Droit à l’IVG : c’est par nos mobilisations que nous défendrons nos droits !

Vendredi 24 juin, la Cour suprême des États-Unis a annulé l’arrêt Roe vs Wade qui reconnaissait depuis 1973 le droit à l’avortement au niveau fédéral. Cette décision a été prise par des juges fondamentalistes d’extrême droite, nommés par l’ancien président Donald Trump.

Un énorme retour en arrière… 

Aussitôt, huit États américains ont interdit l’avortement (Louisiane, Alabama, Kentucky, Missouri, Oklahoma, Dakota du Sud, Arkansas, Wisconsin). Dans certains, les cliniques d’IVG ont déjà commencé à fermer. Au total, ce sont 26 États qui pourraient interdire l’avortement. 58 % des Américaines en âge d’avoir des enfants (environ 40 millions de femmes) sont concernées. 

Cette annulation du décret Roe vs Wade constitue donc un retour 50 ans en arrière. Ce sont des millions de femmes qui voient leur santé mise en danger. Ainsi, le New York Times rappelle que dans les années 60, alors que l’avortement était illégal, l’un des plus grands hôpitaux de Chicago prenait en charge chaque année plus de 4000 femmes victimes d’avortements clandestins bâclés. Les inégalités entre les femmes des couches les plus favorisées et celles de milieu populaire vont considérablement augmenter, car pour ces millions de femmes il faudra se rendre dans d’autres États, quelquefois à plus d’une journée de voiture, pour pouvoir avorter. Évidemment, les premières victimes de cette décision vont être les femmes issues de minorités ethniques, notamment les Noires et les Hispaniques. 

Sous une présidence démocrate

La suppression brutale de l’arrêt Roe vs Wade et l’interdiction immédiate de l’IVG dans plusieurs États montre une loi inhérente à la société capitaliste : aucun droit n’est définitivement acquis. La bourgeoisie, les réactionnaires chercheront toujours à revenir sur ce qui a été obtenu par nos luttes et nos mobilisations. 

La décision de la Cour suprême intervient alors que c’est Joe Biden, un démocrate, qui est à la présidence. Pourtant, ce président nous avait été présenté comme un rempart contre l’extrême droite. La plupart des organisations syndicales américaines ont financé sa campagne. La gauche dite radicale, plus ou moins liée au mouvement ouvrier, avait appelé à voter pour lui contre Donald Trump. L’élection de ce capitaliste, présenté comme plus progressiste, n’aura finalement en rien empêché un recul historique pour les droits des femmes américaines.

De New York à Paris : se mobiliser pour nos droits

En France, les députés macronistes, soutenus par le gouvernement, ont annoncé la constitutionnalisation du droit à l’avortement. Belle hypocrisie alors que l’an dernier ces mêmes députés et ministres s’étaient opposés à cette mesure. Seul Bayrou reste fidèle à lui-même, puisqu’il a dit ne pas y être favorable. 

Quant aux députés RN, ils comptent parmi eux de nombreux militants anti-avortement. Marine Le Pen, elle-même, demande le déremboursement de l’IVG et dénonce des « avortements de confort ». Des centres du Planning familial ont été attaqués l’an dernier par des commandos d’extrême droite, à Paris, Nantes, dans la Vienne… 

La constitutionnalisation du droit à l’avortement n’empêchera pas les plans d’austérité, qui depuis des années, sous les gouvernements successifs, ont entraîné la fermeture de centres d’IVG : 8% entre 2007 et 2017. Les restructurations hospitalières, les fermetures de maternités de proximité, remettent en cause l’accès à l’IVG. 

Samedi 26 juin, des dizaines de milliers d’Américaines et d’Américains sont descendus dans la rue pour dénoncer l’annulation du décret Roe vs Wade et défendre le droit à l’avortement. Ils et elles ont raison, car c’est bien par les mobilisations, en manifestant, en faisant grève, en mettant la pression, que nous avons toujours gagné nos droits et que nous les avons toujours protégés.

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