Le malheureux incendie de Notre-Dame aura au moins servi à une personne. En effet, Macron a trouvé là une bonne excuse pour reporter sa déclaration sur la restitution du « Grand Débat »…
Car les fuites montrent l’ampleur de la supercherie : Le Monde a révélé que "plus de la moitié des textes rédigés comportent moins de dix mots", certains contributeurs ayant copié-collé des dizaines voire des centaines de fois leurs « contributions ». Les analystes ont montré que le gouvernement a considérablement grossi le nombre réel de participants à son « débat » ; et la moitié des « contributions libres » n’ont pas été analysées ! Pour les autres, on imagine l’objectivité de « l’analyse » de ce gouvernement… Car, en effet, que pourrait-on attendre d’un gouvernement qui depuis 5 mois réprime férocement les milliers de personnes qui manifestent chaque samedi, avec des flics armés de canons à eau, blindés légers, grenades et LBD… comme il l’avait fait en décembre contre les milliers de lycées et lycéennes qui avaient osé manifester et bloquer leurs bahuts contre la réforme du lycée et du bac ? Qu’attendre d’un gouvernement qui, depuis son arrivée au pouvoir, n’a eu qu’une politique au service des patrons et des plus riches : suppression de l’ISF, loi Travail, instauration de la sélection à l’entrée de l’université, réformes Blanquer dans l’éducation… D’ailleurs, Edouard Philippe a d’ores et déjà prévenu qu’il y aura des « déçus » lors des annonces du gouvernement : soyons certains que ces déçus ne seront pas les patrons du CAC 40 !
Les travailleurs, les travailleuses, les jeunes n’en peuvent plus !
Car, « grand débat » ou pas, pour nous, rien n’a changé ! Les salaires sont toujours aussi bas, les patrons et les petits chefs continuent à nous humilier et à nous imposer des cadences infernales, les attaques continuent à pleuvoir : suppression de 120 000 emplois dans la Fonction Publique d’ici 2021, nouvelle réforme des retraites pour baisser encore les pensions et nous faire bosser toujours plus longtemps, lois Blanquer qui vont encore aggraver les conditions de travail dans les écoles, les collèges et les lycées, et vont encore plus faire galérer les jeunes…
Face à cette avalanche, nombreuses et nombreux sont celles et ceux qui cherchent à résister. Depuis 5 mois, malgré les blessés, malgré les arrestations, les « Gilets Jaunes » continuent de défiler par milliers les samedi… On en arrive au 23ème acte consécutif, signe de la détermination de ce mouvement ! Mais c’est aussi dans les entreprises, dans nos lieux de travail, que cette résistance s’exprime. Le 8 avril dernier, les salariés de New Look, victimes d’un plan de licenciement sur tout le territoire, sont allés manifester devant le siège de leur groupe à Londres. Dans l’Education Nationale, le 9 avril dernier, les enseignants et enseignantes étaient une nouvelle fois en grève, et ils le seront à nouveau le 18 avril prochain. Vendredi 12 avril, Jean-Michel Blanquer, en visite à Versailles, s’est d’ailleurs fait chahuter par les instits et les profs qui ne veulent pas de sa réforme ! A la Poste, les facteurs et factrices du 92 poursuivent avec détermination leur grève qui dure maintenant depuis plus d’un an. Enfin, ce lundi, ce sont les services d’urgence des hôpitaux de Paris qui sont entrés en grève reconductible illimitée pour protester contre le manque énorme de personnel.
Ce qu’il faut, c’est s’y mettre toutes et tous ensemble !
Le ras-le-bol contre le système n’est d’ailleurs pas cantonné aux frontières hexagonales. En Algérie, vendredi dernier, les Algériens et Algériennes sont à nouveau descendus par centaines de milliers dans les rues pour réclamer le départ du système. Car si Bouteflika est parti, c’est maintenant tous les autres qui doivent dégager, militaires en tête, piliers d’un régime honni. Dimanche 14 avril, les étudiants et les travailleurs ont à nouveau multiplié les grèves pour réclamer la fin du régime. Mais c’est également au Soudan que la population est descendue par dizaine de milliers dans les rues : face à ce soulèvement, l’armée a tenté une manœuvre en déposant le dictateur Omar El-Bachir, mais les Soudanais et Soudanaises ne sont pas dupes, et ils maintiennent la pression pour que là aussi, ce soit tout le régime qui dégage.
Ici aussi, face à Macron et au MEDEF, il est temps que nous nous y mettions toutes et tous ensemble. Le 9 mai prochain, les syndicats appellent à la grève dans la fonction publique. En réalité, cette journée devrait être une journée de grève interprofessionnelle, dans le public comme dans le privé, un point de départ qui permettrait de dessiner un plan de bataille pour que nous nous mettions en lutte toutes et tous ensemble, que nous cessions toutes et tous le travail, et que nous continuions jusqu’à ce que nous imposions une large défaite à ceux qui nous exploitent !
Éditorial du 16/04/19