Éditorial du NPA du 13 février 2023
Les manifestations monstres de samedi dernier ont montré que le mouvement contre le projet gouvernemental sur les retraites ne faiblit pas, bien au contraire ! Chaque manifestation apporte de nouveaux manifestants remplaçant, et au-delà, ceux qui n’ont pas pu revenir.
Les énormes cortèges dans toutes les villes, grandes, moyennes et petites, les grèves dans des entreprises privées comme dans les services publics, la mobilisation de la jeunesse avec les blocages de facs et de lycées, tout montre que nous sommes unanimes à rejeter le projet. Les questions que tout le monde se pose maintenant sont : comment faire reculer le gouvernement, comment gagner ? Mais aussi : quand est-ce que nous pourrons considérer avoir obtenu satisfaction sur nos revendications ?
Un gouvernement vomi par le monde du travail tout entier
Parmi les salariés, personne ne peut plus supporter les apparitions à la télé de ministres prétentieux qui ne connaissent rien de la vraie vie et osent venir nous donner des leçons, à nous, qui faisons tourner la société. On n’en peut plus de leur façon de venir nous dire : « Vous n’avez pas bien compris, je vais vous expliquer »… On a très bien compris que ce qui menace le système des retraites, c’est leur volonté de puiser dans la poche des plus pauvres pour arroser les plus riches.
Comment préparer les prochaines étapes ?
La prochaine grosse échéance annoncée par l’intersyndicale est le 7 mars, et sans doute le 8 dans la foulée comme dans les transports parisiens qui ont prévu une grève reconductible. L’intersyndicale nationale a dit être prête à « mettre le pays à l’arrêt » si le gouvernement ne retire pas son projet. Et, comme étape, elle a annoncé une nouvelle journée de mobilisation jeudi prochain, le 16 février.
Le retrait du projet, c’est le minimum. Mais cela fait plus de 30 ans que, sans autre raison qu’appauvrir les plus anciens, les gouvernements successifs ont dégradé le système des retraites. En 1982, alors que les richesses produites étaient bien moindres, pour tous les salariés, la retraite était à 60 ans avec 37,5 annuités. Ce qui était possible en 1982 l’est a fortiori 41 ans plus tard dans une société bien plus riche.
Aller vers la grève générale
L’intersyndicale a menacé de « mettre le pays à l’arrêt ». Oui, il faut aller vers une grève générale qui remette les pendules à l’heure. Sans les travailleurs, rien ne se produit. Si nous croisons les bras, la production ne sort pas et adieu les profits patronaux et les dividendes pour les actionnaires.
Nous le savons tous : quelques journées de paralysie de l’économie feraient vraiment basculer le rapport de force en notre faveur. La journée du 7 mars peut être une étape importante vers une grève générale.
Nous avons besoin de discuter entre nous
C’est par tous les bouts que ce gouvernement s’efforce de prendre dans la poche des plus pauvres pour arroser les plus riches. Il multiplie les attaques :
• l’inflation ronge un pouvoir d’achat déjà bien faible ;
• les conditions de travail se dégradent sans cesse avec, partout, le manque d’effectifs qui rend les journées harassantes ;
• la réforme de l’assurance chômage, entrée en vigueur le 1er février, diminue la durée des prestations de chômage et enfonce un peu plus dans la précarité ceux qui ont perdu leur emploi ;
• et, maintenant, ce projet sur les retraites qui transformerait les anciens en pauvres, comme c’était le cas jusqu’au milieu du siècle dernier.
Nous avons besoin d’échanger, entre nous, syndiqués ou non syndiqués, sur toutes ces questions et sur ce que nous devons faire pour gagner : quand et comment continuer la grève plusieurs jours de suite, sans attendre une prochaine date lointaine ? Comment élargir le mouvement, convaincre les collègues qui ne sont pas encore mobilisés et nous adresser aux autres entreprises et secteurs du monde du travail ?
La préparation des manifs et les cortèges eux-mêmes sont une première occasion d’avoir ces discussions. Mais nous avons besoin d’établir de véritables liens entre nous, de tenir des réunions, des assemblées générales de grévistes : avec des mouvements seulement chapeautés d’en haut, le risque existe que le lâchage d’un syndicat mette en danger la mobilisation de tous – nous savons que cela s’est déjà produit. C’est notre mouvement, il est normal que nous le contrôlions de bout en bout.
Tous ensemble, nous pouvons et nous allons gagner !