De l'argent il y en a, dans les caisses du patronat !

L'incendie de Notre-Dame de Paris ne peut qu'émouvoir ceux et celles qui, quelles que soient leurs croyances et leur nationalité, sont attachés à l'histoire et aux témoignages de ce que le génie humain est capable de produire. Aussi, pourrions-nous nous réjouir : en quelques jours, un milliard d'euros a été récolté pour sa restauration, assez pour la réparer deux fois ! 

Nos « généreux » exploiteurs 

Si un quart de l'argent vient de particuliers, la majorité provient de grandes entreprises et de grosses fortunes. Le groupe de luxe LVMH, propriété de Bernard Arnault, promet 200 millions d'euros. Arnaud Lagardère (propriétaire d'Europe 1, de grand groupes d'édition comme Hachette, le Livre de poche ou Stock, de titres de presse comme Paris Match ou le Journal du dimanche...) en promet autant. La famille Pinault (le Printemps, la Redoute, la FNAC, Gucci, Yves Saint-Laurent ou encore l'hebdomadaire Le Point et le Stade rennais...) annonce 100 millions, tout comme le groupe Total. 

Quelques millions viennent encore de Bouygues, Michelin ou du Crédit agricole Île-de-France. Plus radines, des entreprises comme Axa, Visa ou Apple France vont récolter les dons de leurs salariés et éventuellement donner un complément. 

La prochaine fois que les grands patrons nous diront qu'il n'est pas possible d'augmenter les salaires, que le gouvernement dira qu'il faut baisser les impôts des plus riches tout en diminuant les dépenses sociales, nous saurons quoi répondre : de l'argent il y en a ! 

Surtout, cette générosité, venue de ceux qui font tout pour payer le moins d'impôts possible, ne nous fera pas oublier d'où viennent les grandes fortunes : des richesses produites par des travailleuses et des travailleurs, dont les salaires n'ont rien à voir avec la quantité d'argent qu'ils font gagner à leurs entreprises. Les grands mécènes qui s'affichent dans les médias ne nous feront pas oublier les licenciements qui démolissent la vie de millions d'hommes et de femmes au nom du profit. 

Il est venu le temps des luttes sociales ! 

Même si certains y ont renoncé, ces dons donnent droit à une déduction fiscale. Autant d'argent en moins pour les budgets publics. Or la politique d'austérité est justement pointée du doigt par plusieurs spécialistes de l'entretien du patrimoine : les manques de moyens financiers et humains empêchent la mise aux normes de sécurité de plusieurs monuments historiques. 

Et si Macron a reporté ses annonces de fin de « grand débat », nous savons déjà qu'il ne s'agira ni de renforcer les services publics, ni de restaurer l'impôt de solidarité sur la fortune, ni d'augmenter les salaires. À ceux et celles qui le demandent, notamment en manifestant le samedi, la réponse est toujours la même : les coups de matraques, les gaz lacrymogènes et les arrestations arbitraires. C'est par exemple ce qu'a subi le journaliste indépendant Gaspard Glanz, spécialisé dans le suivi des mouvements sociaux et la dénonciation des violences policières. À ce titre, il est même fiché S ! Son arrestation est notamment dénoncée par le Syndicat national des journalistes et par Reporters sans frontières. Il faut vraiment que les flics et Macron aient des choses à cacher pour carrément s'en prendre aux reporters ! 

Mais la répression ne viendra pas à bout de notre détermination contre le gouvernement et sa politique. C'est notamment le sens de l'appel à une manifestation nationale à Paris le samedi 27 avril, lancé par certains secteurs de la CGT et des collectifs de Gilets Jaunes, rejoints par d'autres organisations syndicales et politiques. C'est aussi le sens qu'auront les manifestations annuelles du 1er mai. Mais pour engager le rapport de force, il nous faut cesser le travail, et pas seulement manifester le week-end. La fonction publique est appelée à la grève le 9 mai. Ce n'est bien sûr pas suffisant : c'est partout qu'il faut se battre. C'est ce que défendent déjà de nombreux syndicalistes d'entreprises privées, comme McDonald's ou Free, aux côtés des postiers et postières du 92 en grève depuis plus d'un an ! Le 9 mai, public, privé, jeunes, lycéens et étudiants, tous en grève et dans la rue ! 

C'est ainsi que nous ferons de toutes ces dates des étapes vers un grand mouvement d'affrontement, tous et toutes ensemble !

Éditorial du 23/04/19