Le saccage de la planète a fait de l’année 2022 la plus chaude jamais enregistrée en France. Mais l’hiver arrive et le froid s’installe. Pour beaucoup d’entre nous, réussir à se chauffer va devenir une question lancinante. Les prix montent et mangent les salaires, alors que chaque euro compte déjà. Mais Élisabeth Borne a une doudoune et, pour elle, l’urgence, c’est la réforme des retraites, dont les modalités devraient être « dévoilées » le 10 janvier.
Travailler plus pour travailler plus
Ça ne lui suffisait donc pas de s’en prendre aux chômeurs pour les forcer à accepter les pires conditions du patronat. Alors que la casse des services publics fait que l’hôpital ou le réseau énergétique sont au bord de la rupture, il faut encore aller gratter au fond des poches des travailleurs jusqu’à toucher l’os.
La Première ministre essaie de faire jouer le suspense autour de l’âge de départ : 65 ou 64 ans ? Médiocre effet d’annonce : quoi qu’il arrive, il faudrait s’user au travail plus longtemps, au-delà de l’espérance de vie en bonne santé. Et il est déjà prévu que l’allongement de durée de cotisation compense un compromis sur l’âge de départ, ou vice-versa.
« Ils reculent l’âge de la retraite et avancent l’âge de la mort »
Il s’agirait, nous dit-on, de sauver les caisses de retraite de la faillite. Sauf que, en 2021, les caisses étaient excédentaires et le seront encore plus en 2022 : 3,2 milliards. Elles ne deviendraient déficitaires que plus tard, avec un déficit de 17 milliards. Après ? Le Conseil d’orientation des retraites (COR), service de l’État, prévoit qu’elles réduiront ce déficit graduellement et sans réforme. De toute façon, il s’agirait de 17 milliards sur un budget de 330 milliards, soit seulement 5 % du total. Sans parler des réserves importantes dont l’ensemble des caisses disposent aujourd’hui, 160 milliards d’euros au total.
Mais il y a les faits, et puis il y a les profits. Les fonds de pension privés lorgnent depuis un moment sur le gigantesque marché de l’épargne-retraite individuelle que cela ouvrirait. Ensuite, reculer l’âge de départ à la retraite, c’est faire travailler plus longtemps ceux qui le pourront et, surtout, pour tous ceux qui ne le pourront pas, réduire le montant des pensions. C’est aussi s’assurer que davantage de travailleurs meurent avant de toucher leur retraite, usés par l’exploitation.
Pour faire passer la pilule, le gouvernement met en avant le chiffre de 1 200 euros de minimum de pension. Promesse bidon, car ce « minimum » ne sera garanti que si l’intégralité des annuités a été cotisée, des annuités toujours plus nombreuses… Pour beaucoup, ce sera donc le minimum vieillesse, qui est aujourd’hui à 908 euros, en dessous du seuil de pauvreté. Et encore faudra-t-il le demander.
Nous imposer face au gouvernement
Si les caisses de retraites sont vraiment si mal en point, il y a une solution simple : un déficit de 5 % est immédiatement comblé par une augmentation des salaires, et donc des cotisations, de 5 % ! Si les salaires augmentaient de ce qui nous est nécessaire aujourd’hui, c’est-à-dire au moins de 400 euros, plus de problème de « déficit ». Et cela réglerait quelques autres problèmes aussi, nos fins de mois par exemple !
Ce n’est évidemment pas une option pour le gouvernement. Mais il se souvient de la mobilisation de 2019 qui l’avait mis en peine de passer l’ancienne réforme des retraites avant la crise Covid. Alors il fait mine de se concerter avec les directions syndicales, qui se sont précipitées à la table avant même de chercher à mobiliser.
Nous savons pourtant toutes et tous qu’il n’y a rien à attendre de ces « concertations » et du « dialogue social ». Le gouvernement Macron sait très bien ce qu’il fait : agir pour le compte des capitalistes, comme il l’a toujours fait. Ce n’est pas de « concertations » dont notre camp a besoin : c’est d’une mobilisation, de grèves, toutes et tous ensemble, comme nous l’avons fait en décembre 2019. Voilà ce à quoi, dès maintenant, nous devons œuvrer.
Édito du Nouveau Parti Anticapitaliste