Coupe du monde au Qatar, la monarchie a acheté l’Organisation Internationale du Travail (OIT)

La Coupe du monde au Qatar, c’est au bas mot 6 500 ouvriers immigrés morts dans les chantiers, des travailleurs venus de pays du Sud, essentiellement de la ruralité, qui se retrouvent privés de leurs passeports par leurs patrons, à devoir habiter des dortoirs insalubres, travaillant plus de 60 heures par semaines sous 40 ou 50°C, dans des conditions extrêmement dangereuses... pour être payés 240 dollars par mois.

En juin 2014, une plainte a été déposée auprès de l’Organisation internationale du travail (OIT) par plusieurs syndicats, concernant les conditions de travail des ouvriers immigrés dans le cadre de la Coupe du monde. Pendant plusieurs années, des délégations de l’OIT se rendaient régulièrement sur place, rappelant le Qatar à l’ordre et demandant une série de réformes.

En novembre 2017, le Qatar a soutenu un programme de coopération à hauteur de 25 millions de dollars avec l’OIT. Quelques temps plus tard... la plainte a été classée sans suite ! Ce programme obscur de 25 millions de dollars est une première dans l’histoire de l’OIT. Jamais un programme n’avait été financé avec une telle somme. Ses conditions de mise en place sont particulièrement suspectes, le programme est devenu confidentiel, le Qatar a choisi lui-même son directeur, et les autres départements ne pouvaient s’y impliquer, ce qui est contraire aux règles de fonctionnement de l'OIT.

Ces 25 millions de dollars ne sont ni plus ni moins que de la corruption. En quoi ont-ils servi à améliorer le sort des travailleurs de l’État qatari ? En rien. Cet argent n’a été dépensé qu’en voyages et hôtels de luxe, tandis que les travailleurs immigrés retrouvaient leurs familles dans des cercueils. 

Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI), dont sont membres en France la CGT, la CFDT, FO et la CFTC, et membre du conseil d’administration de l’OIT, est allée jusqu’à féliciter en 2018 le Qatar dans « ses pas pour la protection des droits des travailleurs ».

Un exemple de ces « pas » ? La mise en place d’un salaire minimum... calculé sur le pouvoir d’achat du pays d’origine. Ainsi, pour la même tâche, des travailleurs français ou philippins, allemands ou pakistanais, ne touchent pas le même salaire. Pour les pays d’Asie du Sud et du Sud-est dont sont issus la majorité des travailleurs, cela fait un salaire minimum de 240 dollars.

L’OIT et la CSI cautionnent et applaudissent cette mesure raciste, néocoloniale et antisociale. Une mesure qui ne change en rien la vie d'ouvriers qui sont toujours entassés dans des dortoirs insalubre, privés de toute liberté d’expression et d’organisation.

La situation au Qatar doit nous interpeler toutes et tous, d'autant que ce pays est l’un des principaux acheteurs d’armes françaises et qu’il s’agit d’un « État ami » de la France (ce qui ne l’empêche pas de soutenir les Frères musulmans ou de jouer les intermédiaires avec DAESH ou les talibans).

En 1978, la Coupe du monde en Argentine avait permis une dénonciation forte de la dictature militaire. Faisons de même pour le régime qatari, l'un des pires régimes esclavagistes, et ses alliés internationaux, en premier lieux la France, ainsi que l’OIT et les pseudo syndicalistes qui ont accepté, pour fermer les yeux sur le spectacle désolant de cette Coupe du monde 2022, un pot-de-vin taché du sang des ouvriers.

Combattons l'impérialisme français qui fournit leurs armes aux pires régimes pour opprimer leurs peuples et ceux de leurs pays voisins.

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