Depuis près de deux semaines désormais, des centaines de travailleurs immigrés sont pourchassés par la police en plein de cœur de Paris. Ces 400 hommes, femmes et enfants ayant fui pour la plupart le Soudan, l'Érythrée ou l'Éthiopie, et ayant survécu à la traversée du désert et de la Méditerranée, avaient installé depuis plusieurs mois un camp de fortune sous le métro aérien dans le quartier de la Chapelle. Ils en ont été chassés par les matraques policières sous prétexte « d'insalubrité », leurs affaires ont été arrachées et dispersées, leurs tentes détruites... et la quasi-totalité d'entre eux se sont retrouvés condamnés à errer dans Paris alors que d'autres ont été arrêtés et placés en centre de rétention, pour être expulsés. Dans une des plus riches métropoles du monde, des êtres humains sont traités comme des parias parce qu'ils ont fui leur pays miné par la guerre et la misère dont les États occidentaux ont souvent une part de responsabilité. Les larmes de crocodile de Hollande et de ses ministres lors des naufrages de migrants ont vite été ravalées. Quand il s'agit de migrants bien vivants, ici même, ils veulent s'en débarrasser par tous les moyens !
La violence au service d'une politique raciste
Ayant décidé de rester groupés, afin d'obtenir de la part des autorités un hébergement pérenne et décent auquel ont droit tous les demandeurs d'asile, les migrants de la Chapelle ont subi deux autres vagues de brutalité policières lundi 8 puis jeudi 11 juin lorsqu'ils ont voulu se poser de nouveau quelque part. Gaz lacrymogènes et coups de matraques ont plu contre les migrants et toutes celles et ceux qui sont venus les soutenir. La mobilisation a du surmonter l’opposition des élus de gauche présents qui s’opposaient à cette nouvelle action des migrants. Jeudi, un militant du NPA et syndicaliste à la CGT a failli perdre un œil... et il a été présenté dans la presse comme un policier blessé ! Le gouvernement et ses relais déversent sur les migrants des tombereaux de préjugés racistes et se répandent en calomnies contre leurs soutiens. Le Front national n'est pas au pouvoir, mais sa politique est appliquée !
La violence d'une politique au service des riches
Quand Valls, Cazeneuve et Hollande ou quand la Mairie PS de Paris s'en prennent à des migrants sans-papiers, c'est à l'ensemble de la population travailleuse qu'ils s'en prennent. Parce que cette politique d'exclusion et de division ne donnera aucun emploi supplémentaire, aucune augmentation de salaire, aucun logement digne à personne. Le gouvernement reprend à son compte une vieille rengaine xénophobe : la France ne pourrait pas accueillir toute la misère du monde... mais quand Valls emmène ses enfants voir un match de foot à Berlin en utilisant un avion officiel pour plusieurs milliers d'euros, l'argent ne semble pas être un obstacle ! De l'argent il y en a, pour les patrons, pour les banquiers, pour les ministres, pour ces privilégiés qui mènent les affaires du monde et qui sont responsables de la misère de pays entiers... mais pas pour quelques centaines de femmes, d'hommes et d'enfants qui réclament leurs droits. C'est ce même gouvernement qui liquide les services publics, la santé et le droit du travail, et qui s'en prend aux sans-papiers, parce que ce sont les deux bouts de la même politique anti-sociale.
Tous ensemble, faisons reculer le gouvernement !
Mardi 16 juin, de nombreux partis politiques et syndicats appellent à manifester à Paris en solidarité avec les migrants de la Chapelle. Partout en France, des milliers de travailleurs immigrés subissent le même sort inhumain : condamnés à la clandestinité, à la précarité, subissant très souvent la violence policière, ils vivent de fait dans un monde parallèle, au vu et au su de toutes et tous. La détermination des migrants de la Chapelle indique que c'est le moment de réaffirmer, à leurs côtés et partout en France, des revendications essentielles pour l'égalité des droits : des papiers, un logement et du travail pour toutes et tous !