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Publié dans la presse du NPA
/ La gauche institutionnelle entre crise et recomposition pour une reconquête du pouvoir
Retour sur l'année 2017. Depuis la victoire de
Macron, la gauche institutionnelle lèche ses nombreuses plaies. Débâcle
électorale historique du PS, rivalités exacerbées entre les dirigeants
du PCF et ceux de La France insoumise, disparition d’EÉLV des radars
politiques au profit de l’écologie-business à la mode Hulot... Toute la
gauche de gouvernement semble avoir été aspirée vers le fond du siphon
du hollandisme malgré les espoirs mis sur Mélenchon lors de la
présidentielle.
Le renoncement de Hollande à briguer un
second mandat a ouvert le bal de la crise sans précédent que traverse
actuellement le PS. Il est facile de comprendre pourquoi les cinq années
de politique profondément antisociale, en faveur exclusive du Medef,
menée durant le mandat de Hollande, ont entraîné un désaveu profond de
la part des classes populaires vis-à-vis du PS, et aussi de son
principal allié au gouvernement, EÉLV.
2017 : une catastrophe pour le PS
La
victoire de Hamon à la primaire (et la claque infligée à Valls par les
militantEs du parti et une frange significative des électeurEs de
gauche) a entraîné à la fois l’implosion du PS et son score extrêmement
faible au premier tour de l’élection présidentielle (6,3 %). Les
partisans d’un « vrai gouvernement de gauche » ont voté Hamon à la
primaire socialiste... mais Mélenchon au premier tour de la
présidentielle ! Avec un nombre de députés divisé par dix par rapport à
la législature précédente, le PS fait désormais partie des « petits
groupes » parlementaires. Il a mis en vente son siège de la rue de
Solférino et va licencier plus de la moitié de ses 97 employés
permanents. Rien ne va plus pour ce parti, à tel point que dans un
sondage réalisé le 30 novembre, 75 % des personnes interrogées pensent
que sa disparition est inévitable. Il est effectivement compliqué de
trouver une place entre La France insoumise et la clique ultralibérale
de La République en marche qui a absorbé une frange significative des
ténors socialistes, comme Collomb, l’actuel ministre de l’Intérieur.
Personne parmi les anticapitalistes ne pleurera évidemment sur le sort
du PS. Ce parti tel que nous l’avons connu pendant une quarantaine
d’années est sans doute mort. Mais comme sa politique est largement
recyclable, peu importe l’étiquette que porteront ses actuels ou
ex-dirigeants dans les années qui viennent : il nous restera toujours à
combattre leur politique fondamentalement anti-ouvrière !
Des radeaux fabriqués avec les débris du naufrage
Le
congrès du PS aura lieu en avril 2018. La course au leadership est déjà
engagée parmi celles et ceux qui ont fait le choix de ne pas quitter le
navire. Et d’ores et déjà se profile entre les prétendants la
discussion sur les alliances pour les prochaines élections européennes
de 2019. Certains dirigeants historiques du PS ont quant à eux préféré,
dès la fin de la séquence électorale, prendre leurs distances avec leur
parti, pour tenter de se refaire une virginité politique qui pourra
toujours servir. Ainsi dès le 10 mai, Hidalgo, Taubira et Aubry ont
lancé « Dès demain », un mouvement qui n’est « pas un parti ». Hamon a
carrément coupé les ponts, en lançant d’abord l’énigmatique « M1717 » en
juillet, avant de fonder en décembre « Génération.s le Mouvement ».
Autour de lui gravitent désormais d’anciens dirigeants d’EÉLV (Duflot et
Mamère), et certains députés du PCF sont aussi pressés de se trouver
sur les photos du nouveau « mouvement ». Nostalgie de la « gauche
plurielle » des années 1990 ?
Mais même la nostalgie n’est plus
ce qu’elle était ! Car un acteur essentiel n’a pour l’instant pas
souhaité être sur la photo pour une telle recomposition : La France
insoumise de Mélenchon. Même si les relations entre Mélenchon et Hamon
se sont réchauffées depuis quelques mois, avec la volonté commune
affichée de faire bloc dans l’opposition à Macron, le rapprochement
n’est pas évident car ils évoluent sur le même créneau électoral et
leurs positions sur la question européenne, qui sera de fait au cœur des
prochaines échéances électorales, semblent difficilement conciliables.
PCF et FI : je t’aime, moi non plus
Pour
le PCF, l’avenir électoral sera de toute façon compliqué après le choix
du ralliement à la candidature de Mélénchon, choix qui s’est fait dans
la douleur, avec l’opposition dans un premier temps de l’appareil
communiste. Du côté de La France insoumise, l’année 2017 s’est découpée
en deux séquences bien différentes. D’abord la montée en puissance de la
candidature de Mélenchon, qui a certes échoué de peu à accéder au
second tour de la présidentielle mais qui a su faire disparaître
complètement le PCF durant les longs mois de la campagne, et laminer le
candidat du PS. Puis la période de « l’opposition de gauche » à Macron,
que la FI a voulu incarner seule avec son groupe de députés à
l’Assemblée, en refusant toute forme d’alliance aux élections
législatives avec le PCF. Mais de fait, la posture du « meilleur »
opposant parlementaire n’a pas réussi à Mélenchon : faire échec à la
réforme du code du travail ne pouvait se faire que dans la rue, et pas
dans l’hémicycle.
En dernier ressort, beaucoup de bruit et de
gesticulations pour rien de la part des députés de la FI. Ce qui n’est
pas sans effet sur la cote de popularité d’un Mélenchon qui n’a jamais
rien tant vanté que le terrain institutionnel, sur lequel il se retrouve
aujourd’hui bien démuni.
Marie-Hélène Duverger
dans l'hebdo l'Anticapitaliste n° 411 (04/01/18)