Le titre de Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce reprend les mots de Voltairine
de Cleyre, une anarchiste américaine qui réagissait à la pendaison de travailleurs suite au
rassemblement et à l’attentat de Haymarket Square à Chicago, en 1886. Paru en 2011, ce roman de
Lola Lafon mêle critique sociale et dénonciation du racisme et du sexisme produits par la société.
Les héroïnes de
ce récit sont des
femmes tourmentées
par les violences
sexuelles qu’elles ont
subies, et par le fait
d’être contraintes à
occuper un rôle précis
dans la société.
L’histoire se passe
après « l’Élection »,
alors qu’un gouvernement
violemment
raciste et
anti-ouvrier est mis
en place. Dans ce
lourd contexte historique,
les deux
principaux personnages sont
deux jeunes femmes : la narratrice,
Voltairine, et celle qu’elle
surnomme « La Petite Fille » ;
toutes deux tentent d’avancer
dans la vie, tenaillées entre
leurs souffrances personnelles
et leur action contre le pouvoir
en place. Ce qui jalonne leur
histoire, c’est la révolte contre
tous les maux de la société –
l’extrême pauvreté qui côtoie
la richesse, les injustices que
vivent les femmes –, et la réaction
collective contre la répression
et les idées réactionnaires
qui s’installent.
Ce roman, accessible à toutes
et tous, met en avant la nécessité
de renverser l’ordre des
choses, par l’action des fameux
« oiseaux » du titre, c’est-à-dire,
tous les dépossédés qui
ensemble peuvent tout changer.
Révolte
Une fièvre impossible à négocier,
premier roman de Lola
Lafon paru en 2003, est quasi-
autobiographique. Son
intrigue se situe dans le milieu
« autonome » et antifasciste
des années 1990. Comme dans
l’ouvrage que nous venons
d’évoquer, l’héroïne va voir sa
vie se transformer à la suite
d’un viol. La révolte qu’elle
éprouve la pousse à rejoindre
des groupes activistes, des
squatteurs qui lui donnent
l’occasion de vivre un mode
de vie et un militantisme radicalement
différents de sa vie
antérieure.
L’envie d’en découdre, de
changer la situation, est le fil
conducteur du roman ; au-delà
de toutes les limites du
milieu qui est décrit, ce sentiment
coïncide avec la réaction
que nous avons toutes et tous
pu avoir, à certains moments,
face à des injustices devant lesquelles
nous nous sommes sentis
impuissants. C’est le parcours
d’une révoltée, qui prend des
risques par fidélité à ses aspirations
de changement social,
et pour se sauver elle-même.
Hermann
------
LAFON, Lola. Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce.
Arles : Actes Sud, collection Babel. 432 pages. Prix : 9 € 70.
LAFON, Lola. Une fièvre impossible à négocier.
Arles : Actes Sud, collection Babel. 331 pages. Prix : 8 € 70.