Contribution aux débats du CI de la SUQI (IVème Internationale)

Contribution sur la situation internationale : 
Comité International SUQI (IVème Internationale) des 19 et 23 février 2022

~~ English below. Castillan abajo. ~~

L'urgence anticapitaliste et révolutionnaire

La situation du monde est toujours caractérisée par une crise économique profonde. Si dans certains pays, des chiffres de croissance peuvent momentanément évoluer à la hausse, globalement le taux de profit mondial connaît une tendance à la baisse qui comporte deux dimensions : une baisse séculaire, telle qu'analysée par Marx, qui n’est pas une loi abstraite mais une réalité palpable. Cette tendance historique se conjugue avec une crise prolongée. Crise qui a succédé à la période dite "néolibérale" des années 80-2000 et qui s'est révélée aux yeux de tous avec la dépression de 2008.

Pour tenter de relever son taux de profit, la bourgeoisie mène une offensive sur tous les terrains et qui franchit depuis de nouveaux seuils de violence, dans l’objectif d’une reconfiguration d’ensemble de son régime d’exploitation et de son dispositif de domination. Les catastrophes environnementale et sanitaire actuelles en sont les expressions les plus éclatantes. 

Le capitalisme avec sa logique structurelle vise à consommer toujours plus de matières premières et d’énergie. L’objectif du capitalisme est de produire toujours plus et de faire toujours plus de profits. Le capitalisme ne peut pas être « vert ». Le capitalisme détruit notre environnement et ses espèces. Il détruit notre planète. Mais là encore, il ne peut y avoir d’écologie conséquente sans une lutte conséquente contre le capitalisme et sans la compréhension que le seul sujet qui peut en finir avec le capitalisme et le désastre écologique qu’il engendre, c’est la classe ouvrière. Si nous partageons cette analyse, nous devons en tirer les conséquences, d’implantation, d’intervention et d’orientation. En effet, c’est la classe ouvrière alliée avec d’autres secteurs qui est capable d’imposer, face à la catastrophe écologique, un programme de transition écologique anticapitaliste, axé sur la remise en cause des énergies fossiles et nucléaires et sur la nécessité de la planification de l’économie à l’échelle internationale.

Mais il est impossible de comprendre la force de l'offensive réactionnaire, sexiste, homophobe et raciste ainsi que la résurgence de courants d'extrême-droite au niveau institutionnel comme dans la rue en dehors de cette urgence à infliger une défaite décisive à la classe ouvrière et aux luttes des opprimé.e.s. Une offensive qui n’est pas sans rencontrer une résistance parfois farouche, comme la nouvelle vague de luttes féministes le prouve depuis plusieurs années.

La classe ouvrière mondiale n’est pas défaite
Mais un autre trait saillant de la situation, c'est justement l'absence de défaite historique de la classe ouvrière au niveau global.
Sa capacité de mobilisation est manifestement bien là. Nous assistons à une phase de remobilisation globalement croissante depuis 2011, et accélérée depuis 2018. La liste des régions et pays touchés par des soulèvements de masse est trop longue.
À la racine de cette résistance dont la force ne cesse de surprendre : une reconfiguration de la classe ouvrière de grande ampleur. Ce processus est permanent mais il a, lui aussi, franchi de nouveaux seuils. Nous sommes aujourd'hui au beau milieu d'un "nouveau terrain" pour la lutte des classes, avec des nouveaux points faibles pour l'adversaire et des nouveaux points forts pour nous. La classe ouvrière au sens large devient majoritaire absolue dans la population mondiale. La partie de notre classe employée dans l’industrie n'évolue pas à la baisse au contraire. De nouvelles concentrations industrielles ont été créées dans des pays auparavant considérés comme arriérés : la Chine bien sûr mais aussi la Turquie, Maroc, Indonésie, Vietnam, Cambodge… Mais dans les pays anciennement industrialisés, où les usines n’ont d’ailleurs pas totalement disparu, loin de là, de nouvelles concentrations ouvrières, différentes de celles du passé sont en train de se constituer : Walmart et Amazon comptent parmi les plus grosses entreprises du monde, et la nouvelle place du secteur logistique a créé de nouveaux « clusters », des goulots d’étranglement dans l’appareil de production et de distribution capitaliste.

Une nostalgie en décalage avec la réalité
L'idée que « c'était mieux avant », que la période dite des « 30 glorieuses » avec ses grosses usines dans les pays riches, avec l’absence de chômage de masse, l’emploi stable comme norme et un mouvement ouvrier certes bureaucratisé mais fort constitue une double erreur de perspective. On idéalise un passé où les révolutionnaires n’avaient que trop souvent peu de prises sur les évènements, et on gomme les potentialités offertes par la période actuelle.
L’image d’un passé glorieux et révolu du mouvement ouvrier hante les débats parmi les révolutionnaires. Mais après tout, était-ce beaucoup plus facile qu’aujourd’hui de militer en Allemagne à la fin du XIXème siècle sous les lois d’exception ou même en France en 1870, où les CDI et les grosses usines n’existaient pas ? On oublie ainsi que dans ces périodes de « gloire » le rôle du facteur subjectif a été décisif : le rôle de la part de militants ouvriers révolutionnaires uni.e.s par un projet politique et stratégique collectif, qui ont su tirer partie de conditions objectives pour consciemment construire avec des moyens souvent très faibles, à bien des égards plus faibles de ceux dont nous disposons aujourd’hui et malgré des obstacles importants un mouvement ouvrier à la fois indépendant de la bourgeoisie et massif, à vocation majoritaire. Aujourd’hui aussi, il y a des obstacles très importants, mais il y a aussi des potentialités, importantes elle aussi. La situation est très différente de celle du passé, c’est évident, et il ne suffira pas de reproduire les méthodes du passé, même les meilleures. Mais toute la question est celle de comprendre la nécessité de se placer en position de construire sur la durée pour saisir les occasions très réelles offertes par la situation, très peu mises en avant dans nos discussions.

Le mouvement paysan indien est par exemple parvenu à faire reculer le gouvernement ultra-réactionnaire de Modi au terme d’un mouvement long et massif, historique par son ampleur. Ce mouvement a utilisé des formes de lutte novatrices mais souvent proches de celle du mouvement ouvrier (manifestations blocages, assemblées générales), dans l’un des pays où la classe ouvrière est la plus nombreuse du monde. Il est clair que cette victoire n’augure pas à elle seule un retournement du rapport de forces global entre les classes. Mais elle doit nous aider à prendre la mesure des possibilités à leur échelle pour les révolutionnaires de lier nos idées à de nouvelles forces sociales, plus ou moins importantes en fonction des situations, mais réelles, qui sont potentiellement porteuses non seulement de possibilités de lutte et de victoires ponctuelles, mais aussi de démonstrations qu’il est possible pour notre classe de gagner et de construire une autre société.

Les conséquences contradictoires de l’affaiblissement du mouvement ouvrier traditionnel
L’affaiblissement et même la décomposition du mouvement ouvrier traditionnel a un double aspect : il participe de la dégradation du rapport de forces, mais il ouvre aussi de nouvelles possibilités… s’il y a quelqu’un pour les saisir ! Le mouvement des Gilets Jaunes en France en est une illustration typique. L’une des causes fondamentales de son surgissement, c’est l’incapacité et l’absence de volonté du mouvement ouvrier officiel de se confronter un tant soit peu au pouvoir de Macron. Cependant, ce mouvement a eu au moins pendant une certaine période un effet déstabilisateur sur le gouvernement, qui a tremblé pendant quelques jours. Le problème n’était pas le caractère confus d’un point de vue de classe de ce type de mouvement, inévitable en particulier au vu des conditions convulsives actuelles du système capitaliste, mais l’incapacité du mouvement ouvrier y compris de son aile révolutionnaire à intervenir dans la situation ouverte par ce mouvement avec une perspective propre, identifiable, capable de proposer des objectifs et des méthodes propres à notre classe. S’adapter à ce type de mouvements, ou au contraire les critiquer depuis le banc de touche ont été le lot commun de presque tous les courants.

Se lamenter de l’affaiblissement des organisations traditionnelles n’a aucun intérêt. Mais saisir les possibilités d’intervenir, dans les entreprises, dans la jeunesse et dans les mouvements sociaux qui inévitablement vont à nouveau éclater : voilà qui est vital pour nous. Les révolutionnaires ont été pendant longtemps confinés aux marges de la classe ouvrière, du mouvement ouvrier et plus largement de la scène politique. La décomposition de la social-démocratie et du stalinisme n’impliquent pas que des reculs mais aussi des barrières qui disparaissent pour notre intervention. Il ne suffit pas de vouloir faire une percée pour y parvenir : les obstacles sont nombreux et même de plus en plus redoutables. Mais il faut discerner la possibilité pour la saisir. Et il faut en avoir la volonté.

Instabilité chronique et tensions interimpérialistes
La situation est ainsi caractérisée par une instabilité chronique, nourrie non seulement par une crise endémique et par des luttes populaires massives, mais aussi par un aiguisement des tensions inter impérialistes.
Le retrait de l’armée française du Mali, qui s’inscrit en réalité dans un redéploiement impérialiste à l’échelle régional, ne peut se comprendre en dehors des points marqués par la Russie et d’autres puissances en Afrique. 

Le regain de tension actuel en Ukraine ne conduira pas nécessairement à un conflit armé d’ampleur, mais il indique que les rivalités entre grandes puissances prennent une nouvelle acuité et peuvent accentuer les dynamiques de crise politique. Notre opposition implacable à toute intervention impérialiste de l’OTAN doit évidemment tracer une ligne de distinction nette avec toutes celles et ceux qui parent Poutine de vertus anti-impérialistes. Notre opposition à la guerre et à tout type d’ingérences de la part en particulier de nos gouvernements impérialistes est fondamentale. Nous ne nous laissons pas berner par les discours hypocrites sur le droit des peuples : le régime ukrainien ne respecte pas les droits des russophones, ce qui a pour effet par ailleurs de les pousser dans les bras de la Russie. En Ukraine et dans toute la région, seule une intervention propre des travailleurs pourra faire reculer de manière décisive les menées des différentes fractions de la bourgeoisie, qu’elles soient impérialistes occidentales, russe ou indigène. 

La défaite de l’impérialisme le plus puissant du monde en Afghanistan a et aura des répercussions sur la durée. Impossible de prédire à qui il va profiter au final en termes de puissances mais aussi en termes de classe. Ce qui est certain, c’est que la leçon doit profiter à notre camp social : la puissance la plus formidable de tous les temps n’est pas invincible, et c’est donc à nous de construire notre propre issue, notre propre programme d’émancipation, un programme communiste, face à la barbarie capitaliste qui est en marche sous nos yeux.

Pas de substitut électoral et réformiste
L’impasse représentée par les courants réformistes ou nationalistes bourgeois n’est pas nouvelle mais elle mérite d’être actualisée, soulignée et expliquée auprès de nos milieux.
Les victoires électorales de la gauche effectives (Chili) ou potentielles (Brésil) nourrissent en effet les illusions sur la possibilité de créer de nouvelles forces néo-réformistes capables de changer le rapport de forces, notamment par le biais électoral. Y compris dans nos rangs, l’idée qu’il est fondamental pour faire évoluer le rapport de forces, de faire élire des gouvernements de gauche dirigées par des forces dénuées de tout programme socialiste et aux attaches parfois ténues avec la classe ouvrière doit être combattue non seulement avec l’aide de nos arguments théoriques issus de la tradition marxiste, mais également à la lumière de l’expérience plus récente. L’arrivée au pouvoir de Tsipras perçue majoritairement dans le mouvement de masse comme un substitut à la force propre de nos luttes n’a pas été un point d’appui vers une quelconque rupture avec le capitalisme ni même en direction de la constitution d’un « gouvernement ouvrier » telle que les premiers congrès de l’Internationale Communiste l’envisageaient, mais un chemin vers une dégradation du rapport de forces à cause d’illusions qui n’ont pas été combattues en théorie et en pratique. 

Nous devons évidemment sans cesse nous efforcer de constituer l’aile marchante, unifiante du mouvement de masse et donc nous adresser aux forces liées à la classe ouvrières et mener une politique de front unique en leur direction, en leur adressant des propositions d’action commune sur les questions brûlantes pour notre classe. Cependant, notre rôle est de créer une ligne de démarcation politique nette, compréhensible par des travailleuses et des travailleurs conscients entre ces forces politiques et notre projet, entre ces organisations et les nôtres.

Les différentes organisations liées à la Quatrième Internationale au Brésil semblent majoritairement avoir ont décidé de soutenir une coalition avec Lula, une « fédération des partis » avec Rede Sustentabilidade, un parti qui a voté pour la destitution de Dilma Roussef et pour la réforme des retraites. Un choix qui préfigure l’abandon d’une candidature propre du PSOL aux élections présidentielles. Par-delà les questions de tactiques électorales, il s’agit de la question de l’indépendance de classe qui est posée. Sommes-nous capables de défendre une politique de classe propre, anticapitaliste et révolutionnaire, distincte des différentes options de replâtrage du système capitalistes, qui conduisent invariablement à la désillusion ? 

Divergences tactiques et objectif stratégique d’un parti révolutionnaire

Nous pouvons avoir des divergences tactiques, et même des désaccords très sérieux sur le chemin qui doit nous mener à la révolution, à la prise du pouvoir et la construction du communisme.

Mais nous ne devons pas perdre de vue, nous ne devons pas couper le fil qui relie les débats sur les choix entre telle ou telle option tactique et l’objectif du renversement du pouvoir bourgeois.
Nous ne devons en particulier pas évacuer vers un horizon lointain et au final sans influence sur nos choix du présent l’objectif de construction d’un parti révolutionnaire, d’une internationale révolutionnaire. Ce fil à plomb doit redevenir notre objectif stratégique, et c’est à son aune que nous devons mesurer telle ou telle orientation pour la situation actuelle.
Le texte international : « Saisir les occasions, construire une internationale pour la révolution et le communisme » de notre plateforme internationale pour le dernier congrès mondial garde son actualité pleine et entière.  

Cette plateforme de congrès est devenue une tendance permanente : la Tendance pour une Internationale Révolutionnaire (TIR) afin de poursuivre ces débats à l’intérieur et l’extérieur de notre internationale. De notre point de vue, par exemple, choisir de soutenir Lula, en particulier après les expériences de ces 20 dernières années, constitue une grave erreur. Pas seulement sur le principe, non conforme par exemple avec la pratique de la social-démocratie allemande pendant ses heures de gloire, ou avec celle du parti bolchevik avant sa stalinisation, ou celle du PC allemand du début des années 20 etc… mais une grave erreur par rapport aux possibilités réelles pour les révolutionnaires de proposer, parfois avec d’autres anticapitalistes, une politique ouvrière combative lutte de classe propre, qui articule nos idées révolutionnaires dans un langage contemporain et populaire, et qui se retranscrit dans une pratique identifiable, qui s’incarne dans des militantes et des militants capables ici et maintenant de montrer ce que signifie affronter les capitalistes, contester leur pouvoir et faire entrevoir la possibilité d’une société communiste.

Juliette Stein (CI, CPN NPA, TIR), Xavier Guessou (SFQI, CPN NPA, TIR), Gaël Quirante (CI, CE NPA, TIR)


Version en anglais

Contribution on the international situation for the IC of February 19th to 23rd, 2022

The Anticapitalist and Revolutionary Urgency

The worldwide situation is still characterized by a deep economic crisis. While in some countries growth figures may momentarily be on the rise, globally the world profit rate is experiencing a downward trend with two dimensions: a secular decline, as analyzed by Marx, which is not an abstract law but a palpable reality. This historical trend is combined with a prolonged crisis. A crisis which has succeeded the so-called "neoliberal" period of the 1980s to the early 2000s and, after the 2008 depression, has become apparent to all. 

To try to raise its profit rate, the bourgeoisie is leading an offensive on all fronts, which has crossed new thresholds of violence, with the aim of a global reconfiguration of its regime of exploitation and domination. The current environmental and sanitary catastrophes are the most striking expressions of this. 

Capitalism’s structural logic aims to consume more and more raw materials and energy. The objective of capitalism is to produce more and more and to make more and more profit. Capitalism cannot be "green". Capitalism destroys our environment and its species. It destroys our planet. But here again, there can be no consistent environmental movement without a consistent struggle against capitalism and without the understanding that the only subject that can put an end to capitalism and the environmental disasters it creates is the working class. If we believe in this analysis, we have to draw the consequences for our implantation, intervention and orientation. Indeed, it is the working class allied with other sectors that is capable of imposing, in the face of the environmental catastrophe, a program of anticapitalist ecological transition, centered on questioning fossil and nuclear energies and on the necessity of planning the economy on an international scale.

But it is impossible to understand the strength of the reactionary, sexist, homophobic and racist offensive as well as the resurgence of extreme right-wing currents at the institutional level as well as in the streets outside of this desire by the bourgeoisie to inflict a decisive defeat to the working class and the struggles of the oppressed. An offensive that has at times met a fierce resistance, as the new wave of feminist struggles has proved for several years.

The global working class is not defeated
But another important feature of the situation is precisely the absence of a historical defeat of the working class at the global level.
Its capacity to mobilize is clearly there. We are witnessing a phase of globally increasing mobilizations since 2011, and which have accelerated since 2018. The list of regions and countries affected by mass uprisings is too long to state here.
At the root of this resistance, whose strength never ceases to surprise, is a reconfiguration of the working class on a large scale. This process is permanent, but it has also crossed new thresholds. Today, we are in the middle of a "new terrain" for the class struggle, with weaknesses for the adversary and new strengths for us. The working class in the broad sense is becoming the absolute majority in the world population. The part of our class employed in industry is not decreasing, on the contrary. New industrial concentrations have been created in countries previously considered  underdeveloped: China, of course but also, Turkey, Morocco, Indonesia, Vietnam, Cambodia... 
But in the formerly industrialized countries, where factories have not totally disappeared, new concentrations of workers, different from those of the past, are being formed: Walmart and Amazon are among the largest companies in the world, and the new place of the logistics sector has created new "clusters", bottlenecks in the capitalist production and distribution apparatus.

A nostalgia out of step with reality
The idea that "it was better before", that the period known as the "30 glorious years" with its large factories in rich countries, with the absence of mass unemployment, stable employment seen as the norm, and a workers' movement that was certainly bureaucratized but strong, constitutes a double error of perspective. We idealize a past where revolutionaries often had little control over events, and we erase the potentialities offered by the current period.
The image of a glorious and bygone past of the labor movement haunts the debates among revolutionaries. But after all, was it much easier than today to be an activist in Germany at the end of the 19th century under the “Anti-Socialist Laws” or even in France in 1870, where permanent contracts and large factories did not exist? We forget that in these periods of "glory" the role of the subjective factor was decisive: the role of revolutionary workers united by a collective political and strategic project, who knew how to take advantage of objective conditions to consciously build with often very little resources, in many respects weaker than those we have today and in spite of important obstacles, a workers' movement that was both independent of the bourgeoisie and that largely appealed to the masses. Today too, there are very important obstacles, but there are also many important possibilities. Obviously, the situation is very different from that of the past and it will not be enough to reuse the same methods, even the best ones. But today we must understand the need to place ourselves in a position that allows us to seize the very real opportunities offered by the situation. This question is not taken seriously enough in our discussions. 

The Indian peasant movement, for example, succeeded in pushing back Modi's ultra-reactionary government after a long and massive movement, historic in its scope. This movement has used innovative forms of struggle, often like those of the workers' movement (demonstrations, blockades, general assemblies), in one of the countries where the working class is the most numerous in the world. It is clear that this victory alone does not augur a reversal of the global balance of power between the classes. But it should help us to take the measure of the possibilities for revolutionaries, on each’s own scale, to link our ideas to new social forces. These new social forces are more or less important depending on the situation and are potentially bearers not only of possibilities of struggle and of occasional victories, but most importantly, they also demonstrate that it is possible for our class to win and build another society. 

The contradictory consequences of the weakening of the traditional labor movement
The weakening and even the decomposition of the traditional workers' movement has a double aspect: it participates in the degradation of the balance of power between the working class and the bourgeoisie, but it also opens new possibilities... if and only if there is someone to seize them! The Yellow Vest movement in France is a typical illustration of this. One of the fundamental causes of its emergence is the inability and unwillingness of the official labor movement to confront Macron's power in any way. However, this movement, at least for a certain period, had a destabilizing effect on the government, which for a few days trembled. This movement had a confused nature, which was inevitable considering the current tumultuous conditions of the capitalist system. The main issue was not this, it was the inability for the workers movement, including its revolutionary wing, to intervene in the situation opened by the movement with their own perspectives. A perspective that is identifiable by the masses and capable of proposing concrete objectives and methods to our class for winning. Adapting to this type of movement, or on the contrary criticizing it from the sidelines, was the common denominator for almost all the currents of the workers movement.
There is no point in lamenting the weakening of traditional organizations. What is vital is to seize the opportunities to intervene within the workplace and in the youth and social movements that will inevitably break out. Revolutionaries have long been confined to the margins of the working class, of the labor movement and more broadly of the political scene. The decomposition of social democracy and Stalinism does not only imply setbacks but also barriers that disappear in our capacity to intervene. It is not enough to want to make an impact: the obstacles are numerous and even more formidable. But we must discern these opportunities to seize them. And we must have the will to do so.

Chronic instability and inter-imperialist tensions
The situation is thus characterized by chronic instability, fed not only by an endemic crisis and massive popular struggles, but also by a sharpening of inter-imperialist tensions.
The withdrawal of the French army from Mali, which is in fact part of a regional imperialist redeployment, cannot be understood without looking at what Russia and other powers in Africa are doing. The current upsurge in tensions in Ukraine will not necessarily lead to a full-scale armed conflict, but it does indicate that power rivalries are taking on new acuity and can accentuate the dynamics of political crisis. Our unwavering opposition to any imperialist intervention by NATO must obviously draw a clear line of distinction with all those who adorn Putin with anti-imperialist virtues. 
Our opposition to war and to any kind of interference by our own imperialist governments is fundamental. We are not fooled by hypocritical speeches about people’s rights: the Ukrainian regime does not respect the rights of the Russian-speaking people, which in turn drives them into the open arms of Russia. In Ukraine and in the whole region, only workers intervention will be able to decisively reverse the actions of the different fractions of the bourgeoisie, be they Western imperialists, Russians, or natives.
The defeat of the world's most powerful imperialism in Afghanistan has and will have long-term repercussions. It is impossible to predict who will benefit in the end in terms of power but also in terms of class. What is certain is that the lesson must benefit our social camp: the most formidable power of all time is not invincible, and it is therefore up to us to build our own way out, our own program of emancipation, a communist program, in the face of the capitalist barbarism that is making headway before our eyes.

No electoral and reformist substitute
The impasse represented by the reformist or bourgeois nationalist currents is not new, but it deserves to be updated, highlighted, and further explained to people around us. The electoral victory of the left in Chile and potential one in Brazil has in fact fed illusions about the possibility of creating new neo-reformist forces capable of changing the balance of power, especially through the electoral process. Even within our own ranks, the idea that it is fundamental to change the balance of power to elect left-wing governments led by forces devoid of any socialist program and with sometimes tenuous ties to the working class must be combated not only with the help of our theoretical arguments from the Marxist tradition, but also in the light of the most recent experiences throughout the world. Tsipras’ coming to power, perceived by most of the working class as a substitute for the strength of our struggles, has not been a point of support towards any break with capitalism or even towards the constitution of a "workers' government" as the first congresses of the Communist International envisaged it. It has, however, been a path towards a degradation of the balance of power with the bourgeoise because of illusions that have not been fought in theory nor in practice. Of course, we must constantly strive to constitute the driving and unifying force within the mass movement. Therefore, we must address all the forces within the working class and create united fronts with them. Concretely this means addressing them with proposals for joint action on the burning questions for our class. However, our role is to create a clear political separation between these political forces and our overall project, between their organizations and ours. This separation must be understandable and visible to the working class. 

The majority of the various organizations linked to the Fourth International in Brazil seem to have decided to support a coalition with Lula, a "federation of parties” with Rede Sustentabilidade. This party voted for the destitution of Dilma Roussef and for the pension reform! 
A choice that foreshadows the abandonment of a PSOL candidacy in the presidential elections. The important issue, beyond the question of electoral tactics, is the question of class independence. Are we capable of defending an anticapitalist, revolutionary, class political project that is distinct from the different options of patching up the capitalist system, which all inevitably lead to disillusionment?

Tactical differences and the strategic objective of a revolutionary party
We can have tactical differences, and even very serious disagreements on the path that must lead us to the revolution, to the seizure of power and the construction of communism.
But we must not lose sight of, nor must we cut the thread that connects the debates about the choices between this or that tactical option and the objective of overthrowing the power of bourgeoisie.
Most importantly, we must not abandon the objective of building a revolutionary party, and a revolutionary international, to a far distant future and believe that this will not have an influence on our present choices. This immensely important objective must once again become our strategic objective. This objective must also be how we measure this or that orientation in the present situation.
The international text “Let’s seize the opportunites, and build an international for revolution and communism” of our international platform for the last world congress maintains its relevance today . 

Our congress platform became a permanent Tendency, A Tendency for a Revolutionary International (T.I.R) , in order to continue these debates within and outside our International. 
From our point of view, choosing to support Lula, for example, especially after the experiences of the last 20 years, is a serious mistake. Not only in principle, but also it is not in line with the practices of German social democracy during its hours of glory, or those of the Bolshevik party before its Stalinization, or those of the German Communist Party at the beginning the 1920s... but a serious error in relation to the real possibilities for revolutionaries to propose, sometimes with other anticapitalists, a political project for the workers movement and the class struggle. This project must articulate our revolutionary ideas in a contemporary and understandable language, which is then translated into a recognizable and understandable activity. All of this embodied by activists capable of showing, here and now, what it means to confront capitalists, to challenge their power and to help our class glimpse the possibility of a communist society. 

Juliette Stein (CI, CPN NPA, TRI), Xavier Guessou (SFQI, CPN NPA, TRI),
Gaël Quirante (CI, CE NPA, TRI)

Version en castillan

Contribución a la situación internacional 
CI del 19 y 23 de febrero de 2022

Urgencia anticapitalista y revolucionaria

La situación mundial sigue caracterizándose por una profunda crisis económica. Si bien en algunos países las cifras de crecimiento pueden estar momentáneamente en alza, globalmente la tasa de ganancia mundial experimenta una tendencia a la baja con dos dimensiones: un declive secular, como el analizado por Marx, que no es una ley abstracta sino una realidad palpable. Esta tendencia histórica se combina con una crisis prolongada. Crisis que siguió al llamado período "neoliberal" de los años 80-2000 y que se hizo evidente para todos con la depresión de 2008.

Para tratar de aumentar su tasa de ganancia, la burguesía dirige una ofensiva en todos los terrenos, que desde entonces ha superado nuevos umbrales de violencia, con el objetivo de una reconfiguración global de su régimen de explotación y de su mecanismo de dominación. Las actuales catástrofes medioambientales y sanitarias son las expresiones más llamativas de ello. 

El capitalismo con su lógica estructural pretende consumir cada vez más materias primas y energía. El objetivo del capitalismo es producir cada vez más y hacer cada vez más beneficios. El capitalismo no puede ser “verde”. El capitalismo destruye nuestro entorno y sus especies. Destruye nuestro planeta. De nuevo aquí, no puede haber una ecología consecuente sin  una lucha consecuente contra el capitalismo y sin la comprensión que el único sujeto que puede acabar con el capitalismo y con el desastre ecológico que éste provoca es la clase obrera. Si compartimos ese análisis, debemos sacar las conclusiones pertinentes que eso conlleva en materia de implantación, de intervención y de orientación. En efecto, es la clase obrera la que es capaz, ligada con otros sectores, de imponer, frente a la catástrofe ecológica, un programa de transicion ecológico anticapitalista centrado en la puesta en tela de juicio de las energías fósiles y nucleares y sobre la necesidad de la planificación de la economía a escala internacional.

Pero es imposible entender la fuerza de la ofensiva reaccionaria, sexista, homófoba y racista y el resurgimiento de las corrientes de extrema derecha, tanto a nivel institucional como en las calles, fuera de esta urgencia por infligir una derrota decisiva a la clase obrera y a las luchas de los oprimidos. Una ofensiva que no está exenta de una resistencia a veces feroz, como lo demuestra la nueva ola de luchas feministas desde hace varios años.

La clase obrera mundial no está derrotada
Pero otro rasgo destacado de la situación es precisamente la ausencia de una derrota histórica de la clase obrera a nivel mundial.
Su capacidad de movilización está claramente presente. Asistimos a una fase de desmovilización globalmente creciente desde 2011, y acelerada desde 2018. La lista de regiones y países afectados por las revueltas masivas es demasiado larga.
En la raíz de esta resistencia, cuya fuerza no deja de sorprender, se encuentra una reconfiguración de la clase obrera a gran escala. Este proceso está en marcha, pero también ha cruzado nuevos umbrales. Ahora estamos en medio de un "nuevo terreno" para la lucha de clases, con nuevos puntos débiles para el adversario y nuevos puntos fuertes para nosotros. La clase obrera en sentido amplio se está convirtiendo en la mayoría absoluta de la población mundial. La parte de nuestra clase empleada en la industria no está disminuyendo, al contrario. Se han creado nuevas concentraciones industriales en países antes considerados atrasados: China, por supuesto, pero también Turquía, Marruecos, Indonesia, Vietnam, Camboya... Pero en los viejos países industrializados, donde las fábricas no han desaparecido del todo, ni mucho menos, se están creando nuevas concentraciones obreras, diferentes a las del pasado: Walmart y Amazon están entre las mayores empresas del mundo, y el nuevo lugar del sector logístico ha creado nuevos "clusters" en el aparato capitalista de producción y distribución

Una nostalgia que no corresponde con la realidad
La idea de que "antes era mejor", que el período conocido como los "30 años gloriosos" con sus grandes fábricas en los países ricos, con la ausencia de paro masivo, el empleo estable como norma y un movimiento obrero ciertamente burocratizado pero fuerte, constituye un doble error de perspectiva. Idealizamos un pasado en el que los revolucionarios a menudo tenían poco control sobre los acontecimientos, y borramos el potencial que ofrece el periodo actual.
La imagen de un pasado glorioso y pasado del movimiento obrero persigue los debates entre los revolucionarios. Pero, al fin y al cabo, ¿era mucho más fácil que hoy ser activista en la Alemania de finales del siglo XIX bajo las Leyes de Excepción, o incluso en la Francia de 1870, donde no existían los contratos fijos ni las grandes fábricas? Olvidamos que en estos periodos de "gloria" fue decisivo el papel del factor subjetivo: el papel de los trabajadores revolucionarios unidos por un proyecto político y estratégico colectivo, que supieron aprovechar las condiciones objetivas para construir conscientemente con medios a menudo muy débiles, en muchos aspectos más débiles que los actuales y a pesar de importantes obstáculos, un movimiento obrero independiente de la burguesía y masivo, con vocación mayoritaria. Hoy también hay obstáculos muy importantes, pero también hay potencialidades importantes. La situación es muy diferente a la del pasado, eso es evidente, y no bastará con reproducir los métodos del pasado, ni siquiera los mejores. Pero toda la cuestión consiste en comprender la necesidad de situarse en una posición que permita construir a lo largo del tiempo para aprovechar las oportunidades reales que ofrece la situación, que se destacan muy poco en nuestros debates.
El movimiento campesino indio, por ejemplo, consiguió hacer retroceder al gobierno ultrarreaccionario de Modi al final de un largo y masivo movimiento, histórico por su alcance. Este movimiento utilizó formas de lucha innovadoras, a menudo similares a las del movimiento obrero (manifestaciones, bloqueos, asambleas generales), en uno de los países donde la clase obrera es la más numerosa del mundo. Está claro que esta victoria por sí sola no augura una inversión del equilibrio global de poder entre las clases. Pero debe ayudarnos a tomar la medida de las posibilidades a su escala para que los revolucionarios vinculemos nuestras ideas a nuevas fuerzas sociales, más o menos importantes según la situación, pero reales, que son potencialmente portadoras no sólo de posibilidades de lucha y victorias puntuales, sino también de demostraciones de que es posible que nuestra clase gane y construya otra sociedad.

Las consecuencias contradictorias del debilitamiento del movimiento obrero tradicional
El debilitamiento e incluso la descomposición del movimiento obrero tradicional tiene un doble aspecto: participa en la degradación de la relación de fuerzas, pero también abre nuevas posibilidades... ¡si hay alguien que las aproveche! El movimiento de los Chalecos Amarillos en Francia es un ejemplo típico. Una de las causas fundamentales de su aparición es la incapacidad y falta de voluntad del movimiento obrero oficial para enfrentarse de alguna manera al poder de Macron. Sin embargo, este movimiento tuvo, al menos durante un tiempo, un efecto desestabilizador sobre el gobierno, que se tambaleó durante unos días. El problema no era el carácter clasista de este tipo de movimiento, inevitable sobre todo teniendo en cuenta las actuales condiciones convulsas del sistema capitalista, sino la incapacidad del movimiento obrero, incluida su ala revolucionaria, de intervenir en la situación abierta por este movimiento con una perspectiva propia, identificable, capaz de proponer objetivos y métodos propios de nuestra clase. Adaptarse a este tipo de movimiento, o por el contrario criticarlo desde la barrera, ha sido la suerte común de casi todas las corrientes.
No tiene sentido lamentar el debilitamiento de las organizaciones tradicionales. Pero aprovechar las oportunidades para intervenir, en las empresas, en la juventud y en los movimientos sociales que inevitablemente volverán a estallar: eso es vital para nosotros. Los revolucionarios han estado durante mucho tiempo confinados en los márgenes de la clase obrera, del movimiento obrero y de la escena política en general. La descomposición de la socialdemocracia y del estalinismo no sólo implica retrocesos sino también obstáculos que desaparecen para nuestra intervención. No basta con querer avanzar: los obstáculos son numerosos y hasta cada vez más complicados. Pero hay que ver la oportunidad para aprovecharla. Y debemos tener la voluntad de hacerlo.

Inestabilidad crónica y tensiones interimperialistas
La situación se caracteriza, pues, por una inestabilidad crónica, alimentada no sólo por una crisis endémica y por luchas populares masivas, sino también por una agudización de las tensiones interimperialistas.
La retirada del ejército francés de Malí, que en realidad forma parte de un redespliegue imperialista regional, no puede entenderse al margen de los planteamientos de Rusia y otras potencias en África.
El actual recrudecimiento de la tensión en Ucrania no desembocará necesariamente en un conflicto armado a gran escala, pero indica que las rivalidades de las grandes potencias están adquiriendo una nueva agudeza y pueden acentuar la dinámica de las crisis políticas. Nuestra implacable oposición a cualquier intervención imperialista de la OTAN debe, obviamente, trazar una clara línea de distinción con todos aquellos que adornan a Putin con virtudes antiimperialistas. Nuestra oposición a la guerra y a cualquier tipo de injerencia de nuestros gobiernos imperialistas en particular es fundamental. No nos engañan las palabras hipócritas sobre los derechos de los pueblos: el régimen ucraniano no respeta los derechos de los rusoparlantes, lo que a su vez los empuja a los brazos de Rusia. En Ucrania y en toda la región, sólo una intervención propia de los trabajadores podrá revertir decisivamente las acciones de las diferentes fracciones de la burguesía, ya sean imperialistas occidentales, rusos o indígenas. 
La derrota del imperialismo más poderoso del mundo en Afganistán tiene y tendrá repercusiones a largo plazo. Es imposible predecir quién se beneficiará al final en términos de poder, pero también en términos de clase. Lo cierto es que la lección debe beneficiar a nuestro campo social: la potencia más formidable de todos los tiempos no es invencible y, por tanto, nos corresponde construir nuestra propia salida, nuestro propio programa de emancipación, un programa comunista, frente a la barbarie capitalista que marcha ante nuestros ojos.

Ningún sustituto electoral y reformista
El callejón sin salida que representan las corrientes reformistas o nacionalistas burguesas no es nuevo, pero merece ser actualizado, subrayado y explicado a nuestros círculos.
Las victorias electorales reales (Chile) o potenciales (Brasil) de la izquierda alimentan de hecho las ilusiones sobre la posibilidad de crear nuevas fuerzas neorreformistas capaces de cambiar el equilibrio de poder, especialmente a través del proceso electoral. Incluso dentro de nuestras propias filas, la idea de que es fundamental cambiar el equilibrio de poder para elegir gobiernos de izquierdas dirigidos por fuerzas desprovistas de todo programa socialista y con vínculos a veces tenues con la clase obrera debe combatirse no sólo con la ayuda de nuestros argumentos teóricos de la tradición marxista, sino también a la luz de la experiencia más reciente. La llegada al poder de Tsipras, percibida por la mayoría del movimiento de masas como un sustituto de la fuerza de nuestras propias luchas, no fue un punto de apoyo hacia ninguna ruptura con el capitalismo, ni siquiera hacia la constitución de un "gobierno obrero" como lo preveían los primeros congresos de la Internacional Comunista, sino un camino hacia una degradación de la relación de fuerzas a causa de ilusiones no combatidas en la teoría y en la práctica. 
Por supuesto, debemos esforzarnos constantemente por ser el ala marchante y unificadora del movimiento de masas y, por lo tanto, dirigirnos a las fuerzas vinculadas a la clase obrera y llevar a cabo una política de frente único hacia ellas, dirigiéndonos a ellas con propuestas de acción conjunta sobre las cuestiones candentes para nuestra clase. Sin embargo, nuestro papel es crear una clara línea de demarcación política, comprensible para los trabajadores conscientes, entre estas fuerzas políticas y nuestro proyecto, entre estas organizaciones y la nuestra.
Las distintas organizaciones vinculadas a la Cuarta Internacional en Brasil parecen haber mayoritariamente decidido apoyar una coalición con Lula, una "federación de partidos" con la Rede Sustentabilidade, un partido que votó por el impeachment de Dilma Roussef y por la reforma de las pensiones. Una elección que presagia el abandono de una candidatura del PSOL en las elecciones presidenciales. Más allá de las cuestiones de táctica electoral, lo que se plantea es la cuestión de la independencia de clase. ¿Somos capaces de defender una política de clase propia, anticapitalista y revolucionaria, distinta de las distintas opciones de parcheo del sistema capitalista, que invariablemente conducen al desencanto? 

Las divergencias tácticas y el objetivo estratégico de un partido revolucionario
Podemos tener diferencias tácticas, e incluso desacuerdos muy serios sobre el camino que debe llevarnos a la revolución, a la toma del poder y a la construcción del comunismo.
Pero no debemos perder de vista, no debemos cortar el hilo que une los debates sobre las opciones entre tal o cual opción táctica y el objetivo de derrocar el poder burgués.
En particular, no debemos evacuar el objetivo de construir un partido revolucionario, una internacional revolucionaria a un horizonte lejano que no influye en nuestras opciones actuales. Ese hilo estratégico debe volver a ser nuestro objetivo, y nuestra orientación para la situación actual debe determinarse en base a ese objetivo. El texto internacional : « aprovechar las ocasiones, construir una internacional para la revolución y el comunismo »  de nuestra plataforma internacional para el último congreso mundial guarda su actualidad plena y entera.

Esta plataforma de Congreso se ha convertido en una tendencia permanente: la Tendencia por una Internacional Revolucionaria (TIR)  con el objetivo de seguir con esos debates dentro y fuera de nuestra internacional. Desde nuestro punto de vista optar, por ejemplo, por apoyar a Lula, especialmente después de las experiencias de los últimos 20 años, es un grave error. No sólo en referencia con los principios, alejados, por ejemplo, con la práctica de la socialdemocracia alemana durante sus días de gloria, o con la del partido bolchevique antes de su estalinización, o la del PC alemán a principios de los años 20, etc. sino un grave error en relación con las posibilidades reales para los revolucionarios para proponer, a veces con otros anticapitalistas, una política obrera, combativa y lucha de clases propia, que articule nuestras ideas revolucionarias en un lenguaje contemporáneo y popular, y que se traduzca en una práctica identificable, que se encarne en activistas capaces de mostrar aquí y ahora lo que significa enfrentarse a los capitalistas, disputar su poder y hacer vislumbrar la posibilidad de una sociedad comunista.

Juliette Stein (CI, CPN NPA, TIR), Xavier Guessou (SFQI, CPN NPA, TIR), Gaël Quirante (CI, CE NPA, TIR)






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