Samedi 2 juillet, des dizaines de vols ont été annulés à Roissy-Charles-de-Gaulle. Les travailleurs et travailleuses de l'aéroport, notamment les pompiers et agents de sûreté, les responsables du tri des bagages, des chariots, des navettes ou du nettoyage ont fait grève pour revendiquer une augmentation de 6 %, et d'au moins 300 euros, avec effet rétroactif au 1er janvier dernier, afin de rattraper l'inflation et les baisses de salaires de ces deux dernières années. Un nouveau préavis de grève est déposé du vendredi 8 au dimanche 10 juillet, afin de rouvrir les négociations avec la direction d'Aéroports de Paris (ADP). Celle-ci ne propose qu'une augmentation de 4 %, et qui prendrait effet au 1er juillet seulement. Le mouvement devrait toucher d'autres aéroports, comme celui de Marseille-Provence.
Les prix s'envolent, nos salaires restent à terre...
Des transports routiers à l'énergie, des parfumeries Marionnaud au cabinet de conseils numérique Capgemini, de TotalEnergies à Chronodrive en passant par la banque Cetelem, des EHPAD à la SNCF... Les grèves pour les salaires et les conditions de travail explosent.
Il s'agit de la seule réponse possible à la situation : les prix s'envolent (+ 5,5 % en moyenne en un an, et même + 28 % pour l'énergie, + 15 % pour les pâtes, + 11,5 % pour la farine...), tout comme les profits des entreprises et les revenus des plus riches... Mais les salaires stagnent, ce qui signifie une baisse du niveau de vie réel.
Le patronat a été bien aidé depuis la crise de 2020, mais cela ne le rend pas plus partageur. Et souvent, ses propositions sont à la limite de l'insulte pour les travailleurs et travailleuses qui font tourner les entreprises : chez Marionnaud, après huit ans de stagnation, alors que ses salariés sont au SMIC, la direction a offert... cinq euros de plus par mois ! Les grévistes en demandent cent. L'État n'est pas en reste, avec l'annonce de la revalorisation du point d’indice des fonctionnaires d'à peine 3,5 %, après douze ans de gel et une perte de pouvoir d'achat de 10 % en dix ans.
Les luttes pour les salaires sont souvent intersyndicales et réunissent des salariés aux différents statuts, parfois même avec différents employeurs, comme à Roissy. Les travailleurs et travailleuses comprennent bien que c'est toutes et tous ensemble que nous pourrons imposer nos revendications au patronat, sans nous laisser diviser. D'ailleurs, certaines de ces luttes portent des revendications déjà anciennes, que la situation et le mouvement de convergence ont permis de les relancer.
Notre classe est plus forte quand elle est unie
Le 23 juin, à Issy-les-Moulineaux (92), les salariés de vingt-deux entreprises dont les sièges ou les bureaux se trouvent à proximité (Orange, Microsoft, Nestlé, Dassault...) se sont rassemblés pour soutenir la lutte en cours depuis deux mois chez Capgemini.
Le mouvement actuel pour les salaires n'est pas qu'une somme de mobilisations entreprise par entreprise. Il s'agit bien d'une opposition entre l'ensemble de la classe laborieuse et l'ensemble de la classe dirigeante. Notre classe, celle des travailleurs et travailleuses salariés, est celle qui crée les richesses et fait tourner l'économie. En face, le patronat et les actionnaires s'approprient ce travail pour accumuler toujours plus.
Un bras de fer est engagé pour savoir qui devra payer la crise et qui pourra profiter des fruits du travail. Il débute sur la question des salaires, mais il concerne aussi les retraites, l'emploi, le temps de travail, toutes nos conditions de vie. Ce bras de fer, notre classe peut le gagner si elle est unie et déterminée, si dès la rentrée nous nous donnons des rendez-vous communs, si nous sommes en grève le même jour, que nous manifestons ensemble, avec les mêmes revendications. Une journée ne suffira pas, mais elle pourrait être le tremplin d'un mouvement d'ensemble de notre classe, d'une grève générale.