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/ « Dès le lendemain du second tour de la présidentielle, il n’y aura pas de répit pour notre camp social »
Quand je suis venue il y a
quelques mois, nous ne savions
pas si nous serions qualifiés
pour la campagne présidentielle,
tant l’obtention des 500
parrainages était un parcours
semé d’embûches. Et nous voilà,
ce soir, quelques jours après le
grand débat des 11 candidates
et candidats. Et aujourd’hui,
plus personne ne peut ignorer
que dans ces élections, il y
a une travailleuse et un travailleur
– Nathalie Arthaud et Philippe
Poutou – qui, comme la
majorité d’entre nous, lorsqu’ils
parlent du monde du travail, le
font en connaissance de cause.
Il y en a même un, notre candidat
Philippe Poutou, qui s’est
frotté à deux grands représentants
de la bourgeoisie, Fillon
et Le Pen, et qui les a piqués au
vif, contre toute attente, sans
que les commentateurs aient
pu le prévoir. Parce qu’en effet,
on ne peut pas éternellement
donner des leçons d’austérité
à la classe ouvrière et à la jeunesse
et prendre des postures
« anti-système », et dans le même
temps piquer dans les caisses
de l’État et défier la justice.
On voit donc le chemin parcouru
en quelques mois : quelle
bouffée d’air que de voir François
Fillon et Marine Le Pen décontenancés
par le candidat ouvrier,
même pas cravaté, qui ose leur
tenir la dragée haute et exprimer
tout haut ce que nombre
de salariés – que le FN prétend
représenter – ont en travers de
la gorge : il y en a marre de ces
voleurs et de ces profiteurs qui
nous méprisent, et une bonne
baffe dans leur tête, si ça ne
change pas la face du monde,
ça redonne un peu de dignité
à celles et ceux qui, quotidiennement,
doivent justifier d’un
centime ou d’une minute de
retard à leur poste de travail !
La lutte des classes existe bel et bien
Le patronat et le gouvernement
PS le savent bien : la lutte
des classes n’est pas une évocation
désuète pour livres d’histoire.
Elle est leur quotidien,
quand il s’agit d’augmenter
chaque jour davantage le taux
d’exploitation ; et toujours plus
exacerbée, elle est aussi notre
quotidien, tant l’appétit des
capitalistes n’est jamais rassasié.
Il n’y a qu’à examiner ensemble
leurs chiffres et les nôtres pour
pouvoir affirmer sans hésitation
que la violence de cette société,
elle vient des riches, des
patrons et des gouvernements
à leur service, c’est-à-dire de
tous ceux qui se sont succédé :
• en pleine crise mondiale,
Bernard Arnault augmente
sa fortune de 8,5 milliards
d’euros, pour la faire passer
à 38,5 milliards en 2016 ;
• Liliane Bettencourt gagne
1 million d’euros par
semaine ;
• les bénéfices des grands
groupes du CAC 40 sont
de 75 milliards d’euros, et
pour l’essentiel ils finiront
en dividendes dans les
coffres des actionnaires ;
• La fraude fiscale est estimée
entre 60 et 80 milliards
d’euros par an ;
• Les huit hommes les plus
riches du monde possèdent
autant de richesses
que les 3,6 milliards d’individus
les plus pauvres. Bill
Gates, le premier de ces
grands bourgeois, possède
75 milliards de dollars.
À eux huit, ils cumulent
426,2 milliards de dollars,
alors qu’une travailleuse
vietnamienne, dans une
entreprise textile, gagne
un euro par jour pour 12
heures quotidiennes de
travail.
• En France, on compte 9
millions de pauvres, ou
bien encore 26 % de personnes
qui ont renoncé
aux soins faute de moyens.
La Guyane
Dans cette situation, la grève
générale en Guyane est une
épine dans le pied du gouvernement,
obligé d’envoyer des
ministres sur place tant la tension
monte. Cette tension a
été provoquée par la politique
colonialiste de l’État français,
qui pille cette région au nom
de la République, qui dégomme
les services publics et réduit à
la misère nombre d’habitants
et d’habitantes. Elle s’explique
également par un chômage qui
explose et des salaires de misère.
Les travailleurs et la jeunesse ont
à se battre non seulement contre
un État colonialiste et contre le
patronat, mais aussi contre la récupération
décelable dans le cahier
des revendications, dans lequel
le MEDEF local se retrouve totalement.
Ils devront se battre aussi
contre ces « 500 frères » qui, profitant
d’un sentiment de rejet de la
délinquance et de la violence générées
par la pauvreté, font assaut de
démagogie sécuritaire, au point
d’affirmer qu’un voleur mort, eh
bien… c’est un voleur de moins !
Nous avons donc une responsabilité
à organiser la solidarité de notre
camp social, ici comme dans les
colonies, autour de revendications
ouvrières. Et disons-le tout net, il est
grand temps que dans l’hexagone
comme en Guyane, survienne la
grève générale. Oui, ce dont nous
avons besoin, c’est bien d’un nouveau
Mai 68, mais qui aille jusqu’au
bout, pour leur reprendre tout ce
qu’ils nous ont volé en s’accaparant
les richesses que nous seuls, travailleuses
et travailleurs, avec ou sans
papiers, nous avons produites.
Qui sont les assistés ?
Alors dans cette histoire, qui
sont les assistés ? Nous ? Nos
revendications ne sont pourtant
que justice : un emploi et
un salaire décent, pour pouvoir
faire face à toutes les dépenses
élémentaires de la vie quotidienne,
se nourrir, se loger, se
déplacer, se soigner, scolariser ses
enfants, partir en vacances.
Or avec les 41 milliards du CICE
gracieusement offerts au patronat,
il serait possible de créer des
centaines de milliers d’emplois
rémunérés à hauteur du SMIC.
Nous voulons porter ce dernier à
1700 euros nets, de même que les
pensions et les minima sociaux, et
nous voulons imposer sa revalorisation
systématique en fonction
de l’augmentation du coût de la
vie : 300 euros net d’augmentation
de salaire tout de suite !
Est-il besoin de chiffrer notre
programme ? Il ne s’agit pas pour
nous de rassurer les capitalistes,
de leur laisser entendre qu’on ne
les mettra pas trop à l’amende !
Les quelques chiffres fournis plus
haut le montrent, nous savons
bien que de l’argent, il y en a,
et nous le disons tout net, nous
voulons tout jusqu’à satisfaction
des besoins de la majorité d’entre
nous, ce qui implique aussi la gratuité
de tous les services essentiels
: santé, éducation, transports.
Placer l’économie sous notre
contrôle, exiger l’ouverture des
comptes des entreprises qui licencient
et leur interdire de le faire,
garantir le maintien des salaires
quoiqu’il arrive : voilà notre projet.
Nous, nous ne ferons jamais
de vaines promesses
Oui, la lutte des classes existe
bel et bien, et il est certain que
dès le lendemain du second tour
de la présidentielle, il n’y aura
pas de répit pour notre camp
social : la machine de guerre des
« décideurs » va très rapidement
se remettre en ordre de bataille.
Au pouvoir pendant cinq ans, le
PS a préparé le terrain à Fillon et
Le Pen en termes de lois racistes,
antisociales et répressives. Le
programme de Fillon, on sait de
quoi il s’agit : 500 000 suppressions
de postes de fonctionnaires,
et bien sûr les affaires... Quant à
Marine Le Pen, comme elle l’a
montré lors du débat télévisé à
onze, la prétendue candidate des
ouvriers n’est même pas capable
de connaître la réalité des salariés
dits « protégés » et de savoir que
nombre d’entre eux sont sous le
coup de sanctions et de procédures
de licenciement. Elle nous
vante l’Europe des frontières,
mais pour nous protéger de qui ?
Parce que les ennemis, ce ne sont
pas les travailleurs et travailleuses
étrangers, mais les patrons bien
français qui appliquent ici l’austérité
dans leurs entreprises, et
qui font aussi fructifier leurs dividendes
ailleurs dans le monde,
sur le dos des salariés à bas coût,
et sans le moindre scrupule
comme le cimentier Lafarge en
Syrie. Si le vote pour Marine Le
Pen est un vote de classe, c’est
un vote en faveur de la bourgeoisie
: notre camp social n’a rien à
attendre d’elle et de ses sbires.
Mais est-ce que les autres seraient
des remparts face à l’extrême droite
et aux politiques antisociales et
anti-ouvrières ? Benoît Hamon a
participé au gouvernement Hollande
et se moque de nous en
proposant pour vivre un revenu
universel d’abord fixé 700 euros…
puis en définitive à 650. Qu’il essaie
lui-même de vivre avec aussi peu
avant de nous faire l’aumône ! De
toute façon, Hamon, nous l’avons
déjà testé : quand il nous présente
ses ambitions pour l’éducation, on
est en droit de se demander pourquoi
il ne s’est pas démené quand
il était ministre de Hollande ; il est
vrai qu’il a préféré mettre ses pas
dans ceux de Vincent Peillon, qui
prévoyait déjà de s’attaquer à l’éducation
prioritaire. Hamon n’a pas
non plus apporté son soutien aux
enseignants grévistes de « Touche
pas ma ZEP », qui se sont battus
pendant des semaines contre la
sortie des lycées du classement
Éducation Prioritaire.
Emmanuel Macron est quant à
lui l’auteur de la loi qui porte son
nom et qui généralise le travail
du dimanche, et il est l’inspirateur
de la loi Travail, dont il aurait
d’ailleurs voulu qu’elle soit durcie.
Il peut nous jouer la comédie de
l’homme nouveau « ni de droite,
ni de gauche », mais il se situe bien
dans le camp des riches, avec ses 3
millions d’euros gagnés en trois ans
chez Rothschild ; il est clairement
dans le camp des patrons, qu’il
n’aura cessé de choyer pendant ses
deux ans de gouvernement. Alors
pour lui aussi, on a déjà donné.
Quant à Jean-Luc Mélenchon, il
cherche encore et toujours à nous
convaincre qu’en réformant les
institutions, il fera notre bien. Mais
aucune des institutions créées
par et pour la bourgeoisie n’est
réformable. À ce titre, l’exemple
de la Grèce et de Tsípras devraient
représenter un cas d’école contre
tous ceux qui veulent nous faire
croire qu’on peut négocier avec
les capitalistes pour inverser durablement
le rapport de force.
Face à ces ennemis et ces faux
amis, Philippe Poutou n’est pas un
« candidat messie » au sac rempli
de promesses électorales.
Nous nous présentons pour
avoir l’opportunité d’exprimer
devant des millions de personnes
ce que nous défendons au quotidien
dans nos entreprises, nos
lieux d’études et nos quartiers.
Pour l’avenir de notre classe
sociale, il n’y aura pas d’autre
issue que nos combats, par les
manifestations, les luttes collectives
et la grève générale contre
ceux qui nous dirigent.
Certains ricanent quand nous
ne faisons que revendiquer des
évidences : empêcher les licenciements
et les suppressions de
postes, arrêter le chômage, stopper
le blocage des salaires. Nous
leur répondons que nous revendiquons
plus encore. La majorité
des richesses produites le sont
par notre travail : nous n’en voulons
pas des miettes, nous voulons
tout ! Mais pour cela, ce sont
toutes les règles qu’il faut changer
aujourd’hui, en partant de
nos besoins. C’est pourquoi nous
revendiquons l’interdiction des
licenciements et la réquisition
des entreprises qui ferment alors
qu’elles font des profits. Les capitalistes
nous montrent chaque
jour qu’ils nous mènent à la
misère : nous n’avons pas besoin
d’eux, qu’ils partent donc et nous,
nous garderons les outils, les
capitaux, les salariés. Nous saurons
bien nous-mêmes faire fonctionner
l’économie, puisque c’est
ce que nous faisons déjà sans
jamais en récolter les bénéfices.
Pour que cette société réponde
à nos besoins, il faut que la
majorité qui travaille soit celle
qui décide de la façon dont se
répartissent ces richesses. Cela
implique que cette même majorité
gère les moyens de production,
collectivement. Décider de
nos vies, en finir avec l’exploitation,
les guerres et toutes les
oppressions, c’est ça que nous
appelons le communisme.
Parler de réquisition et de
communisme, c’est violent ?
Celles et ceux qui disent déceler
de la violence dans nos propos,
nous les mettons face à la
réalité, à notre réalité : Adama
Traoré, Amine Bentounsi, Ali
Ziri, Zyed et Bouna : tués par la
police ; Edouard, cheminot à la
gare Saint-Lazare, l’infirmière de
Cochin, l’infirmier de Pompidou,
50 postières et postiers en 2016 :
tous se sont suicidés, tous ont succombé
à la dictature patronale et
managériale ; Théo Lukana, violé
par la police ; le camp de réfugiés
de Calais, liquidé ; les camps
de Roms, détruits ; les sans-papiers,
expulsés, ce qui a permis à
Manuel Valls de se vanter d’être
encore plus efficace que Sarkozy.
Et que dire de la répression sans
merci qui tente de mater toutes les
possibilités de luttes ? À ce sujet, le
dernier rapport d’Amnesty International
pointe un recul sans précédent
de la France en termes
de droits et d’intensification de
la répression. Lacrymos, matraquages,
gardes à vue, tribunal de
grande instance, comparution
immédiate : c’est désormais le lot
systématique des lycéens qui se
mobilisent, sans parler des sanctions
administratives que subissent
les lycéens mobilisés en solidarité
avec Théo Lukana. Par ailleurs, les
manifestations sont toujours plus
encadrées par les dispositifs sécuritaires
justifiés par l’état d’urgence.
Quant aux sanctions, mises à pied,
mesures disciplinaires, procès, etc.,
2220 ont été recensés ; à La Poste,
Gaël Quirante, secrétaire départemental
de Sud Poste 92, subit sa
11ème procédure de licenciement
pour fait de grève.Pour tous les
militants, pour chacune et chacun
parmi tous ceux qui subissent la
répression d’État, nous exigeons
l’amnistie et la relaxe !
C’est ça, la vraie violence d’aujourd’hui,
une violence qui ne
touche que les classes populaires,
et c’est avec cette logique
que nous voulons en finir.
Utopistes, d’après
certains commentateurs ?
Nous ne sommes pas des utopistes,
pour les patrons et le gouvernement,
qui n’oublient pas de
décompter nos jours de grève,
qui mettent le paquet en termes
de présence policière pour imposer
fouilles et contrôles lors des
manifestations, qui ont peur
de l’embrasement dans la jeunesse…
À ce sujet, si Hollande
s’est rendu au chevet de Théo
Lukana, il est clair que c’est pour
tenter de désamorcer la colère.
Le 14 juin 2016, au moment de la
mobilisation contre la loi Travail,
elle ne relevait pas de l’utopie,
cette envie de grève générale qui
était dans l’air. Et elle serait même
devenue bien plus concrète pour
Hollande, Valls et Gattaz si nous
avions fait quinze journées,
comme celle du 14 juin, avec un
blocage total de l’énergie, des
transports et des services publics.
Car c’est quand ils décident d’arrêter
de trimer que l’on se rend
compte que les travailleuses et les
travailleurs sont indispensables
à la marche de la société : oui, la
classe ouvrière de 2017, comme
celle de 1936, comme celle de
1968, est toujours la force déterminante,
capable de nous sortir
du marasme ; c’est quand elle
stoppe la machine à produire
que les dirigeants paniquent et
se souviennent alors de sa capacité
à faire sauter ce système pour
décider elle-même de son avenir.
En ce moment même, avec
des dizaines de grèves chaque
jour, notre classe sociale n’est
pas éteinte, déprimée ou plaintive.
Rien qu’au mois de mars,
de nombreux secteurs ont été
mobilisés : la santé, les lycéens, le
19 mars contre le racisme et pour
la justice, les salariés de Pôle
emploi, de la fonction publique,
de La Poste ; mais toutes ces
luttes sont restées éparpillées,
alors qu’au printemps 2016, nous
avons senti que le gouvernement
et le patronat craignaient
la jonction entre les travailleurs
et la jeunesse qui, quand ils
s’unissent, voient décupler leur
confiance en eux-mêmes : on
ne se bat pas et, surtout, on ne
gagne pas, quand on reste isolé.
C’est pourquoi en tant que militants
du NPA, nous ne sommes
pas seulement les porte-voix
de celles et ceux qui se battent,
même s’il est primordial que
nous relayions partout et à tout
moment le quotidien des luttes
locales et sectorielles ; nous
sommes aussi à leurs côtés, et
nous cherchons à être utiles pour
peser sur la situation et inverser
le rapport de force.
Le 22 avril, pour un premier tour social
Avec l’initiative du 22 avril, il s’agit
ni plus ni moins de se donner les
moyens d’une politique. Qu’est-ce
que c’est, ce « premier tour social » ?
C’est une manifestation à Paris, la
veille du premier tour de l’élection
présidentielle, initiée par plusieurs
organisations syndicales (CGT-Goodyear,
Info’Com-CGT, Sud-PTT,
Sud-Education, Sud-Commerce)
et plusieurs collectifs militants (Cie
Jolie Môme, collectif « Touche pas
ma ZEP ! », Bellaciao). Car dans une
partie du milieu militant, il existe
une compréhension du fait qu’il
faut se regrouper. Après le 15 septembre
et la politique des directions
syndicales de nous laisser en
rase campagne, nous avons été
un certain nombre à penser qu’il
ne fallait pas en rester là, comme
nous nous le disions déjà début juillet
après la dernière manifestation
contre la loi Travail. C’est la mobilisation
contre celle-ci qui a donné
du sens et servi de liant à des premières
rencontres à l’occasion de
luttes partielles, puis en plein mouvement,
dans le feu de l’action.
On a souvent dit que la mobilisation
contre la loi Travail était
politique. De fait, elle a d’emblée
remis en cause le « monde » qui se
rattache à cette loi et, de manière
confuse, ce sont les règles du jeu
tout entier qui ont été questionnées,
rejetées, qui suscitent de
l’écoeurement mais aussi de la
colère et l’envie de se battre.
Quelles sont les idées
qui structurent le 22 ?
D’abord, quelles que soient nos
affinités partisanes (ou non), il y
a le sentiment que les élections
n’ont jamais changé la vie de notre
classe, jamais été favorables à ses
intérêts, et que les seules vraies
conquêtes sociales ont été le résultat
de grèves, d’occupations, de la
généralisation de la grève.
Il y a également une conscience
de cette politique de division
des luttes et de stratégie de la
défaite qui est mise en œuvre
par les directions syndicales,
à tel point que l’initiative du 22
avril s’y affronte ouvertement
et en fait la critique : les mêmes
recettes mèneront aux mêmes
divisions, aux mêmes résultats et
aux mêmes échecs, alors que ce
dont nous avons besoin, c’est de
victoires.
Enfin, il y a l’idée selon laquelle
« la locomotive doit entraîner le
reste du train ». Ce n’est pas anodin
: il s’agit bien de ne pas laisser
végéter celles et ceux qui ont été
les plus offensifs durant la mobilisation
contre la loi Travail, car ce serait
un gâchis d’autant plus grand qu’il
se ferait au détriment de la possibilité
d’entraîner plus largement.
Nous voulons nous appuyer sur les
éléments les plus vivants du mouvement
social pour convaincre le
reste de notre classe.
Unissons-nous le 22 avril, reprenons
la rue contre la loi Travail,
contre les violences policières
et le racisme, en solidarité avec
la Guyane, pour affirmer haut et
fort que nous en avons assez du
« moins pire » qu’on nous ressert
tous les 5 ans et que maintenant,
nous voulons tout !
Notre présence dans ce grand
cirque électoral vise à porter
cette orientation, à mettre en
avant un vote de conscience. Il
s’agit de défendre la construction
d’un parti qui ira jusqu’au bout
quand il faudra franchir certains
caps, qui unira les expériences
des uns et des autres, qui se préparera
et préparera notre camp
social à l’affrontement. Et quand
nous nous adressons à notre
camp social, nous ne parlons
pas aux « Français » et aux « Françaises
» comme le font les politiciens
bourgeois, mais à celles et
ceux qui, avec ou sans papiers,
n’ont à vendre que leur force de
travail pour pouvoir survivre ;
au-delà des frontières, nous nous
adressons aussi à celles et ceux
qui vivent l’enfer des guerres
impérialistes, car au mépris des
populations, les grandes puissances
défendent sans relâche
leurs intérêts politiques et économiques
dans plusieurs régions
du monde mises à feu et à sang,
de l’Afrique à la Syrie. Partout où
interviennent militairement les
gouvernements impérialistes,
il y a des milliers de morts, des
millions de réfugiés, et toujours
au prétexte de chasser des dictatures
qu’ils ont eux-mêmes soutenues
ou portées au pouvoir, ou
encore au nom de la lutte contre
le terrorisme. Mais en trente ans,
les fronts terroristes se sont multipliés,
car c’est bien la misère, la
guerre et la stigmatisation des
populations de culture musulmane
qui ont fait le terreau
d’Al-Qaïda et de Daech.
Notre internationalisme, il
consiste d’abord et avant tout à
lutter et à appeler à la mobilisation
contre toutes les interventions
impérialistes et les pillages qui les
motivent, et en particulier contre
les aventures guerrières de l’État
français, le président sortant François
Hollande ayant été pendant 5
ans un véritable va-t-en-guerre. Mais il consiste aussi à revendiquer
la régularisation de tous
les sans-papiers, l’ouverture des
frontières et la liberté d’installation.
C’est une absurdité sans
nom que de chasser des populations
par la guerre, tout en leur
fermant la porte au nez : mais
alors, où se trouve donc leur
place sur cette terre ?
Voter pour Philippe Poutou,
c’est mettre en avant nos intérêts
de classe et les moyens de
les imposer, et c’est exprimer
notre détermination sans faille
à aller jusqu’au bout !
Armelle Pertus