Finalement, les Républicains emportent sept régions, le PS en conserve cinq et le FN n'en gagne aucune. Mais les causes de la montée du FN n'ont pas disparu par enchantement ! Celui-ci se nourrit du discrédit des politiciens qui, depuis des décennies, nous promettent le changement pour mieux continuer les attaques sociales entamées par les majorités précédentes.
Le terreau du FN bien vivace
Le FN s'en prend à des boucs émissaires, les étrangers, les enfants d'immigrés, les musulmans et musulmanes, au lieu de désigner les vrais responsables de la misère : les classes possédantes et les politiciens qui les représentent. Au lieu de cela, le FN prône même l'unité des travailleurs et travailleuses français avec leurs patrons de la même nationalité... Comme si nous avions quelque intérêt commun avec ceux qui nous exploitent et vivent de notre travail ! Les intérêts communs c'est entre ceux et celles qui effectuent les mêmes boulots pour les mêmes salaires, quelle que soit leur nationalité !
Malheureusement, le FN n'est pas le seul à prôner l'unité nationale et le respect de l'ordre patronal. Depuis qu'ils sont au pouvoir, Hollande, Valls et toute leur clique se montrent d'aussi zélés serviteurs du MEDEF que Sarkozy et l'ex-UMP l'étaient en leur temps. Plus récemment, droite et gauche ont voté comme un seul homme le renforcement des lois qui, sous prétexte de lutter contre le terrorisme, permettent d'interdire les manifestations... Une mesure bien pratique qui a permis, par exemple, de mettre sous contrôle policier, voire de faire arrêter, des militants et militantes écologistes qui voulaient se mobiliser à l'occasion de la COP 21. Et Valls compte bien renforcer l'arsenal répressif, les lois discriminatoires vis-à-vis des étrangers. Il envisage même de retirer la nationalité à certaines personnes qui l'ont obtenu par naturalisation, quitte à créer des apatrides! Quand un gouvernement prétendu de gauche prend de telles mesures antidémocratiques, on se demande bien ce que le FN pourrait faire de plus !
N'attendons pas 2017 !
Bien que moins forte qu'au premier tour, l'abstention a encore été massive pour le second tour des élections régionales. On ne peut que comprendre ceux et celles qui n'ont pas eu envie de se déplacer pour choisir qui, de la droite ou de la gauche, allait être en charge des prochaines coupes budgétaires dans les services publics financés par les régions, comme les transports ou l'éducation ! Les votes blancs et nuls ont progressé de manière significative au deuxième tour, notamment dans les régions où il n'y avait plus que la droite et le FN en lice, après le retrait sans combat du parti socialiste. Autant de gestes de désaveu et de méfiance qui renforcent l'idée qu'aucune solution ne viendra « d'en haut », en délégant notre pouvoir à des politiciens professionnels qui n'ont rien à voir avec le monde du travail et nos vies quotidiennes.
Pour défendre nos droits, améliorer nos conditions d'existence, il faut lutter par nous-mêmes. C'est ce que font des salariés dans des secteurs aussi divers que la Poste, les transports de marchandises, l'aviation ou la santé. C'est en nous battant tous et toutes ensemble que nous pouvons voir que nous ne formons qu'une seule et même classe aux intérêts communs et radicalement opposés à ceux du patronat, fût-il « bien français ». C'est en nous battant tous et toutes ensemble que nous pourrons prendre conscience de notre force et cesser d'attendre des échéances électorales, dont il ne sortira jamais rien d'autre qu'une nouvelle déferlante de propos réactionnaires, racistes et sécuritaires visant à nous diviser pour mieux nous exploiter et nous faire payer la crise des capitalistes.