 

Oui, la lutte des classes existe bel et bien, et il est certain que dès le lendemain du second tour de la présidentielle, il n’y aura pas de répit pour notre camp social : la machine de guerre des « décideurs » va très rapidement se remettre en ordre de bataille. Au pouvoir pendant cinq ans, le PS a préparé le terrain à Fillon et Le Pen en termes de lois racistes, antisociales et répressives. Le programme de Fillon, on sait de quoi il s’agit : 500 000 suppressions de postes de fonctionnaires, et bien sûr les affaires... Quant à Marine Le Pen, comme elle l’a montré lors du débat télévisé à onze, la prétendue candidate des ouvriers n’est même pas capable de connaître la réalité des salariés dits « protégés » et de savoir que nombre d’entre eux sont sous le coup de sanctions et de procédures de licenciement. Elle nous vante l’Europe des frontières, mais pour nous protéger de qui ? Parce que les ennemis, ce ne sont pas les travailleurs et travailleuses étrangers, mais les patrons bien français qui appliquent ici l’austérité dans leurs entreprises, et qui font aussi fructifier leurs dividendes ailleurs dans le monde, sur le dos des salariés à bas coût, et sans le moindre scrupule comme le cimentier Lafarge en Syrie. Si le vote pour Marine Le Pen est un vote de classe, c’est un vote en faveur de la bourgeoisie : notre camp social n’a rien à attendre d’elle et de ses sbires. 

Mais est-ce que les autres seraient des remparts face à l’extrême droite et aux politiques antisociales et anti-ouvrières ? Benoît Hamon a participé au gouvernement Hollande et se moque de nous en proposant pour vivre un revenu universel d’abord fixé 700 euros… puis en définitive à 650. Qu’il essaie lui-même de vivre avec aussi peu avant de nous faire l’aumône ! De toute façon, Hamon, nous l’avons déjà testé : quand il nous présente ses ambitions pour l’éducation, on est en droit de se demander pourquoi il ne s’est pas démené quand il était ministre de Hollande ; il est vrai qu’il a préféré mettre ses pas dans ceux de Vincent Peillon, qui prévoyait déjà de s’attaquer à l’éducation prioritaire. Hamon n’a pas non plus apporté son soutien aux enseignants grévistes de « Touche pas ma ZEP », qui se sont battus pendant des semaines contre la sortie des lycées du classement Éducation Prioritaire. 

Emmanuel Macron est quant à lui l’auteur de la loi qui porte son nom et qui généralise le travail du dimanche, et il est l’inspirateur de la loi Travail, dont il aurait d’ailleurs voulu qu’elle soit durcie. Il peut nous jouer la comédie de l’homme nouveau « ni de droite, ni de gauche », mais il se situe bien dans le camp des riches, avec ses 3 millions d’euros gagnés en trois ans chez Rothschild ; il est clairement dans le camp des patrons, qu’il n’aura cessé de choyer pendant ses deux ans de gouvernement. Alors pour lui aussi, on a déjà donné. 

Quant à Jean-Luc Mélenchon, il cherche encore et toujours à nous convaincre qu’en réformant les institutions, il fera notre bien. Mais aucune des institutions créées par et pour la bourgeoisie n’est  réformable. À ce titre, l’exemple de la Grèce et de Tsípras devraient représenter un cas d’école contre tous ceux qui veulent nous faire croire qu’on peut négocier avec les capitalistes pour inverser durablement le rapport de force. 

Face à ces ennemis et ces faux amis, Philippe Poutou n’est pas un « candidat messie » au sac rempli de promesses électorales. 

Nous voulons tout : le communisme 

Nous nous présentons pour avoir l’opportunité d’exprimer devant des millions de personnes ce que nous défendons au quotidien dans nos entreprises, nos lieux d’études et nos quartiers. Pour l’avenir de notre classe sociale, il n’y aura pas d’autre issue que nos combats, par les manifestations, les luttes collectives et la grève générale contre ceux qui nous dirigent. 

Certains ricanent quand nous ne faisons que revendiquer des évidences : empêcher les licenciements et les suppressions de postes, arrêter le chômage, stopper le blocage des salaires. Nous leur répondons que nous revendiquons plus encore. La majorité des richesses produites le sont par notre travail : nous n’en voulons pas des miettes, nous voulons tout ! Mais pour cela, ce sont toutes les règles qu’il faut changer aujourd’hui, en partant de nos besoins. C’est pourquoi nous revendiquons l’interdiction des licenciements et la réquisition des entreprises qui ferment alors qu’elles font des profits. Les capitalistes nous montrent chaque jour qu’ils nous mènent à la misère : nous n’avons pas besoin d’eux, qu’ils partent donc et nous, nous garderons les outils, les capitaux, les salariés. Nous saurons bien nous-mêmes faire fonctionner l’économie, puisque c’est ce que nous faisons déjà sans jamais en récolter les bénéfices. 

Pour que cette société réponde à nos besoins, il faut que la majorité qui travaille soit celle qui décide de la façon dont se répartissent ces richesses. Cela implique que cette même majorité gère les moyens de production, collectivement. Décider de nos vies, en finir avec l’exploitation, les guerres et toutes les oppressions, c’est ça que nous appelons le communisme. 

Parler de réquisition et de communisme, c’est violent ? 

Celles et ceux qui disent déceler de la violence dans nos propos, nous les mettons face à la réalité, à notre réalité : Adama Traoré, Amine Bentounsi, Ali Ziri, Zyed et Bouna : tués par la police ; Edouard, cheminot à la gare Saint-Lazare, l’infirmière de Cochin, l’infirmier de Pompidou, 50 postières et postiers en 2016 : tous se sont suicidés, tous ont succombé à la dictature patronale et managériale ; Théo Lukana, violé par la police ; le camp de réfugiés de Calais, liquidé ; les camps de Roms, détruits ; les sans-papiers, expulsés, ce qui a permis à Manuel Valls de se vanter d’être encore plus efficace que Sarkozy. 

Et que dire de la répression sans merci qui tente de mater toutes les possibilités de luttes ? À ce sujet, le dernier rapport d’Amnesty International pointe un recul sans précédent de la France en termes de droits et d’intensification de la répression. Lacrymos, matraquages, gardes à vue, tribunal de grande instance, comparution immédiate : c’est désormais le lot systématique des lycéens qui se mobilisent, sans parler des sanctions administratives que subissent les lycéens mobilisés en solidarité avec Théo Lukana. Par ailleurs, les manifestations sont toujours plus encadrées par les dispositifs sécuritaires justifiés par l’état d’urgence. Quant aux sanctions, mises à pied, mesures disciplinaires, procès, etc., 2220 ont été recensés ; à La Poste, Gaël Quirante, secrétaire départemental de Sud Poste 92, subit sa 11ème procédure de licenciement pour fait de grève.Pour tous les militants, pour chacune et chacun parmi tous ceux qui subissent la répression d’État, nous exigeons l’amnistie et la relaxe ! 

C’est ça, la vraie violence d’aujourd’hui, une violence qui ne touche que les classes populaires, et c’est avec cette logique que nous voulons en finir. 

Utopistes, d’après certains commentateurs ? 

Nous ne sommes pas des utopistes, pour les patrons et le gouvernement, qui n’oublient pas de décompter nos jours de grève, qui mettent le paquet en termes de présence policière pour imposer fouilles et contrôles lors des manifestations, qui ont peur de l’embrasement dans la jeunesse… À ce sujet, si Hollande s’est rendu au chevet de Théo Lukana, il est clair que c’est pour tenter de désamorcer la colère. 

Le 14 juin 2016, au moment de la mobilisation contre la loi Travail, elle ne relevait pas de l’utopie, cette envie de grève générale qui était dans l’air. Et elle serait même devenue bien plus concrète pour Hollande, Valls et Gattaz si nous avions fait quinze journées, comme celle du 14 juin, avec un blocage total de l’énergie, des transports et des services publics. Car c’est quand ils décident d’arrêter de trimer que l’on se rend compte que les travailleuses et les travailleurs sont indispensables à la marche de la société : oui, la classe ouvrière de 2017, comme celle de 1936, comme celle de 1968, est toujours la force déterminante, capable de nous sortir du marasme ; c’est quand elle stoppe la machine à produire que les dirigeants paniquent et se souviennent alors de sa capacité à faire sauter ce système pour décider elle-même de son avenir. 

En ce moment même, avec des dizaines de grèves chaque jour, notre classe sociale n’est pas éteinte, déprimée ou plaintive. Rien qu’au mois de mars, de nombreux secteurs ont été mobilisés : la santé, les lycéens, le 19 mars contre le racisme et pour la justice, les salariés de Pôle emploi, de la fonction publique, de La Poste ; mais toutes ces luttes sont restées éparpillées, alors qu’au printemps 2016, nous avons senti que le gouvernement et le patronat craignaient la jonction entre les travailleurs et la jeunesse qui, quand ils s’unissent, voient décupler leur confiance en eux-mêmes : on ne se bat pas et, surtout, on ne gagne pas, quand on reste isolé. 

C’est pourquoi en tant que militants du NPA, nous ne sommes pas seulement les porte-voix de celles et ceux qui se battent, même s’il est primordial que nous relayions partout et à tout moment le quotidien des luttes locales et sectorielles ; nous sommes aussi à leurs côtés, et nous cherchons à être utiles pour peser sur la situation et inverser le rapport de force. 

Le 22 avril, pour un premier tour social 

Avec l’initiative du 22 avril, il s’agit ni plus ni moins de se donner les moyens d’une politique. Qu’est-ce que c’est, ce « premier tour social » ? C’est une manifestation à Paris, la veille du premier tour de l’élection présidentielle, initiée par plusieurs organisations syndicales (CGT-Goodyear, Info’Com-CGT, Sud-PTT, Sud-Education, Sud-Commerce) et plusieurs collectifs militants (Cie Jolie Môme, collectif « Touche pas ma ZEP ! », Bellaciao). Car dans une partie du milieu militant, il existe une compréhension du fait qu’il faut se regrouper. Après le 15 septembre et la politique des directions syndicales de nous laisser en rase campagne, nous avons été un certain nombre à penser qu’il ne fallait pas en rester là, comme nous nous le disions déjà début juillet après la dernière manifestation contre la loi Travail. C’est la mobilisation contre celle-ci qui a donné du sens et servi de liant à des premières rencontres à l’occasion de luttes partielles, puis en plein mouvement, dans le feu de l’action. 

On a souvent dit que la mobilisation contre la loi Travail était politique. De fait, elle a d’emblée remis en cause le « monde » qui se rattache à cette loi et, de manière confuse, ce sont les règles du jeu tout entier qui ont été questionnées, rejetées, qui suscitent de l’écoeurement mais aussi de la colère et l’envie de se battre. 

Quelles sont les idées qui structurent le 22 ? 

D’abord, quelles que soient nos affinités partisanes (ou non), il y a le sentiment que les élections n’ont jamais changé la vie de notre classe, jamais été favorables à ses intérêts, et que les seules vraies conquêtes sociales ont été le résultat de grèves, d’occupations, de la généralisation de la grève. 

Il y a également une conscience de cette politique de division des luttes et de stratégie de la défaite qui est mise en œuvre par les directions syndicales, à tel point que l’initiative du 22 avril s’y affronte ouvertement et en fait la critique : les mêmes recettes mèneront aux mêmes divisions, aux mêmes résultats et aux mêmes échecs, alors que ce dont nous avons besoin, c’est de victoires. 

Enfin, il y a l’idée selon laquelle « la locomotive doit entraîner le reste du train ». Ce n’est pas anodin : il s’agit bien de ne pas laisser végéter celles et ceux qui ont été les plus offensifs durant la mobilisation contre la loi Travail, car ce serait un gâchis d’autant plus grand qu’il se ferait au détriment de la possibilité d’entraîner plus largement. Nous voulons nous appuyer sur les éléments les plus vivants du mouvement social pour convaincre le reste de notre classe. 

Unissons-nous le 22 avril, reprenons la rue contre la loi Travail, contre les violences policières et le racisme, en solidarité avec la Guyane, pour affirmer haut et fort que nous en avons assez du « moins pire » qu’on nous ressert tous les 5 ans et que maintenant, nous voulons tout ! 

Le sens du vote en faveur de Philippe Poutou 

Notre présence dans ce grand cirque électoral vise à porter cette orientation, à mettre en avant un vote de conscience. Il s’agit de défendre la construction d’un parti qui ira jusqu’au bout quand il faudra franchir certains caps, qui unira les expériences des uns et des autres, qui se préparera et préparera notre camp social à l’affrontement. Et quand nous nous adressons à notre camp social, nous ne parlons pas aux « Français » et aux « Françaises » comme le font les politiciens bourgeois, mais à celles et ceux qui, avec ou sans papiers, n’ont à vendre que leur force de travail pour pouvoir survivre ; au-delà des frontières, nous nous adressons aussi à celles et ceux qui vivent l’enfer des guerres impérialistes, car au mépris des populations, les grandes puissances défendent sans relâche leurs intérêts politiques et économiques dans plusieurs régions du monde mises à feu et à sang, de l’Afrique à la Syrie. Partout où interviennent militairement les gouvernements impérialistes, il y a des milliers de morts, des millions de réfugiés, et toujours au prétexte de chasser des dictatures qu’ils ont eux-mêmes soutenues ou portées au pouvoir, ou encore au nom de la lutte contre le terrorisme. Mais en trente ans, les fronts terroristes se sont multipliés, car c’est bien la misère, la guerre et la stigmatisation des populations de culture musulmane qui ont fait le terreau d’Al-Qaïda et de Daech.

Notre internationalisme, il consiste d’abord et avant tout à lutter et à appeler à la mobilisation contre toutes les interventions impérialistes et les pillages qui les motivent, et en particulier contre les aventures guerrières de l’État français, le président sortant François Hollande ayant été pendant 5 ans un véritable va-t-en-guerre. Mais il consiste aussi à revendiquer la régularisation de tous les sans-papiers, l’ouverture des frontières et la liberté d’installation. C’est une absurdité sans nom que de chasser des populations par la guerre, tout en leur fermant la porte au nez : mais alors, où se trouve donc leur place sur cette terre ? 

Voter pour Philippe Poutou, c’est mettre en avant nos intérêts de classe et les moyens de les imposer, et c’est exprimer notre détermination sans faille à aller jusqu’au bout ! 

Armelle Pertus