La cathédrale Notre-Dame de Paris est une merveille architecturale, produit de prouesses techniques et artistiques, témoignant du génie humain. Des peintures de la Renaissance au jeu video Assassin's Creed en passant par le roman de Victor Hugo, elle tient un place particulière dans la culture. Loin de constituer le patrimoine des seuls catholiques ou de la France, elle est un des fleurons du patrimoine de l’humanité dans son ensemble. Il s’agirait d’ailleurs du monument historique le plus visité d’Europe.
En 8 siècles, le monument n’avait semble t-il jamais subit des dégâts aussi importants que ceux occasionnés par l’incendie d’hier. Les causes précises de l’incendie sont pour l’instant inconnues même si elles pourraient avoir un rapport avec les travaux de restauration en cours. Mais la responsabilité directe de l’État est engagée. Historiens et spécialistes du patrimoine expliquent ce que provoquent les économies réalisées depuis des années – désinvestissement, coupes budgétaires, manque de personnels – en terme d’entretien, de sécurité et de sauvegarde du patrimoine : « Ce qui arrive devait arriver. Le manque d’un réel entretien et d’une attention au quotidien à un édifice majeur est la cause de cette catastrophe » a indiqué J-M Léniaud, le président du conseil scientifique de l’Institut national du patrimoine. L’insuffisance des normes de sécurité notamment électriques sur les chantiers de rénovation est aussi mise en avant. Il ne s’agit pourtant pas du premier incendie de ce type ravageant un site historique. En 2003, le château de Lunéville, par exemple, avait été en très grande partie détruit par les flammes. Mais les gouvernements sont surtout préoccupés par leur politique d’austérité, quitte à imposer des économies de bout de chandelles poussant à faire toujours plus, plus vite avec moins. C’est aussi la préoccupation des entreprises qui entendent rester concurrentielles et faire des profits. C’est d’ailleurs ce qui explique que les édifices contemporains ne résistent parfois pas plus de quelques années ou décennies quand certains datant de l’Antiquité ou du Moyen-Age sont encore debout ! En fait la bourgeoisie est incapable de protéger le patrimoine dont elle se vante.
Gouvernement et politiciens en profitent
L’émotion suscitée par cette catastrophe a fait l’objet de toutes les tentatives d’instrumentalisation. Macron a immédiatement annulé l’intervention télévisée pendant laquelle il devait annoncer deux ou trois mesurettes à l’issue de son grand débat. Responsables catholiques et politiciens en ont appelé à l’union nationale – qui nécessiterait même une trêve électorale – après la destruction de ce qu'ils appellent « un symbole de la Nation », certains y allant de leur couplet sur l’héritage chrétien… Sans mauvais jeu de mot, ces gens là savent faire feu de tout bois. Macron se fait le défenseur du patrimoine, bien qu’il ne se soit pas ému de l’utilisation des armes françaises pour bombarder Sanaa au Yémen, dont le centre historique, joyau du patrimoine humain, a été entièrement détruit.
De l’argent, il y en a…
« Cette cathédrale, nous la rebâtirons tous ensemble » a déclaré Macron, comme si les gens de sa classe avaient déjà bâtis quoi que ce soit, avant d’annoncer le lancement d’une « souscription nationale ». Histoire de demander aux pauvres ce qu’ils ne leur ont pas encore volés.
Le groupe Pinault a lui annoncé qu’il débloquait 100 millions d'euros pour financer la reconstruction de la cathédrale. C’est loin de mettre la famille Pinault sur la paille et c’est un bon coup de pub. Et puis l’ancien ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, qui est aussi le président de la fondation Pinault – le monde bourgeois est petit – a réclamé une réduction d'impôts de... 90% pour les dons effectués pour Notre Dame. Autant que la générosité des grands groupes capitalistes soit payée par les contribuables… Le groupe LVMH a ensuite annoncé un don record de 200 millions d'euros. Un zèle et une rapidité qui étonnent quand on sait que ces grands groupes n'ont jamais versé le moindre centime pour réhabiliter les immeubles insalubres de Bobigny, Saint-Denis ou Marseille. Ils pratiquent l’exil fiscal, pleurent que les temps sont difficiles, qu’augmenter les salaires est impossible mais sont capables en quelques heures de débloquer des centaines de millions d’euros. Cette catastrophe aura montré largement que dans les poches du patronat, de l’argent il y en a. Et pendant ce temps là, la très riche Église catholique se fait discrète car elle entend bien continuer à utiliser la cathédrale à des fins religieuses, mais sans qu’on lui demande un centime…