Alors que se déroulait ce dimanche 2 juin la marche des Mutilés qui revendiquait l'interdiction du LBD 40 et des grenades contenant de la TNT, le secrétaire d’État à l’Intérieur, Laurent Nuñez déclarait sur RTL : « Nous n’avons pas de regret sur la façon dont nous avons mené l’ordre public et la sécurité publique. (...) les choses se sont quand même globalement bien passées en matière d’ordre public » et « ce n'est pas parce qu'une main a été arrachée, parce qu'un œil a été éborgné, que la violence est illégale ». « Je ne présente pas d'excuses (...) ». D'après David Dufresne, au 1er mai, on comptabilisait 1 décès, 268 blessures à la tête, 23 éborgnés, 5 mains arrachées, 95 journalistes visés ou entravés. Ainsi, au-delà du caractère abject des propos du secrétaire d'État, c'est surtout, derrière, le message qui est véhiculé : on continue et on est prêts à aller loin pour défendre les intérêts capitalistes. Mais malgré le contexte électoral qui a vu arriver en tête le Rassemblement National et l'annonce sans réserve du gouvernement de la poursuite de sa politique anti-ouvrière, le mois de juin s'emplit déjà de date de mobilisations.
La persévérance des combats contre la régression sociale
Rien ne semble arrêter pourtant pour l'instant le flux continu de luttes qui touchent de nombreux secteurs. Le 4 juin les cheminots, le 11 juin les urgentistes et encore le 13 juin et surtout à partir du 17 les enseignants qui sont appelés à bloquer les examens pour poursuivre la mobilisation contre toutes les réformes Blanquer. Et cela en ne comptant que des dates à caractère national puisque dans les hôtels de luxe, chez les agents du nettoyage à la RATP, à la Poste, dans le commerce, il y a des combats réguliers contre la dictature patronale. Car les raisons de lutter explosent ! Dans la grande distribution, par exemple, plus de 30 000 emplois ont disparu depuis 2014 ; les grands groupes comme Carrefour, Casino et Auchan ont touché à eux trois, 522 millions d'euros d'aides en 2018 par le biais du CICE et d'exonérations de cotisations sociales. Ce qui ne les a pas empêché de supprimer plus de 10 000 emplois. La dernière annonce en date étant celle qui a éclaté au lendemain des élections européennes sur les 1000 licenciements à General Electric.
Toutes ces dates sont des points d'appui bien sûr pour les secteurs concernés et surtout pour leurs franges les plus combatives. Mais cela reste quand même un immense gâchis que de voir tout cet éparpillement alors qu'en face, ils restent pour l'instant bien soudés contre notre camp social.
S’unir pour ne plus subir !
A ce jour, toutes celles et tous ceux qui se battent et sont déterminés à ne rien lâcher sont sur le pont mais sans perspective de regroupement. C'est cela qu'il faut mettre en perspective dès maintenant pour la rentrée : contre la réforme des retraites et pour l'interdiction des licenciements, construisons notre plan d'action pour enfin gagner pour faire reculer Macron et ses amis les patrons ! Il faut en finir avec les journées d'action dispersées et diluées dans le temps ! Si de ce monde nous ne voulons plus, il va falloir le faire savoir toutes et tous ensemble et s'en donner les moyens. Nous avons besoin de l'unité et de la convergence de nos grèves, de nos blocages et de nos manifestations. Et surtout nous ne devons plus tergiverser à utiliser les modes d'action qui font vraiment peur au gouvernement et aux patrons...
Les enseignants en colère discutent ainsi de plus en plus ouvertement de bloquer les examens, notamment le Bac, à partir du 17 juin ! Ils et elles ont raison ! C’est la première fois depuis des décennies qu’une telle action est envisagée. Cette menace de blocage il faut s'en sentir solidaires car elle exprime ce que nous devrions faire à l'échelle de toute la société et l'économie : mettre le grain de sable dans la machine et ainsi se donner les moyens de reprendre le contrôle sur nos vies et sur la marche de la société !
Éditorial du 04/06/19