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/ Derrière l’attaque contre la CGT, le mépris de classe...
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« La CGT ne fait pas la loi dans ce pays », « bras de fer entre gouvernement et CGT », que n’a-t-on entendu fin mai de la part des membres du gouvernement, de Hollande et des médias ! Haro sur la CGT, ce syndicat qui prend en otage la pauvre France, juste sur le point de se redresser (le « ça va mieux » hollandais) et qui en prend un coup avec les pénuries d’essence, les grèves, les manifestations – la chienlit, quoi. Et les économistes de calculer l’incidence sur la croissance de ce mouvement de contestation... Les mêmes qui n’ont sans doute pas eu le temps de se pencher sur l’énigme du prétendu million d’emplois que devaient faire sortir de terre les 41 milliards versés au patronat !
Vous avez dit minoritaire ?
Un des arguments les plus fréquents : la CGT serait minoritaire, d’où sa radicalité. Ceux qui affirment cela sont vraiment bien placés pour le faire : Valls et Hollande sont tellement majoritaires qu’ils sont contraints de faire passer au forceps, à l’aide du 49.3, cette loi sans débat au parlement, faute de pouvoir compter sur les députés de leur propre parti pour voter un texte honni. Une forte majorité de la population, qui ne se dément pas semaine après semaine, malgré des torrents de propagande, affirme qu’elle ne veut pas de cette loi. Qui est minoritaire ? Le gouvernement, seul contre tous, ou la CGT qui exprime actuellement la volonté d’une opinion majoritairement opposée à ce énième recul social ?
Le gouvernement essaie, en se focalisant sur la seule CGT, de faire peur. Mais tous ceux qui savent regarder voient bien que si la CGT est le syndicat le plus puissant dans la rue, elle est loin d’être seule. FO, Solidaires, des organisations d’étudiants et de lycéens sont à chaque fois présents dans les cortèges et les actions.
Et surtout, derrière ces attaques, salariés et jeunes comprennent bien que nos gouvernants s’en prennent à eux. Ils ressentent le mépris à leur égard, pauvres brebis égarées et imbéciles qui non seulement ne comprennent pas que le gouvernement œuvre pour leur bien, mais se font manipuler par un Martinez avec un couteau entre les dents… Grossière, la manœuvre, quand même !
Une libération
Nombreux sont les salariés qui se réjouissent de cette attitude combative de la CGT, qu’elle n’avait pas du tout au début du mouvement. Il a fallu que les jeunes poussent la centrale à organiser une première riposte avant le délai prévu. Puis, lors du congrès de la confédération, en avril, en pleine contestation sociale, la direction a bien senti que la base voulait en découdre et jugeait la politique menée trop timorée. Du coup, Martinez a fini par adopter un ton qui correspond à la volonté de sa base, de militants ouvriers trop longtemps obligés de subir les mauvais coups sans réaction à la hauteur des attaques. ça y est, ils peuvent crier leur colère, l’affirmer à de nombreuses reprises, discuter de la grève reconductible, meilleur moyen pour faire reculer le gouvernement. Oui, une véritable libération, une bouffée d’air frais après des décennies d’attaques contre le monde du travail.
Et le mouvement est reparti de plus belle avec une participation à la journée du 26 mai en hausse par rapport aux précédentes, les grèves qui se développent dans les raffineries, à la SNCF, dans l’aérien, dans de nombreuses entreprises comme les entrepôts d’Amazon par exemple, ou encore les vacataires de la Bibliothèque nationale de France.
En Belgique aussi…
Et puis, nous ne sommes pas seuls à nous opposer aux contre-réformes du travail : en Belgique, une contestation se développe contre leur loi El Khomri à eux qui a pour nom la loi Peeters, un ex-responsable patronal. Comme c’est bizarre, on y retrouve aussi l’inversion de la hiérarchie des normes avec l’individualisation des négociations avec les employeurs, l’annualisation généralisée du temps de travail, la possibilité d’imposer 100 heures supplémentaires non récupérables et sans négociations préalables. Cerise sur le gâteau à destination des patrons : des contrats zéro heure comme en Grande-Bretagne. Là aussi, les salariés se dressent contre cette politique qui marque un insupportable retour en arrière.
La peur en train de changer de camp ?
Cela faisait trop longtemps : avec le mouvement en cours, des travailleurs dénoncent, s’opposent aux attaques, ils s’organisent et se rassemblent pour défendre leurs intérêts, c’est d’ores et déjà un des acquis importants de ce mouvement. Et cela change l’état d’esprit de bien des salariés au-delà de ceux qui se mobilisent. Ce mouvement est légitime et puissant, et il vient de loin.
Ce que prouve l’agressivité du gouvernement contre la CGT, c’est une saine crainte devant la force des travailleurs. Et cela aussi, c’est déjà une victoire.
Régine Vinon
dans la revue L'Anticapitaliste n° 77 (juin 2016)