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/ Édito du 20/12/16
Le monde entier est ému par les cris d'alarme et les adieux déchirants que lancent les habitants et habitantes d'Alep, ville syrienne sous contrôle rebelle depuis 2012, en passe d'être totalement reprise par le régime de Bachar al-Assad.
Une situation dramatique
Depuis le 15 novembre, l'aviation d'Assad bombarde l'est de la ville et les zones résidentielles de l'ouest, avec le soutien de la Russie et de milices chiites aux ordres de l'Iran, en utilisant des bombes anti-bunker, dont la puissance permet de détruire des immeubles et des abris souterrains.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, elle a détruit au moins trois hôpitaux le premier jour. Le bilan humain était estimé mi-décembre à plus de 400 morts civils, dont de nombreux enfants, et plus de 350 parmi les combattants rebelles. Des chiffres sans doute sous-estimés et en constante augmentation : l'armée syrienne ne se contente pas de pilonner des bâtiments avec leurs occupants Elle procède ensuite à des arrestations et à des exécutions sommaires.
S'ajoutent au moins 40 000 déplacés, là encore un nombre qui continue de croître. Le régime s'apprête à reprendre le contrôle du pays et à gagner la guerre civile. Il procédera alors à un nettoyage ethnique et religieux en chassant la majorité sunnite des grandes villes insurgées. De leur côté, certains des « rebelles », comme le Front Fatah Al-Cham (qui prêtait allégeance à al-Qaida jusqu'à cette année) et les brigades Abu Amara (liées à l'Arabie saoudite et au Qatar) empêchent les civils de fuir en les assassinant ou en les enlevant.
Complicités internationales
Les Nations unies condamnent le massacre en cours et montrent du doigt la Russie, sans qui le régime qu'elle protège ne serait sans doute plus là et n'aurait pas pu aller aussi loin dans les massacres de masse. Mais nombreux sont ceux qui envisagent désormais de négocier avec Assad pour rétablir l'ordre dans le pays.
Assad lui-même s'est félicité à la télévision de la victoire de Donald Trump aux États-Unis, qu'il qualifie d'« allié naturel » dans la « lutte contre le terrorisme. » En France, les candidats à la présidentielle François Fillon et Marine Le Pen estiment aussi que le dictateur criminel est un moindre mal face à Daesh.
Même ceux qui, comme Hollande ou Obama, jurent vouloir en finir avec lui sont en très grande partie complices de sa reprise en main du pays. En bombardant Daesh depuis septembre 2014, ils ont permis au régime de se concentrer sur le reste du territoire.
Les criminels sont aussi à Paris, Londres et Washington
Les bombardements de la coalition, qui regroupe de grands « défenseurs de la démocratie » comme l'Arabie saoudite, le Qatar ou la Turquie, ne font pas moins de morts et de drames. Les groupes intégristes qu'ils soutiennent sur place commettent les mêmes exactions contre les civils.
Les puissances impérialistes, États-Unis et France en tête, sont les plus grandes spécialistes en massacres guerriers, en torture et en soutien aux dictateurs et autres courants réactionnaires. Leur intervention renforce le chaos et le poids des criminels qui s'affrontent dans le pays : Assad qui prétend protéger les chiites et les chrétiens d'une part, Daesh qui prétend lutter contre le régime et les impérialistes d'autre part.
Pourtant, les classes populaires syriennes qui se sont soulevées en 2011 n'étaient pas liées aux intégristes. Elles demandaient la démocratie, la liberté, la justice sociale, le contrôle des richesses du pays. Ce sont elles qui, en 2014, ont chassé Daesh d'Alep. Désormais, elles demandent à pouvoir être évacuées de la ville et peut-être à pouvoir gagner des lieux plus sûrs.
Les grandes puissances européennes et nord-américaines ne se soucient pas de ces victimes. Elles défendent leurs intérêts économiques, comme l'exploitation du pétrole par Total pour la France.
En tant que travailleuses et travailleurs, nous devons exiger de notre gouvernement qu'il cesse ses bombardements et toutes ses ingérences qui ne font qu'empirer la situation. Et qu'il ouvre les frontières aux réfugiés au lieu de verser des larmes de crocodiles. Ce ne serait que la moindre des « réparations », vu sa responsabilité dans la situation.