Après la manifestation du 22 avril, le Front social – contre le Front national et le Front libéral – a appelé
à la manifestation du 8 mai, le lendemain du 2ème tour de l’élection présidentielle, pour annoncer son
intention de mener le combat contre Macron et ses ordonnances : régression sociale élue, tous dans la rue !
Cet appel a été entendu par un certain nombre
de militants et de collectifs locaux qui se sont lancés
dans la construction de comités de Front social.
Ces comités ont réussi à initier 34 rassemblements
sur tout le territoire le 19 juin, le lendemain du
second tour des législatives. Aujourd’hui, il existe
à ce jour 47 comités locaux du Front social. Qui sont-ils et
d’où viennent-ils ?
Voilà ce qu’en dit le Front social 64 : « Le printemps
2016 a été marqué par les manifestations contre la loi
Travail. Des centaines de milliers de personnes, jeunes
et moins jeunes, précaires et salariés ont convergé sur
toutes les places de France pour revendiquer le retrait
de la loi El Khomri et un autre modèle économique dans
lequel les humains ne seraient pas une simple variable
d’ajustement dans la recherche outrancière du profit à
court terme. Ces mobilisations nous ont montré que la
convergence des luttes doit nous permettre d’être plus
forts face à un appareil d’État toujours plus répressif. ».
C’est une constante : beaucoup de ces comités
sont formés de ceux qui n’ont pas accepté la défaite
face à la loi Travail 1. Pendant la bataille contre la loi El
Khomri, des regroupements intersyndicaux, mêlant
des syndicats CGT, Sud et CNT radicaux ou des collectifs
autour de « Nuit debout », ou encore des
assemblées de coordination des luttes avec les comités
de précaires et de privés d’emploi, ont pris l’habitude
de se retrouver, de s’entraider, et ont éprouvé
le besoin de s’unir par-delà les divisions syndicales
et politiques sur le terrain des luttes sociales, contre
les « plans sociaux », la répression ou les injustices.
C’est ainsi que la dynamique intersyndicale constituée
autour de Bordeaux Nord, qui intervient sur une
vaste zone industrielle, regroupe des militants CGT,
Sud-Poste, Sud-Rail et CNT, et qu’elle agrège des jeunes
de la coordination des luttes, des écologistes qui se
sont impliqués dans la construction du Front social.
En Bretagne aussi se sont rapidement formés pas
moins de cinq comités pour préparer la manifestation
du 19 juin : Brest, Lannion, Guingamp, Saint- Brieuc et
Lorient, autour d’UL CGT ou de syndicats CGT ou Sud.
À Avignon, le comité Front social a l’originalité de
regrouper des mondes différents : intermittents du
spectacle, Confédération paysanne, syndicats Solidaires
(Sud-Poste, Sud-Collectivités territoriales,
Sud-Santé), militants CGT. Leur comité multiplie
les actions dynamiques et imaginatives, comme
l’inauguration du « pont Rémi Fraisse » le jour de
l’ouverture du festival d’Avignon et des distributions
de tracts tout au long du festival pour expliquer
ce qu’est la loi Travail XXL, l’inscription de l’état
d’urgence dans le droit commun, etc.
En Alsace, où la nécessité de s’unir est fortement ressentie
compte tenu de l’ambiance politique générale
dans la région, c’est la rencontre, dans les réunions de
« Nuit debout », de militants politiques et syndicaux et
de jeunes de quartiers populaires à Mulhouse qui s’est
transformée en Comité Goodyear, puis en Front social,
rejoint par des syndicats Solidaires de Strasbourg et des
membres de l’AG des étudiants en lutte de Strasbourg.
Partout, des militants du NPA, de la FI, du PCF ou libertaires
ont joué leur rôle dans ces comités et leur formation,
mais sans mettre en avant leur appartenance politique au
détriment de la nécessaire unité à construire.
Les comités sont marqués par une grande diversité,
mais dans leur ensemble, ils regroupent des militants
qui ont expérimenté la violence de la répression
et de la politique antisociale, sous Hollande et
pendant la lutte contre la loi Travail ; leur volonté
première est de tirer des leçons de cette expérience
pour travailler à l’unité la plus totale, en dépassant
les sectarismes, pour être plus forts et faire front
avec détermination contre Macron et son monde.
Odile Comte