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Publié dans la presse du NPA
/ Nous ne sommes pas à égale distance des révolutionnaires et des réformistes
Tribune publiée dans L'Anticapitaliste - l’hebdomadaire du NPA - n° 387 (08/06/17)
L’écho de la campagne Philippe Poutou autour d’un profil ouvrier, de rupture avec le capitalisme, a montré que nos idées ont une audience dans une frange de la jeunesse et de la classe ouvrière. Le succès de la manifestation du Front social le 8 mai, ainsi que la grève des conducteurs de carburants, montre qu’une partie de notre classe est disponible, cherche les voies pour résister aux attaques ultra violentes du patronat qui a trouvé en Macron un serviteur zélé.
À mille lieues de ces préoccupations, Mélenchon a écrit « économisez-vous des kilomètres de manif en votant France insoumise ». Les directions syndicales quant à elles ne proposent rien ou au mieux des intersyndicales. Les législatives doivent nous servir à faire entendre une autre voix, expliquant que le seul moyen de s’opposer à la politique des patrons, c’est la grève et la mobilisation. Nous devons relayer et construire la riposte sociale à commencer par les manifestations organisées par le Front social dans plusieurs villes le 19 juin.
C’est aussi l’occasion de dire que, face au projet ultra libéral de Macron, un autre projet de société basé sur la satisfaction des besoins sociaux, sans exploitation ni oppression, est non seulement indispensable mais possible.
Le Conseil politique national (CPN), réuni après le premier tour de la présidentielle, avait pris la décision à 71 % de présenter des candidatures NPA, de proposer à LO et seulement à LO un accord de répartition pour les législatives. La majorité des camarades de la Plateforme 1 (PF1) au CPN étaient contre, attachés qu’ils sont à cette politique qui vise à nous placer à égale distance des révolutionnaires et des réformistes. Pourtant, 51 % du CPN se sont également prononcés pour appeler à voter Lutte ouvrière dans les circonscriptions où nous ne serions pas présents.
Cependant, les camarades minoritaires au dernier CPN ont développé une politique au Comité executif (CE) visant à limiter au maximum le nombre de candidatures, parfois sur des régions entières ou en multipliant les obstacles techniques (profession de foi et affiche types arrivées en retard). Cela a été rendu possible avec l’appui d’une partie des camarades de l’ancienne plateforme 2 du congrès. Les camarades du Comité exécutif ont même trouvé le moyen de s’opposer à une candidature dans le 11e arrondissement de Paris dans un CE. Rappelons qu’il y a 5 ans, le NPA, qui n’était pas dans une meilleure situation financière, avait tout de même pu présenter 366 candidats : dix fois plus qu’aujourd’hui !
Derrière les prétextes financiers initiaux, les camarades qui ont décidé de ne pas présenter de candidats mettent en avant des arguments politiques de fond : ne pas participer au morcellement de la gauche, pas d’intérêt politique (alors que l’écho de Philippe est plus important qu’en 2012). Dans certaines circonscriptions, le NPA appelle même explicitement à voter « pour toute formation à la gauche du PS ». Dans l’Eure, le NPA est à l’initiative d’une liste « unitaire » avec le PC, Ensemble et FI… en contradiction non seulement avec le vote du CPN, mais également avec la motion majoritaire du dernier congrès.
C’est donc dans ces conditions que des camarades ont dû, sans un réel soutien de l’appareil du parti, se présenter dans 27 circonscriptions aux législatives. Partout ailleurs, nous appellerons à voter pour Lutte ouvrière. Face à l’offensive que prépare Macron contre le monde du travail et la jeunesse, il est urgent de construire une riposte sociale la plus large possible contre l’application de sa politique, en particulier de casse du code du travail.
Mais nous devons aussi faire apparaître que les révolutionnaires, au-delà de leurs divergences, peuvent faire bloc pour défendre leur camp, y compris en montrant un minimum de solidarité au moment des élections.
Anticapitalisme & Révolution