Vendredi 26 juin, 39 personnes ont été tuées dans un attentat à Sousse, en Tunisie. Le même jour, 27 musulmans chiites ont péri dans une explosion au Koweït. Et à Saint-Quentin-Fallavier en Isère, un homme a fait exploser une bonbonne de gaz dans une usine et a décapité le patron de la boîte sous-traitante travaillant pour le groupe auquel appartient l’usine. Les attentats tunisien et koweïtien ont été revendiqués par l'« État islamique en Irak et au Levant » (ÉI ou Daesh). Celui de l'Isère ne l'est pas encore, même si son auteur présumé était connu des services de renseignement.
Surenchère sécuritaire et raciste
Dans les minutes qui ont suivi, les politiciens de droite et d'extrême droite s'en sont donné à cœur joie dans la récupération et la surenchère, sans même attendre de savoir quoi que ce soit des faits.
Les « Républicains » Nadine Morano et Christian Estrosi ont ainsi parlé d'une « cinquième colonne », une frange entière de la population prête à prendre les armes contre le pays. Estrosi avait déjà parlé en avril dernier d'une « troisième guerre mondiale » déclarée à la « civilisation judéo-chrétienne » par « l’islamo-fascisme ».
Du côté du Front national, Marine Le Pen demande « des mesures fortes pour terrasser l’islamisme », tandis que son bras droit Florian Philippot dénonce « l'inaction et la politique de l'émotion ».
Mais qui est dans la « politique de l'émotion », sinon ceux et celles qui utilisent un vocabulaire guerrier et, en désignant les « islamistes » sans définir cette notion, ouvrent la voie aux amalgames ? En janvier dernier, le député européen FN Aymeric Chauprade était allé au bout de ce raisonnement en déclarant : « On nous dit qu'une majorité de musulmans est pacifique, certes. Mais une majorité d'Allemands l'étaient avant 1933 et le national-socialisme. »
De son côté, le gouvernement appelle, comme en janvier dernier, à « l'unité nationale ». Il ne s'agit pas que d'une tentative désespérée de faire taire la colère des classes populaires, en les appelant au recueillement. Le gouvernement a fait passer cette semaine sa loi « antiterroriste » qui renforce le flicage, le fichage, la surveillance et l'arbitraire policier. Si ces politiques peuvent aussi être utilisées contre les militants et militantes des mouvements sociaux, les syndicalistes, les écologistes, les jeunes des quartiers populaires, elles n'ont jamais prouvé leur efficacité pour mettre fin aux attentats.
Les racines de la violence
Les auteurs de ces attentats ne s'opposent en rien aux injustices de la société capitaliste. Leur projet est un retour en arrière de plusieurs siècles, la fin des libertés, le renforcement des inégalités entre les hommes et les femmes, entre les plus riches et les plus pauvres. Les dirigeants de Daesh sont des seigneurs de guerre, des mafieux prompts à s'enrichir sur le dos des peuples. En Tunisie, ils ont assassiné en 2013 Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, des militants démocrates et anti-impérialistes, opposants historiques à la dictature de Ben Ali.
Mais le développement des mouvements intégristes réactionnaires ne tombe pas du ciel ! Ce sont les politiques des grandes puissances capitalistes, France et États-Unis en tête, qui le rendent possible.
Les impérialistes n'ont aucun problème à soutenir des régimes obscurantistes et des extrémistes religieux, lorsque ceux-ci servent leurs intérêts. La France est le troisième exportateur d'armes dans le monde. Depuis janvier, elle a vendu pour 15 milliards d'euros d'armement, principalement au Moyen-Orient. L'Arabie saoudite représente 28 % des commandes ; dans ce royaume, principal exportateur de pétrole mondial, 70 décapitations ont déjà été exécutées rien qu'en 2015. Et ces armes sont utilisées pour écraser les soulèvements populaires dans toute la péninsule Arabique.
Les politiciens peuvent s'émouvoir de l'importation en France des attentats et des conflits du Moyen-Orient. Mais c'est bien l'armée française qui, en se déployant dans le Sahel, l'océan Indien et le Moyen-Orient, exporte la guerre et la misère.
Quant à ceux et celles qui fuient ces conséquences, le gouvernement français promet l'humiliation, la chasse aux immigrés et les expulsions.
Cesser le soutien aux dictatures et les ventes d'armes, retirer l'armée française de tous les pays et territoires qu'elle occupe, accueillir comme il se doit ceux et celles qui fuient la misère que l'impérialisme crée dans le monde... Voilà des mesures qui permettraient de lutter véritablement contre la folie et la barbarie du capitalisme et les conséquences qu'il engendre.