La
grève massive à la RATP le 13 septembre dernier et les perturbations
conséquentes qu’elle a entraînées en Île-de-France, ainsi que l’exercice
du droit de retrait à la SNCF montrent que quelque chose est en train
de changer dans l’état d’esprit des travailleurs et travailleuses.
Ces
évènements ont aussi mis en lumière de nouveau la force que représente
la grève quand elle est majoritaire. Ils ont donné confiance sur la
capacité des travailleurs à bloquer de manière efficiente l’activité
essentielle qu’est le déplacement de salariés, en même temps qu’ils
laissent entrevoir ce que nous pourrions faire si nous étions dans de
multiples secteurs en grève majoritaire.
Colères dispersées
Plus
encore, l’annonce dans la foulée d’un appel d’une partie des syndicats à
la grève illimitée à partir du 5 décembre contre le projet du
gouvernement de sabotage total du système solidaire des retraites, a agi
comme une impulsion manquante dans ce mois de septembre où s’égrenaient
les dates sectorielles sans aucun plan de ralliement pour gagner toutes
et tous ensemble.
Aujourd’hui, un appel
intersyndical/interprofessionnel à faire du 5 décembre une première
journée de grève existe et de nombreuses structures de la CGT et de
Solidaires relayent déjà la reconduction de la grève.
Tout
cela constitue des points d’appui dans une situation où la colère et
les réactions face aux conditions de travail et de vie qui sont mises en
miettes sont multiples mais dispersées, il y désormais la possibilité
d’entrevoir un point de ralliement des salariés et de la jeunesse qui,
partant d’un refus de la réforme Delevoye sur les retraites pourraient
entraîner bien plus dans son sillage tant le ras-le-bol est profond
contre ce gouvernement au service des patrons : des Gilets jaunes aux
mobilisations pour le climat ou les quartiers populaires en passant par
les mobilisations dans les services publics mais aussi dans le commerce,
le nettoyage, contre l’augmentation du taux d’exploitation et ses
conséquences sur nos vies menant parfois à des gestes irréversibles
comme le suicide.
En finir avec les journées sans lendemain
Pour
autant, nous n’avons que trop subi le scénario des journées sans
lendemain ou bien des mois après, des grèves qui se suivent sans se
rassembler. C’est pourquoi, nous pensons que dès maintenant il faut
pousser dans nos organisations à la construction de la mobilisation,
mettre en place des assemblées générales et des cadres
d’auto-organisation et de coordination, les ancrer localement afin
qu’ils préparent ensemble la reconduction de la grève et la possibilité
de construire un mouvement d’ensemble pour gagner !
De
même, nous devons chercher à regrouper et à donner une expression
commune aux syndicalistes et militantEs du mouvement social, contre la
régression sociale, pour une grève générale reconductible à partir du 5
décembre pour obtenir le retrait de la réforme des retraites et pour
s’opposer à l’ensemble de la politique du gouvernement.
Le
NPA œuvre à ce que le plus grand nombre d’acteurs et actrices agissent ensemble
autour d’objectifs concrets et, sans nier les désaccords qui existent,
par la discussion et la confrontation des points de vue, contribuent à
l’unité de notre camp social. Sans surestimer nos capacités, il s’agit
bien de voir comment, à notre échelle, nous pouvons tenter de contribuer
à ce que le 5 décembre ne soit pas une journée sans lendemain mais
devienne au contraire un point de ralliement de la mobilisation contre
la réforme des retraites, le point de départ d’une grève du tous
ensemble, interprofessionnelle et illimitée, pour faire dégager Macron
et sa politique.
Armelle Pertus et Daniela Cobet
Hebdo L’Anticapitaliste - n° 494 (24/10/2019)