La semaine dernière, en Champagne-Ardennes, un TER a heurté un véhicule à l'arrêt sur un passage à niveau, blessant le conducteur du train et endommageant sa radio. Ce conducteur était seul à bord du train, alors que des contrôleurs auraient dû s'y trouver aussi : leur travail n'est pas seulement de vérifier les titres de transports des usagers et usagères, c'est aussi d'agir pour les mettre en sécurité, les rassurer et prévenir ses collègues en cas d'accident. C'est donc le conducteur qui a dû, malgré sa blessure, assurer toutes ces tâches.
Concours de calomnies
Que se serait-il passé s'il n'avait pas été en capacité de le faire ? La direction de la SNCF, par sa politique de réduction des effectifs et des « coûts » de sécurité, a mis en danger les passagers et passagères du train comme son conducteur. Et le PDG de la SNCF, Guillaume Pepy, n'a pas honte de déclarer que ce type de situation est tout à fait normal ! En cela, il affirme donc qu'il met le personnel et les usagers et usagères en danger quotidiennement.
C'est justement parce qu'ils et elles se savent en danger que les cheminots et cheminotes ont usé de leur droit de retrait suite à cet accident. La direction du service public ferroviaire aurait pu entendre leur inquiétude et y remédier en déployant les effectifs nécessaires... Mais non. Elle a préféré s'en prendre aux travailleurs et aux travailleuses en les accusant de se livrer à une grève « sauvage » et « masquée ». Elle menace de distribuer les sanctions.
Dans son sillage, ministres, politiciens et autres éditorialistes des grandes chaînes de télévision se sont livrés à un nouveau concours de dénonciation des prétendus « privilégiés » qui abuseraient du droit de retrait... Ces gens qui n'ont jamais pratiqué un emploi utile comme celui de faire rouler des moyens de transports, qui ne savent absolument rien de la pénibilité du travail, qui ne se déplacent pas en transports en commun... ont tous leur mot à dire sur le vécu de ceux et celles qui travaillent à la SNCF ou prennent le train chaque jour.
Nos vies, pas leurs profits !
Mais peu nombreuses sont les voix à avoir rappelé les raisons de cet usage du droit de retrait, à avoir déclaré qu'effectivement, il est nécessaire de faire partir des trains avec un effectif approprié, qu'il existe bien des raisons de craindre pour sa sécurité à bord d'un train...
C'est pourtant de cela qu'il faudrait discuter. C'est bien ce qu'a dit un rapport de l'inspection du travail en Alsace, qui met en garde la SNCF contre des sanctions abusives qu'elle serait tentée de prendre.
Le gouvernement comme le patronat, même dans une entreprise publique, se moquent bien des risques. Les vies des travailleurs et des travailleuses valent moins à leurs yeux que les économies et les profits.
C'est aussi pour cela que ces dirigeants veulent nous faire bosser plus longtemps, dans de moins bonnes conditions, avec des salaires plus bas et des pensions insuffisantes pour vivre une fois à la retraite. Et là aussi, pour faire passer leurs projets, ils n'hésitent pas à dénoncer les « privilèges » des uns, comme les travailleurs et les travailleuses de la RATP, pour justifier d'attaquer tout le monde. Cette entreprise de division ne doit pas nous piéger.
Préparons la grève du 5 décembre
Travailleurs et travailleuses du public comme du privé, avec ou sans emploi, précaires ou stables, c'est nous toutes et tous qui faisons tourner cette société, c'est à nous de la contrôler et non à une minorité de dirigeants et d'actionnaires qui tirent leurs profits de notre travail. Notre arme, c'est de nous arrêter toutes et tous ensemble pour bloquer ces profits, pour rappeler que rien ne fonctionne sans nous.
Le 5 décembre, de nombreux secteurs prévoient de rejoindre l'appel à la grève de la RATP : faisons de cette journée un succès et, surtout, le point de départ du bras de fer contre le gouvernement. Déjà, des assemblées générales interprofessionnelles se tiennent ou se sont tenues, comme en Île-de-France la semaine dernière. Elles permettent de regrouper ceux et celles qui veulent en découdre et ne pas s'arrêter à une seule journée. « Le 5 on démarre et le 6 on continue » voilà ce que nous devons marteler partout et préparer sérieusement car pour gagner face à Macron et au patronat, c’est une grève prolongée qu’il faudra !
Cela sera possible si d'ici-là, de nombreuses luttes sont engagées dans différents secteurs et lieux de travail. Préparons-nous pour enfin inverser le rapport de force !
Édito du 22/10/19