Après
une période marquée par une mobilisation que l’on n’avait pas vu venir,
et alors que deux zones sont désormais en vacances, un bilan d’étape
s’impose, afin de tenter de fixer des perspectives communes pour la
rentrée de toute l’éducation.
Depuis plus d’un mois, nous
faisons le constat du formidable élan de colère et de détermination qui
s’est emparé, notamment, des professeurs des écoles. Depuis des années,
le premier degré n’avait que peu pointé le bout de son nez dans les
mobilisations. La dernière fois, c’était sur la question de la
modification des rythmes scolaires, mais sans que cela n’entraîne une
large compréhension et adhésion au-delà du corps enseignant.
Des atouts… et des obstacles
Nous
l’avons assez dit dans ces pages : l’école de la confiance a constitué
la limite de ce qui a semblé acceptable aux enseignants tant du point
de vue de leur métier que de la qualité du service rendu aux enfants.
Alors,
bien sûr, les énormes assemblées générales de Nantes, d’Angers ou du
Havre, les cortèges dynamiques et auto-organisés d’Île-de-France, ne
peuvent cacher le fait que la mobilisation n’est pas générale et
d’ampleur dans l’ensemble des villes et villages.
Pour autant, il
existe aujourd’hui indéniablement un socle assez significatif de
personnels mobilisés qui pourrait constituer la locomotive entraînant
les écoles et le reste de l’éducation dans un mouvement contre les
réformes Blanquer, pour un budget à hauteur des besoins et la lutte pour
une école émancipatrice.
Mais pour cela, il faut lever des obstacles. Les
taux de grève ont été extrêmement élevés dans le premier degré à chaque
« temps fort ». Mais aucun départ en reconductible ne s’est cristallisé
sur la durée, permettant ainsi à la grève de devenir active jour après
jour et de pouvoir s’étendre.
La politique de l’intersyndicale,
quant à elle, a été de couper court à toute velléité de sortir des clous
de journées saute-mouton mais ce n’est ni étonnant ni nouveau.
Coordonner, reconduire
Il
n’y a pas eu de tentative réussie à ce stade de construire des cadres
de coordination numériquement significatifs et représentatifs d’un
département ou d’une région, qui apparaissent comme assez légitimes pour
commencer à donner le ton de la mobilisation.
En Île-de-France,
les assemblées générales qui se sont tenues après chaque manifestation,
et ont réuni parfois jusqu’à plus de 200 personnes, ont du mal à trouver
un rythme. Dans un certain nombre de départements, des dynamiques
syndicales tendent davantage à construire leur chapelle sous couvert de
construire au plus proche des collègues et des parents en mettant
systématiquement en concurrence des AG locales avec cette AG régionale. Ce sont ces freins qu’il va falloir débloquer à la rentrée si l’on veut avoir une chance d’obtenir une victoire.
Alors
dès le jeudi 9 mai, non seulement une nouvelle démonstration de force
numérique devra être réalisée, mais c’est surtout dès maintenant que
doit se poser pour l’ensemble des enseignants du premier degré le fait
de reconduire, le 10 mai, la grève, et d’avoir comme préoccupation
fondamentale la coordination de toutes celles et ceux qui reconduiront
ce jour-là mais aussi l’extension de la grève et son élargissement à
l’ensemble des degrés du secteur. Un mouvement de la maternelle à l’université est possible, c’est le moment de s’y mettre toutes et tous ensemble !
Denise Sarraute
dans l'hebdo L'Anticapitaliste n° 472 (18/04/19)