Selon un sondage paru dans Ouest-France, 76 % des Français s’attendent à une explosion sociale dans les prochains mois. C'est une bonne nouvelle car les raisons de se battre ne manquent pas. D’abord pour les salariés bien sûr qui subissent de plein fouet le millier de plans (anti)sociaux recensés depuis le début de l'année ! Mais les fermetures d’usines ne pèsent pas que sur les seuls salariés. En Bretagne, l’agroalimentaire fait vivre des villes entières. De tout petits patrons, petits agriculteurs, pêcheurs, restaurateurs risquent aussi de mettre la clé sous la porte.
Et les 800 000 foyers fiscaux qui se sont fait imposer pour la première fois cette année, et tous ceux qui devront payer le prix fort de l’augmentation de la TVA en janvier prochain, ont mille fois raison de protester contre l’injustice fiscale qui épargne les fortunes du CAC 40.
Aux travailleurs de prendre la tête des contestations
Les capitalistes de l’agroalimentaire et d’ailleurs, ainsi que leurs amis de droite et d’extrême droite, voudraient cueillir les fruits de la colère. C'est pour cela que la classe ouvrière, si elle ne veut pas que d’autres le fassent, doit prendre la tête des manifestations. C'est à elle d’unifier la révolte et de couvrir la voix des patrons. Si des transporteurs routiers peuvent organiser des barrages dans tout le pays avec 4 000 camions, pourquoi les travailleurs ne seraient-ils pas en mesure de bloquer l’économie, à une tout autre échelle, en unifiant leurs luttes ?
Cette bagarre d'ensemble, les directions syndicales ne l’organisent pas. Leurs manifestations du 23 novembre en Bretagne, éclatées sur quatre villes, avaient fixé comme objectif un « volet social » au « pacte d’avenir pour la Bretagne », ce coup de bluff du gouvernement Ayrault. Cette politique consiste à quémander un peu de « social » à un gouvernement dont toute la politique est anti-ouvrière ! Ces manifestations ont rassemblé peu de monde : la preuve que le monde du travail attend d'autres perspectives.
Ne compter que sur nous-mêmes
À Carhaix, samedi, un « pôle ouvrier » de deux milliers de travailleurs menacés de licenciement a rejoint le rassemblement des Bonnets rouges, en réclamant l’interdiction des licenciements. C'est grâce à eux que s'est fait entendre la voix des salariés au milieu de toutes les autres expressions politiques et sociales.
Le lendemain, à Paris, Mélenchon appelait à une manifestation pour « une révolution fiscale » pour, dit-il, ne pas laisser aux Bonnets rouges le monopole de la contestation et après avoir insulté les travailleurs bretons en les qualifiant de « nigauds » et d’« esclaves ». Pas dupe de cette tentative de diversion, une bonne partie des manifestants a tenu à mettre en avant autant l’interdiction des licenciements que le refus de la hausse de la TVA. Mais il y avait beaucoup moins de monde qu'à Carhaix. Car pour l'instant c'est en Bretagne que la contestation des politiques antisociales est la plus forte.
C'est le moment de faire en sorte qu'elle s'étende. Car des salariés en lutte pour leur emploi il y en a partout ! De Mory Ducros à Fagor-Brandt en passant par La Redoute, Goodyear, Gad, Doux, Tilly-Sabco, Marine Harvest, Véolia, PSA, Renault, EADS, Michelin… sans oublier les salariés des services publics confrontés aux plans de suppressions d’effectifs – il y aurait de quoi se rassembler dans un pôle ouvrier à l’échelle du pays qui prendrait la tête de toutes les colères sociales et aurait la force d'organiser une grande manifestation nationale.