Le Pen-Macron : mais qu’est-ce qu’on attend pour parler mobilisation ?!

                                                                                                                            Image©Jean-Philippe Cazier


C’est devenu un classique depuis vingt ans : à chaque élection présidentielle se rejoue le couplet de la responsabilité face à l’imminence de la catastrophe annoncée. Du barrage au vote utile, rien ne nous aura été épargné pour tenter encore et encore de faire croire que la solution résiderait dans les urnes.

Alors que le Parti socialiste achève enfin sa décomposition et que la droite traditionnelle incarnée par Valérie Pécresse ne peut plus rattraper le terrain gagné par Macron, nous n’aurions plus d’autre horizon que de nous écharper à propos d’un second tour entre le président des riches et l’extrême droite ?

Les travailleurs et les travailleuses doivent rejoindre la jeunesse

Quarante ans de politiques antisociales et racistes ont fait le lit de l’extrême droite qui peut, plus que jamais, prétendre à gouverner. Samedi dernier à Paris et dans plusieurs villes de France, à l’appel d’un collectif initié par la Ligue des droits de l’Homme (LDH), des manifestations ont eu lieu. À Paris, 15 000 personnes ont défilé, essentiellement des jeunes étudiantes et étudiantes, lycéennes et lycéens, à la suite des premières mobilisations dans plusieurs villes, facs et grandes écoles. Comme souvent, la jeunesse fait fi des tergiversations, des peurs et des tractations électorales. Elle s’est mobilisée avant tout parce qu’elle comprend bien qu’elle va continuer à payer la crise des capitalistes, à subir le racisme et la misère. Elle s’est mobilisée parce qu’elle en a ras-le-bol de l’aggravation de la précarité et de l’avenir qui lui est laissé sur une planète au bord de l’asphyxie.

Et cette jeunesse a bien raison : tout ce que notre camp social a gagné, c’est par ses luttes !

Après la radicalité de la mobilisation contre la loi El Komri de 2016, la détermination des Gilets jaunes en 2018, la puissance de la grève face à la contre-réforme des retraites de 2019, la massivité des manifestations contre le racisme et les violences policières, contre les violences faites aux femmes ou pour le climat, toute une génération s'est rendue compte que les perspectives n'étaient pas dans les urnes, mais dans la rue.

Malheureusement, ni les principaux partis de gauche, ni les directions syndicales n'ont cherché à construire massivement les mobilisations de l'entre-deux tours. Samedi, le mouvement ouvrier était bien faiblement représenté dans les manifestations. Pourtant, la réponse à la situation ne se trouve pas dans les institutions, dans les isoloirs et dans le choix entre deux ennemis !

Non, la rue et les urnes ne sont pas les deux faces d’une même pièce ! Le troisième tour social c’est maintenant !

La mobilisation commencée la semaine dernière ne d
oit pas se terminer mais au contraire, s’amplifier. Les présidences de facs, ont fermé des sites, entravant ainsi la mobilisation étudiante. Mais mardi, des lycéens et lycéennes ont pris le relais : les lycées Lavoisier, Balzac, Louis le Grand et Lamartine de Paris ou encore Jaurès de Montreuil ont été bloqués. Les jeunes ont raison d’exprimer quelque chose de fondamental : nos vies ne doivent plus dépendre des élections, mais de nos luttes ! Jeunes, salariés, chômeurs, chômeuses et retraités, nous devons tous et toutes nous en convaincre.

C’est cela qui sera décisif dans les jours et les semaines à venir : la préparation des conditions pour engager le bras de fer avec le nouveau gouvernement qui sera au service des patrons et de la répression. Et non, les élections législatives ne constituent en rien une perspective pour notre camp social. Il n’est pas sérieux de faire miroiter de nouvelles illusions dans un gouvernement dans le cadre des institutions et du système actuel. C’est dans la rue, par nos grèves et nos blocages, par nos solidarités de classe, que nous reprendrons le contrôle sur nos vies.

À quelques jours du second tour, ce qui devrait occuper nos esprits et toutes nos discussions, c’est comment nous joindre à la jeunesse, comment donner le ton dès dimanche soir. L’espoir d’une autre société sera d’autant plus crédible que nous obtiendrons des victoires, alors il n’y a pas de temps à perdre : commençons à regrouper les forces prêtes à discuter et à débattre d’un plan pour y arriver.


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