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/ Édito du 28/03/17
Département
français dédaigné des médias, la Guyane fait la Une ces jours ci.
Tout simplement parce que la population a lancé une grève générale
depuis ce lundi 27 mars, de façon illimitée. La population,
mobilisée, fait éclater sa colère depuis le 20 mars devant la
situation insupportable qui lui est faite. La colère est si forte
que la délégation envoyée par le gouvernement samedi de métropole
n'a trouvé personne pour parler avec elle ! Ras-le-bol des palabres.
Ce que veulent les grévistes et leurs représentants, c'est voir les
décideurs, c'est à dire les ministres de l'intérieur, des
finances, de la santé, de l'éducation nationale et de l'outre mer
en personne ! "Cela
fait des années que nous parlons et des années que nous ne sommes
pas entendus et pas écoutés"
a déclaré le leader de la CGT. Les gouvernements qui se sont
succédé ont tous fait des promesses que nul n'a tenu.
Un
département français laissé pour compte
Ce
département d'outre mer manque de tout : des milliers de gens n'ont
pas accès normalement à l'électricité et à l'eau courante. Les
classes sont surchargées et le manque d'enseignants criant. L'offre
de soins est notoirement insuffisante, et l'annonce de la cession du
centre médico-chirurgical de Kourou à un groupe privé n'est pas
passée. Au point que la ministre de la santé, dans l'urgence, est
revenue sur cette cession. Mais c'était déjà trop tard. Pas
étonnant dans ce cas que le collectif "Pou Lagwiyann dekolé"
(pour que la Guyane décolle) estime que les Guyanais sont
considérés comme des citoyens de seconde zone, et réclament un
rattrapage massif. Car des moyens il y en a pour lancer des fusées
au centre spatial de Kourou !
La
force des ouvriers
Ce
mouvement dans une ex-colonie française fait penser à celui des
Antilles en 2009, où le mouvement a duré plus de 40 jours contre la
"pwofitasion", avec à sa tête le LKP (union contre les
exploiteurs). Le parallèle qui s'impose est que
les grèves ouvrières constituent la colonne vertébrale de tout le
mouvement. Lequel
a commencé avec la grève d'EDF, pour se propager à tous les
secteurs d'activité et aboutir à cette grève générale, dont on
voit la force à travers tous les reportages.
Un
candidat ouvrier pour dénoncer l'exploitation ici en métropole
En
ce moment, en France, c'est la campagne électorale, avec des
"grands" candidats qui tous n'ont d'intérêt que de
favoriser les grandes entreprises et d'imposer de plus en plus
d'austérité à la population. Si nous n'en sommes pas encore au
niveau de la Guyane, ici aussi, les services publics se dégradent,
les patrons se gavent de subventions, les actionnaires empochent des
dividendes à deux chiffres. Alors que la majorité de la population
voit ses conditions de vie et de travail s'aggraver.
Les
travailleurs guyanais ont bien raison de s'insurger. C'est la seule
façon de se faire entendre. Dans ces élections, c'est ce que nous
défendons : c'est à la population de prendre ses affaires en mains,
sans faire confiance à tous ces politiciens professionnels qui nous
ont toujours roulé dans la farine.
Notre
premier tour social, le 22 avril
Des
luttes, il y en a ici aussi, nombreuses pour s'opposer à tous les
reculs qu'on veut nous faire subir. Il serait important de faire
converger tous ces mouvements dans un grand mouvement d'ensemble.
C'est le sens de l'appel lancé par plusieurs syndicats CGT (Info
Com, Goodyear, Énergie Paris) et Sud Poste 92, et rejoints par
d'autres syndicats et collectifs militants, pour reprendre la rue et
manifester à Paris le 22 avril, veille du premier tour de l’élection
présidentielle ! C'est aussi le sens de la candidature de Philippe
Poutou, seul ouvrier parmi tous les candidats, qui explique qu’il
faut retrouver les solidarités, renouer avec les luttes.