Le 23 juin dernier l’AFP publiait le « projet de rapport scientifique » du GIEC (Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat) dont les conclusions, qui doivent paraître sous leur forme définitive en 2022, détaillent les évolutions et les conséquences du réchauffement climatique. Si les experts du GIEC se sont indignés de la publication de ce qu’ils qualifient de « brouillon » de leur rapport et si certains volets sont incomplets, le ton est donné et ce avant que les Etats qui doivent approuver le rapport puissent en modifier la portée. Si la hausse des températures dépasse 1,5° (et le GIEC estime à 40% le taux de probabilité que cela soit le cas dès 2025), cela pourrait entraîner « des conséquences graves, et parfois irréversibles ». Nous nous apprêtons à connaître une accélération des phénomènes de sécheresse, de malnutrition, de montée des eaux destructrice pour les villes côtières, de nécessaire exode. Même en limitant la hausse à 2° la famine et l’extrême pauvreté pourraient toucher des dizaines de millions de personnes supplémentaires dans les 10 années à venir.
Cette semaine plus de 700 personnes sont mortes dans le Nord-Ouest du Canada suite à des températures record atteignant près de 50°. Des pluies diluviennes ont entraîné des coulées de boue gigantesques qui ont détruit des bâtiments entiers dans la ville d’Atami au Japon. Le sud de Madagascar est actuellement touché par une famine meurtrière causée par l’absence de pluie. Et dans le même temps un site d’exploitation gazière détenu par Pemex, l’une des entreprises les plus polluantes au monde, a provoqué un incendie dans les eaux golfe du Mexique vendredi 2 juillet.
Pas besoin d’attendre les conclusions définitives des experts de l’ONU et des chefs d’Etat de la planète pour constater que celle-ci devient déjà invivable pour une partie de ses habitants, les plus pauvres en premier lieu, et établir l’urgence d‘en finir avec le mode de production capitaliste qui a conduit aux dérèglements accélérés et mortels que nous connaissons aujourd’hui avec l’exploitation incontrôlée des ressources, la recherche incessante de nouveaux investissements visant à enrichir une minorité au détriment de la grande majorité de la population, la privatisation de services et de ressources essentiels. Si de plus en plus de personnes prennent aujourd’hui conscience de l’hypocrisie des gouvernements et des sommets mondiaux dont les législations environnementales ne peuvent être à la hauteur des enjeux puisqu’elles visent à préserver le système économique et les profits des entreprises responsables du désastre, il s’agit également de ne pas se tromper de stratégie dans la lutte pour préserver les conditions de vie sur terre et en finir avec la double exploitation des travailleurs et des ressources vitales.
En effet, à l’heure où la planète est littéralement en train de brûler, seuls des changements radicaux peuvent permettre de limiter les conséquences déjà pour partie irréversibles du changement climatique. Les pages dévoilées du « projet de rapport » du GIEC prônent des transformations radicales à tous les niveaux. Seulement c’est à la jeunesse et aux travailleurs de se saisir de ces conclusions. Ce n’est que par la reprise en main des moyens de production et la planification écologique raisonnée au service de la population que nous pourrons limiter la catastrophe en cours. Et pour cela il n’y pas de raccourci institutionnel ni de solution individuelle possible. Arracher le pouvoir au patronat et aux gouvernements bourgeois qui piétinent les conclusions scientifiques nécessite une grève générale qui permette d’aboutir à une reprise en main de l’économie par celles et ceux qui la font tourner et de toute l’organisation de la société pour que celle-ci ne serve plus les intérêts d’une minorité mais ceux d’une majorité libérée de l’exploitation et des logiques économiques autodestructrices actuelles.