Depuis le 20 février, les tensions dans l’est de l’Europe, en Ukraine, ont franchi un cap supplémentaire. La Russie a reconnu les « Républiques séparatistes » du Donbass, prélude à une probable annexion de ces régions. En réaction, Kamala Harris, vice-présidente des États-Unis , a annoncé des sanctions « sans précédent contre la Russie ». Emmanuel Macron, en France, a réuni un conseil de Défense en présence de Florence Parly, ministre des Armées.
Une politique agressive de la Russie… en réaction aux agressions de l’OTAN !
Vladimir Poutine est un dirigeant réactionnaire, qui dans son pays dirige un régime autoritaire : les opposants politiques sont assassinés, les droits des personnes LGBT réprimés… Poutine développe un discours nationaliste, se rêve sans doute en successeur des tsars de l’Empire russe. La Russie est un État capitaliste qui s’est construit sur les décombres de l’URSS : les droits syndicaux sont bafoués, les grèves sont réprimées. L’armée russe a réprimé dans le sang les soulèvements populaires au Kazakhstan et en Biélorussie. Il n’est donc absolument pas question d’accorder un quelconque soutien à un régime ultra-réactionnaire.
Cependant, dans le conflit actuel, les pays occidentaux membres de l’OTAN, notamment les États-Unis et la France, portent une très lourde responsabilité. L’OTAN est en effet une alliance militaire rassemblant les principaux pays capitalistes européens et nord-américains. Depuis les années 1990, cette organisation n’a cessé de s’élargir toujours plus loin vers l’est de l’Europe, aux portes de la Russie. Dans les derniers mois, l’OTAN, comme la Russie, a multiplié les exercices militaires agressifs : 30 000 militaires ont été déployés lors de l’exercice « Defend Europ 2021 », des dizaines de navires ont été déployés en mer Noire ; en mer Méditerranée, les États-Unis ont passé de nouveaux accords militaires avec la Grèce pour pouvoir déployer encore davantage de soldats.
Macron défenseur de la paix et des droits des peuples : la grande hypocrise !
Dans le nouveau conflit opposant la Russie et les pays occidentaux, Macron a tenté de se poser en défenseur de la paix. Maintenant qu’il a été sèchement envoyé dans les cordes par Poutine, il s’aligne sur les autres États occidentaux pour dénoncer une atteinte à la souveraineté de l’Ukraine et au droit à l’autodétermination des peuples.
Quelle hypocrisie lorsqu’on connait la politique de la France en Afrique ! Depuis neuf ans, l’armée française s’est déployée au Mali sous prétexte de « lutte contre le terrorisme ». Bien évidemment, les réelles raisons de cette intervention sont tout à fait autres : pour la France, il s’agit de défendre ses intérêts économiques dans la région, notamment les mines d’uranium du Niger. De nombreux crimes ont été commis contre les populations locales : abus sexuels, tabassages, tortures… En janvier 2021, l’aviation française a bombardé un mariage à Bounti, dans le nord du Mali, tuant 19 personnes. C’est la raison pour laquelle les populations africaines, particulièrement au Mali, ont manifesté pour exiger le départ de ces forces françaises. Face à cette mobilisation, la France a dû annoncer le retrait de ses militaires. Et là aussi, la France est en concurrence avec la Russie, puisque le nouveau gouvernement malien a fait appel à une milice privée, le groupe Wagner, qui est piloté en sous-main par la Russie. Cela explique aussi la rancœur de Macron vis-à-vis de Poutine.
Contre les guerres impérialistes : ne comptons que sur nos propres forces !
L’opération Barkhane mobilise 4500 soldats, soit plus d’un tiers des 13 000 militaires français déployés à l’étranger. Le retrait des militaires français du Mali est donc une défaite majeure de l’impérialisme français. C’est la raison pour laquelle Macron tente de se repositionner dans le concert international en tentant de faire entendre la voix de l’impérialisme français dans la crise ukrainienne. Mais en réalité, ni Poutine, ni Macron, ni Biden, n’ont pour préoccupation les intérêts des peuples. Il est peu probable qu’une guerre mondiale éclate immédiatement : pendant qu'ils sont occupés à se montrer leurs muscles, ces dirigeants continuent de faire des affaires. La Russie fournit 50 % du gaz de l'Union européenne et son commerce dépend d'elle. Mais dans tous les cas, ce sont les peuples, à commencer par les peuples ukrainien et russe, qui feront les frais de ces rivalités impérialistes.
Alors que la plupart des candidats et candidates à la présidentielle n'ont à la bouche que « les intérêts de la France », c'est à dire les intérêts des grandes entreprises, nous affirmons, avec Philippe Poutou, que notre camp n'est pas celui des exploiteurs et des pillards français, mais celui des exploités du monde entier, quelles que soient leurs nationalités. Face au capitalisme qui précipite le monde dans la guerre, il est urgent de ne compter que sur nos propres forces, pour en finir avec ce système mortifère. En France, cela commence par la mobilisation contre notre propre impérialisme, en exigeant le retrait de toutes les troupes françaises d’Afrique et du reste du monde, et en refusant la participation française à un conflit contre la Russie.