Édito du 17/01/17


Des manifestants réclament la relaxe de huit ex-salariés d\'une usine Goodyear devant le tribunal d\'Amiens (Somme), le 11 janvier 2017. 
Nouvelle condamnation pour les Goodyear...
Assez de la justice des riches et des puissants !

Mercredi 11 janvier, la cour d'appel d'Amiens a rendu son jugement concernant les huit travailleurs de Goodyear condamnés en 2016 à neuf mois de prison ferme. Ces salariés étaient accusés d'avoir « séquestré » des cadres de leur entreprise en 2014, alors que la boite s'apprêtait à fermer l'usine.



Les travailleurs toujours « coupables »

Avec l'appel, et surtout grâce à la mobilisation de milliers de travailleurs et de travailleuses solidaires de ces camarades, leur condamnation est revue à la baisse. Ils échappent à la prison ferme, ce qui est déjà une victoire. Un accusé est relaxé. Deux sont condamnés à trois mois de prison avec sursis et cinq à douze mois avec sursis. Mais sept travailleurs sont tout de même jugés « coupables » d'avoir voulu sauver les 1143 emplois de l'usine.

Les licencieurs qui amassent les profits par millions ne sont jamais condamnés à rien. Pourtant, à Amiens, douze anciens salariés sont décédés, dont trois par suicide... Et moins de 10 % ont retrouvé un CDI. Cela n'est-il pas un peu plus criminel qu'une pseudo séquestration ?

Les cadres « séquestrés » et l'entreprise Goodyear ont d'ailleurs retiré leur plainte. Les poursuites ont donc été effectuées par le parquet, autrement dit le procureur de la République, qui dépend du ministère de la Justice. C'est donc bien une décision politique !



Une justice de classe

D'autres décisions politiques existent en justice. En décembre dernier, l'ancienne ministre et actuelle dirigeante du Fonds monétaire international, Christine Lagarde était jugée par la Cour de justice de la République (CJR) pour avoir favorisé une procédure d'arbitrage avantageant l'homme d'affaires crapuleux Bernard Tapie. Celui-ci avait empoché 400 millions d'euros du Crédit lyonnais. Avec une telle somme, les licenciés de Goodyear auraient de quoi tenir !

Depuis, la justice a annulé cette décision. Le choix de la ministre de l'Économie était délibéré : favoriser un grand homme d'affaires capitaliste, ami de ministres comme Jean-Louis Borloo et soutien de Sarkozy.

La CJR a donc tout logiquement déclaré Lagarde coupable de « négligence »... Puis elle l'a dispensée de peine !



Les politiciens au service de leurs amis

Cette Cour de justice de la République est chargée de juger les délits commis par des ministres ou anciens ministres durant l'exercice de leurs fonctions. Elle est notamment composée de douze parlementaires ; ce sont des politiciens qui se jugent, ou se font des fleurs, entre eux.

1706 poursuites ou sanctions ont frappé des grévistes et des syndicalistes en moins d'un an car ce ne sont jamais les travailleurs et les travailleuses, les jeunes, les classes populaires qui bénéficient de telles largesses. Pour cela, il faut faire partie des riches et des puissants, ou au moins de l'élite politicienne à leur service.

Et voilà que ces politicards voudraient nos voix pour l'élection présidentielle à venir ?! Ils nous demandent même de choisir entre eux qui nous voulons comme candidat ?! Valls, après cinq ans de lois plus antisociales et liberticides les unes que les autres prétend représenter le « progrès » ?! Montebourg et Hamon, la prétendue aile « gauche » du PS disent qu'ils ont de nombreux désaccords avec lui. Mais quand se sont-ils concrètement opposés à sa politique ? Quand ont-ils manifesté auprès des travailleurs et des travailleuses trahis par le gouvernement ? Ou auprès des syndicalistes condamnés ? Même après avoir quitté le gouvernement, qu'ont-ils fait pour barrer la route à sa politique ? Les prétendus « frondeurs » se sont dégonflés quand il s'est agi de voter une motion de censure contre le gouvernement, seule façon de bloquer l'adoption de la loi Travail avec le 49-3.

C'est pourtant bien dans la rue, dans les manifs, les grèves, les actions, que nous imposerons un autre rapport de force aux dominants. C'est ce qu'exprime la candidature de Philippe Poutou, ouvrier de l'automobile (le seul en lice !) et militant anticapitaliste... Bien loin des cercles des politiciens professionnels.

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